Le LEM

Le LEM
Accueil
 
 
 
 

15/06/2011 - Note de conjoncture 9 - Juin 2011

Note de conjoncture du 15 juin 2011. L'actualité des sondages, études et conférences.

__ L'actualité des sondages   Présidentielle Selon le baromètre mensuel CSA/Les Echos (10/06), les cotes de confiance de l’exécutif sont en nette hausse en juin, N. Sarkozy remontant de 3 points à 35% sur un mois, et F. Fillon de 4 points à 44%, tandis que F. Hollande et M. Aubry sont au coude à coude. A la question "faites-vous confiance ou pas au président de la République pour affronter efficacement les principaux problèmes qui se posent au pays ?", 35% des personnes interrogées répondent qu’elles font confiance (+3), 61% qu’elles ne font pas confiance (-3) et 4% ne se prononcent pas. La hausse de juin "traduit d’abord le rétablissement de N. Sarkozy dans ses zones de force, mouvement entamé avant l’affaire DSK, mais que celle-ci n’a fait que confirmer", estime CSA. Cette remontée "rend toujours plus improbable une autre candidature pour représenter l’UMP" à la présidentielle, ajoute l’institut. De son côté, F. Fillon gagne quatre points en un mois et 7 depuis mars. "Le panorama des personnalités politiques est bouleversé par l’effondrement de DSK (26% d’image positive, -24 points), mais d’une manière qui dément bien des pronostics", poursuit CSA. Les deux leaders socialistes les plus en vue sont en "très forte progression". M. Aubry avec 53% d’opinions positives (+11 points) passe devant F. Hollande avec 52% (+9). Ils "profitent manifestement de l’effacement de DSK, lequel concentrait jusqu’alors les espoirs de la gauche pour 2012", écrit CSA. Par rapport à eux, le retard de Ségolène Royal, qui gagne 4 points (33%), s’est accentué. Auprès des sympathisants de gauche, M. Aubry gagne même 12 points (74%) et son prédécesseur 13 points (71%). Chez les seuls sympathisants socialistes, ils sont à égalité avec 80% d’image positive.(source nouvel obs) Le sondage Harris interactive- Marianne montre que le président candidat ne bénéficie pas de l’affaire DSK. Tous les candidats virtuels du PS sont donnés largement gagnants mais ses partisans espèrent encore. Une majorité de Français (57 %) croient « probable ou certaine » la réélection de Nicolas Sarkozy, alors même qu’ils ne la souhaitent pas. C’est la marque de l’emprise psychologique du chef, le signe de la domination mentale qu’il exerce. Les Français rejettent toujours massivement le président, mais ils croient – très majoritairement – qu’il l’emportera en 2012 ! Voilà qui exige d’y regarder de plus près. Dans l'hypothèse d'une candidature Hollande pour le PS, ce dernier recueillerait 27% des voix, soit 5 points de plus qu'en avril, N. Sarkozy 23% (+4), et M. Le Pen 21% (-2). Les autres candidats auraient moins de 10% des voix: 7% pour Jean-Luc Mélenchon (+2 points) et J-L. Borloo (-1), 6% pour Nicolas Hulot (inchangé) et François Bayrou (+1), D. de Villepin 2% (-3), N. Dupont-Aignan 1% (=). Deuxième hypothèse : Si M. Aubry est la candidate socialiste, elle obtiendrait 25% des voix (+4 points), N. Sarkozy 24% (+4) et M. Le Pen 22% (-1). En revanche si c'est S. Royal qui porte les couleurs socialistes, elle n'atteindrait pas le second tour avec 17% des voix (+2 points), derrière N. Sarkozy (26%, +7) et M. Le Pen (22%, stable).   Selon le sondage Ifop/Jdd, avec 26% des intentions de vote, François Hollande réalise un meilleur score au premier tour que la première secrétaire du PS (23%). Il parvient à distancer N. Sarkozy et M. Le Pen alors que dans l'hypothèse comprenant M. Aubry, 1,5 point seulement séparent le trio de tête, signe d'une incertitude électorale inédite sous la Vème République. Hollande assoit son avance sur Aubry auprès de catégories spécifiques : les personnes âgées de plus de 65 ans (7 points d'avance sur M. Aubry) ainsi que les professions libérales et les cadres supérieurs (7 points d'avance également). De plus, à l'instar de D. Strauss-Kahn dans des enquêtes précédentes, F. Hollande parvient davantage à capter une part non négligeable des voix du Centre : ainsi, un gros quart des électeurs 2007 de F. Bayrou (28%) déclare au premier tour un vote en faveur de F. Hollande (18% dans l'hypothèse avec M. Aubry). Il apparaît comme une sorte de DSK de substitution. L'incertitude relative à l'ordre d'arrivée des principaux candidats renvoie à un double phénomène : d'une part, le maintien de M. Le Pen à un haut niveau électoral. Avec 21 à 22% d'intentions de vote, la Présidente du Front National, en dépit d'une érosion de son score après l'affaire DSK, parvient toujours à se mêler à "la bataille" pour la qualification au second tour. D'autre part, la progression récemment observée par N. Sarkozy dans les enquêtes de popularité ne se traduit pas encore par une progression équivalente dans les intentions de vote. S’étalonnant entre 21,5 et 22%, le président ne parvient pas à distancer M. Le Pen, laquelle réussit à attirer sur son nom 17% des électeurs 2007 de N.Sarkozy. Le Centre apparaît plus que jamais comme une des clés du prochain scrutin. Avec 7 à 8% des intentions de vote, F. Bayrou devance de peu J-L. Borloo (6 - 6,5%) tandis que les intentions de vote en faveur de D. de Villepin (3 - 3,5%) ont nettement reflué au cours des dernières semaines.   Economie-social Le baromètre des préoccupations des Français TNS/Sofres-La Croix indique que le chômage et le pouvoir d’achat sont toujours en tête des préoccupations des Français. les questions économiques caracolent toujours en tête du classement avec le chômage et emploi en 1ère position à 74% (+1 point), et l’évolution du pouvoir d’achat en deuxième position à 54% (-2). Deuxième poste de préoccupations des Français : les services publics, avec la santé et la qualité des soins (53%, =), l’école et la qualité de l’enseignement, qui confirme sa percée du mois de mai, avec 49% de citations (-1), et le financement des retraites à 47% (+1). Parmi les évolutions notables, on remarquera que le logement, après l’augmentation du mois dernier (+3) expliquée en partie par la hausse des prix de l’immobilier, revient aux niveaux habituellement observés, avec 25% de citations (-5). L’organisation du sommet du G8 à la fin du mois de mai à Deauville semble également avoir réveillé les craintes françaises à l’égard de la mondialisation de l’économie et des échanges commerciaux, mesurées à 18% (+2).   Dépendance : les 50-65 ans rétifs à l'assurance privée. C’est l’objet du sondage (voir infographies ci-contre) dévoilé le 16 juin par le groupe de retraite complémentaire, de santé et de prévoyance Humanis, qui gère en France12 établissements d’accueil des personnes âgées. Premier enseignement, les Français âgés de 50 à 65 ans sont 80% à avoir été déjà confrontés à la dépendance personnellement (14,5%) ou dans leur entourage (66%). En guise de prévention, ils plébiscitent les examens médicaux réguliers (70%). Invités à se projeter en 2030, ils souhaitent disposer de solutions leur permettant rester chez eux (79%), de services d’accompagnement (77%) ou déménager dans une résidence pour seniors, alternative à la maison de retraite (71%) Alors que le coût de la dépendance d’une personne âgée varie de 1 500 € à 3 500 € par mois, les seniors, qui redoutent de perdre leur autonomie à 79 ans en moyenne, comptent sur leur complémentaire santé (77%), l’aide de l’Etat (76%), leur assurance vie (61%) et dans une moindre mesure sur une assurance privée (42%), mais 56% doutent d’avoir les moyens de s’en payer une et 53 % ne l’envisagent simplement pas.   __ Politique   Présidentielle Dans une interview au Journal du Dimanche, M. Guéant considère que le chef de l'Etat est "le meilleur et pronostique que "les sondages vont changer" et "commenceront à refléter une réalité peu de temps avant le vote". "Ce jour-là, poursuit le ministre de l'Intérieur, les Français choisiront le candidat qui leur paraîtra le plus capable". Pour lui, "aujourd'hui déjà, si le président n'est pas populaire, il est le plus crédible pour les Français". "La présidentielle n'est pas un concours de popularitité, c'est un concours d'aptitude", dit-il. Comme on lui fait remarquer que la présidente du Front national, Marine Le Pen, parvient à "capter l'attention des classes populaires", il estime que "c'est un leurre". "Le FN n'apporte aucune réponse aux problèmes des Français". Il estime notamment que la sortie de l'euro "serait une catastrophe avec à la clef la récession économique et l'envolée du chômage" et que "sur l'immigration, Marine Le Pen n'apporte aucune idée opérationnelle". "Elle demande la fermeture des frontières nationales. Les Français apprécieront de devoir sortir leur passeport pour aller en Belgique ou en vacances en Italie", ajoute le ministre. Questionné sur les appréciations de Jacques Chirac à propos de Nicolas Sarkozy dans le second tome de ses Mémoires "Le temps présidentiel", M. Guéant considère qu'il ne s'agit "pas de critiques". "Chirac dit qu'il ne se sentait pas en confiance avec lui et que c'est pour cela qu'il n'en a pas fait son Premier ministre". "Même s'ils ont des visions communes, leur vision globale de la France est différente", reconnaît Claude Guéant.   PS L'enquête sur les adhérents du PS. Dans les années 90 et 2000, la part des cadres parmi les militants a doublé, passant de 19 à 38%. D’enseignants, il reste d’abord les professeurs, alors que la part des instituteurs s’effondrait (de 17 à 7%) tout comme celle des ouvriers (de 10 à 3%). Ainsi, les militants PS appelés à choisir leur candidat aux primaires présentent un profil sociologique proche de celui des autres partis de gouvernement. Tels sont les résultats d’une récente enquête sur l’évolution du profil sociologique des adhérents au PS depuis 1985. Deux autres évolutions majeures sautent aux yeux : d’abord, les 30-50 ans qui étaient majoritaires en 1985 (54%) sont devenus les 50-70 ans d’aujourd’hui et constituent toujours le plus gros bataillon (51%) en 2011. Dans le même temps, les moins 30 ans sont passés de 7 à 10%, ce qui laisse entrevoir un certain renouvellement des générations. Ensuite, la part des diplômés a littéralement explosé pour représenter plus de la moitié des adhérents, 54% contre 24% en 1985. Cette hausse du niveau de diplôme reste à un niveau plus élevé que dans la population générale. L’évolution est encore plus marquée chez les jeunes adhérents : les deux tiers d’entre eux sont diplômés universitaires ou sortent d’une grande école. La majorité des adhérents au PS reste des hommes même si la féminisation a progressé depuis 1985, passant de 20 à 30%. Source : Henri Rey, Les adhérents socialistes : permanence et changements, La revue socialiste, n°42, 2è trimestre 2011.   Poussée populiste en Europe Pour le politologue Jean-Yves Camus, la poussée populiste en Europe prospère sur les thématiques sociales et l’identité. Selon lui, « si certains mouvements ont clairement leurs racines dans l’extrême droite traditionnelle – comme le British National Party en Grande-Bretagne, le Front national en France ou le Vlaams Belang flamand –, nombre de cas sont plus complexes. Il s’agit de droites radicales, xénophobes et populistes mais qui ne sont pas issues des extrêmes droites traditionnelles. C'est le cas pour les Vrais Finlandais, du parti de Geert Wilders (PVV) en Hollande, des Démocrates suisses (UDC), de la Ligue du Nord en Italie… La question n’est peut être pas tant celle de l’extrême droite mais plutôt du centre de gravité idéologique des droites. Il y a un glissement à droite des partis libéraux et conservateurs qui répond d’une part à la nécessité de reconquérir l’électorat passé aux populismes radicaux mais aussi à la volonté d’une partie des droites de s’affirmer. Aujourd’hui, des droites radicales participent au gouvernement ou à la définition de sa politique. C’est le cas aux Pays-Bas, au Danemark et peut-être en Finlande. » Il poursuit en analysant le rapport entre droites de gouvernement et formations populistes ; « Elles portent d’abord sur l’identité. L’Europe est une construction politique qui n’a pas débouché sur une affirmation identitaire commune. Les citoyens européens continuent de se référer au cadre national. Mais l’Europe est devenue multiculturelle. Ce qui unit, c’est le sentiment assez vague que les Européens partagent une « civilisation ». La recherche du plus petit dénominateur conduit au constat suivant : ces pays sont de racine chrétienne, même si les églises sont vides. Conséquence, l’un des problèmes fondamentaux qui se pose en Europe est l’identité d’assignation. Dans l’oeil de beaucoup de nos gouvernants et concitoyens, les immigrés ou leur descendance issus d’une culture musulmane, par exemple, sont forcément des musulmans, même s’ils ne le sont pas ou plus. La jonction entre droite et populisme radical existe aussi dans les thématiques sociales. La déclaration de Laurent Wauquiez (qualifiant « les dérives de l’assistanat » de « cancer de la société française », ndlr) renvoie à une forme de darwinisme social, assez habituelle en période de crise et d’instabilité des statuts sociaux.. On pourrait tout à fait retrouver cet vision du monde dans une formation populiste radicale. » Sur l'avenir de la construction européenne, il estime que « L’Europe ne peut être que de deux natures : une Europe du mieux-disant social tirant l’ensemble vers le haut, ou bien une Europe ethnique, une fédération d’entités dans lesquelles le principe de l’ethnicité définira l’appartenance, rompant avec l’actuelle conception contractuelle de la citoyenneté. Il est plausible que dans le contexte de la mondialisation, bon nombre de citoyens considèrent qu’il faut se protéger contre l’uniformisation et la disparition des particularismes, qu’un encrage primaire dans le pays, au sens d’une région et de son identité soit nécessaire. Dès lors, l’échelon de la nation disparaîtrait. Il ne resterait que le monde globalisé d’un côté et les appartenances primaires de l’autre. On peut, dans cette perspective, déjà imaginer une autonomie de la Flandre, l’Ecosse, l’Italie du Nord, la Catalogne et le Pays basque. Et cela s’accompagnerait d’un rétrécissement des horizons culturels. (Source : Regards.fr 10/06/2011).   Droite Convention nationale UMP sur la justice sociale. L'UMP, chantre de l'équilibre entre «les droits et les devoirs» en matière de protection sociale? C’est en tout cas avec cette idée en tête que le parti de la majorité présidentielle avance 41 propositions dans cet esprit. Celles-s'articulent autour de « 5 priorités : Lutter contre la principale inégalité:le chômage en améliorant le RSA pour inciter au retour vers l'emploi ; pour une méritocratie réelle : ouvrir de nouvelles opportunités aux plus méritants dont la situation est aujourd'hui figée du fait de leur origine sociale et géographique ; lutter contre les inégalités territoriales par une politique de la ville plus ciblée où le maire est la cheville ouvrière ; passer de la phase artisanale à la phase industrielle dans la lutte contre la fraude et les abus qui minent le lien social. » Après la récente polémique sur le RSA, remis en cause par L. Wauquiez, l'UMP tente de répondre à ceux de ses adhérents et dirigeants désireux comme le ministre des Affaires européennes de remettre en cause «l'assistanat», sans froisser sa frange la plus sociale. Mais il s’agit aussi pour le parti de la majorité de poursuivre sa mise en marche vers la présidentielle avec une thématique économique et sociale «qui intéresse les Français» et sur laquelle « la droite accuse un retard sur la gauche », assurent les politologues. «Cela faisait plus de six mois que N. Sarkozy était scotché à la sécurité, il est obligé de revenir sur l’économique et le social», indique Gaël Sliman, directeur général adjoint de BVA, même si le chef de l’Etat a préféré prendre ses distances et laissé ses ministres porter les sujets polémiques. «En 2007, Nicolas Sarkozy a été élu sur deux aspects: l’insécurité et surtout son "Travailler plus pour gagner plus" qui a beaucoup séduit», rappelle le politologue. La posture invoquée quatre ans plus tard, ciblant les fameux «assistés», agit selon une «vraie cohérence» par rapport à 2007, souligne J. Sainte-Marie, directeur du département Opinions chez CSA. «Il joue sur l’agacement de ceux qui travaillent et gagnent autant que ceux qui ne travaillent pas», précise-t-il. «C’est un angle plutôt malin, il sait qu’il ne peut pas promettre plus de pouvoir d’achat alors désormais, ce sont ceux qui travaillent moins qui vont gagner moins», analyse pour sa part G. Sliman, qui ajoute: «Les Français sont sensibles à cela, ils sont attachés à leur modèle social, mais il y a des profiteurs». Et l’affaire du RSA en particulier «permet de retrouver une approche de droite des affaires sociales avec le thème de la responsabilité individuelle», renchérit J. Sainte-Marie. «C’est l’un des rares domaines où la droite est audible en matière sociale», ajoute-t-il. A un an de la présidentielle, N. Sarkozy s’adresse ainsi de nouveau à «la France qui se lève tôt», car, pour G. Sliman, ce sera un «thème très fort de la campagne», qui devrait dominer les discours.  Ou comment «transposer sur un terrain moral le contexte économique difficile», selon son homologue du CSA. Dans Le Figaro (07/06), Hervé Novelli sous le titre « Justice sociale et mondialisation » dénonce le modèle redistributif français. « Une justice sociale fondée uniquement sur la théorie de la distribution tous azimuts est devenue totalement inappropriée dans le contexte de mondialisation. Celle-ci rend caduque cette politique car elle agit en révélateur de nos faiblesses structurelles : déficits publics, perte de compétitivité et, pire encore, ghettoïsation des ayants droit sociaux, victimes du système censé les aider.. Je propose tout d'abord que nous adoptions collectivement un modèle plus réactif qui aide beaucoup quand ça va mal et un peu moins quand ça va mieux.. Il semble logique qu'en temps de crise, comme cela a été le cas en France entre 2008 et 2011, nous ayons fait le choix de doper les dépenses sociales en faveur, notamment, des victimes de la crise. Mais l'embellie économique.. devrait nous interpeller sur la pertinence du maintien de certaines mesures sociales qui ne sont plus nécessairement justifiées aujourd'hui.Je propose ensuite que nous recentrions nos efforts sur ceux qui en ont le plus besoin, en distinguant les chômeurs « à potentiel d'activité » de ceux qui sont trop éloignés de l'emploi.. Cette proposition pose la question de la fusion du RSA et de la prime pour l'emploi.. Enfin, la redistribution « équitable » doit passer par une réflexion sur notre fiscalité.. Cet impôt n'est acquitté actuellement que par un foyer sur deux au nom d'une conception datée de la justice sociale. Une responsabilisation de tous les Français passerait par un IRPP acquitté par tous.. »   Sur le site d'Alternatives économiques, Camille Peugny analyse la réforme du RSA par l'UMP. Selon lui, « il semble qu’il s’agira essentiellement de demander à certains bénéficiaires du RSA, en contrepartie de l’allocation qu’ils perçoivent, de travailler quelques heures par semaine dans des collectivités ou des structures d’insertion. Le RSA « est surtout un dispositif complexe. Le montant forfaitaire fixé par la loi dépend de la composition du foyer. Pour une personne seule, sans enfant, il est ainsi de 466,99 euros. Si le total des revenus de cette personne est inférieur à ce montant, alors elle percevra la différence et bénéficiera ainsi du « RSA socle » qui joue un rôle de « minimum social ». Quant au « RSA activité », il s’adresse aux foyers ayant de faibles revenus d’activité et dont l’ensemble des ressources est compris entre le montant forfaitaire et un « revenu garanti » calculé en ajoutant au montant forfaitaire 62% dudit revenu d’activité. Par exemple, pour une personne seule percevant un salaire de 700 euros, le revenu garanti sera de 900,99 euros (62% de 700 euros + 466,99) et le montant du RSA perçu sera donc de 200,99 euros (900,99 – 700). Au total, quelle que soit sa forme, 1,7 millions de personnes sont bénéficiaires du RSA. Parmi elles, beaucoup travaillent.. Dès lors, instiller l’idée que derrière tout allocataire du RSA sommeille un chômeur volontaire constitue une grossière manipulation. Mais au-delà, dans le dispositif actuel,  les allocataires sont déjà soumis à des devoirs importants et doivent s’engager dans des projets de retour à l’emploi piloté par Pôle Emploi ou d’autres organismes.. » Il ajoute « Mettre en place un « contrat d’utilité sociale », c’est renvoyer les chômeurs, les travailleurs pauvres, les personnes handicapées, à ce qui serait leur inutilité sociale. C’est crier, à la face de la société toute entière, que ces individus ne servent à rien, et pire, qu’ils nuisent au reste de la communauté qui doit financer leurs vaines existences, voire leurs existence malades, puisque l’assistanat est « le cancer de la société ». Evidemment, l’UMP ne se lance pas dans un tel débat sans arrière-pensées. Elle le fait autant par conviction que par stratégie électorale.. L’idée reste la même : flatter les bas instincts d’une partie de la population laborieuse, qui elle-même aux prises avec des conditions de vie toujours plus difficiles, cherche des boucs-émissaires. Assistanat, fraudeurs aux allocations familiales : tout est bon pour attiser les rancœurs, et surtout les mensonges.. Curieuse société qui regardait les chômeurs avec compassion lorsque régnait le plein emploi, et qui les stigmatise lorsqu’ils sont des millions. Si les explications en termes individuels (fainéantise, manque de courage) peuvent à la limite s’entendre lorsque le chômage est résiduel (par exemple, lors des Trente glorieuses), comment ne pas voir que la persistance d’un chômage de masse les rend totalement caduques ? Ceux qui soufflent sur les braises, se lancent cyniquement dans la chasse aux pauvres et attisent les tensions sociales devraient prendre garde : ils pourraient être les premières victimes de l’explosion qu’ils préparent.   H. Pena-Ruiz dissèque la notion de Droite sociale (Le Monde 11/06) « " Droite sociale " est une contradiction dans les termes. Et " gauche sociale " devrait être un pléonasme. Mais, hélas !, il arrive que des mimétismes ou des renoncements brouillent ce pléonasme. A ceci près qu'une gauche antisociale n'est plus de gauche.. Quant à la droite de MM. Copé et Wauquiez, ainsi que de la présidente du Medef, L. Parisot, de F. Fillon et du président de la République, voyons ce qu'elle a de " social " à part le discours démagogue prodigué à intervalles réguliers pour faire illusion. C'est une philosophie de l'homme bien peu sociale que celle qui impute au pauvre sa pauvreté, au chômeur son chômage, à l'étranger une usurpation tendancielle des droits sociaux " nationaux ". Etrange défiance à l'égard des plus démunis que ce détestable soupçon qui les imagine complices de leur déshérence, voire contents de ne pas travailler !.. Double peine, donc ! La détresse sociale, plus la mise à l'index !.. L'idéologie dite libérale d'un capitalisme décomplexé avait conduit naguère Mme Parisot à affirmer : " L'amour et la santé sont précaires : pourquoi le travail échapperait-il à la loi ? " La précarité érigée en règle !.. Tel est bien le capitalisme décomplexé, rendu à ses esprits animaux ! Dérégulation du travail, privatisation des services publics, largesses au capitalisme sous prétexte d'encourager l'initiative, disqualification des droits sociaux présentés comme un assistanat, etc. Voilà la droite.. Toute honte bue, cette droite a osé inventer un ministère de l'immigration et de l'identité nationale, libellé abject qui permet de pêcher des voix en eau trouble. Une droite qui offre à la vindicte publique les jeunes des banlieues, les Roms, les " musulmans ", les chômeurs ou les étrangers, montre qu'elle ne gouverne pas autrement qu'en suscitant la peur.. » A lire sur ce thème : « Aquilino Morelle : « Sans les classes populaires, la gauche ne sert plus à rien, elle n'est plus rien » Libération (30/05) ; Copé : « J'en appelle à la mobilisation sociale » (Le Figaro magazine 27/05)   Suites au rapport de terra nova Etienne Schweisgut revient sur les critiques du rapport Terra Nova (Libération 10/06). Selon lui « ce désir de préserver à tout prix la pureté morale des classes populaires, au risque de nier les évidences, fait obstacle à une analyse sociologique et politique réaliste du lien entre structure sociale et orientations politiques, ce qui a été l’objectif du rapport de Terra Nova. S’appuyant sur les travaux de la sociologie politique depuis une trentaine d’années, le rapport souligne deux faits. Le premier est que le clivage gauche-droite ne correspond pas uniquement à des enjeux économiques, comme le voudraient les héritiers du marxisme, mais aussi à des valeurs culturelles (libéralisme des mœurs, autorité, sécurité, tolérance, etc.). Il n’y a là rien de nouveau : historiquement, avant de correspondre à une confrontation sur les questions économiques et sociales, l’opposition gauche-droite a correspondu à un désaccord sur le régime politique et sur la question religieuse. Le second est que les valeurs d’humanisme et de tolérance sont plus présentes dans les milieux sociaux où le niveau scolaire est élevé que dans les milieux populaires. Mais quelle que soit la manière dont on l’exprime, et bien que cela soit à l’évidence désagréable à admettre pour des gens de gauche, force est de reconnaître que les tendances xénophobes et le rigorisme sécuritaire sont plus répandus dans les milieux populaires que dans les classes supérieures. » Il conclut « les électeurs les plus politisés se situent souvent de la même manière, soit à droite soit à gauche, sur chacune des deux dimensions : ils sont, par exemple, à la fois xénophobes et partisans du libéralisme économique, ou bien à la fois tolérants à l’égard des immigrés et partisans d’une redistribution égalitaire des revenus. Mais les enquêtes d’opinion montrent que, souvent, les classes supérieures ont tendance à être à gauche du point de vue des valeurs culturelles et à droite du point de vue des valeurs économiques, l’inverse étant vrai pour les milieux populaires. La question de stratégie électorale qui se pose pour 2012 est de savoir à partir de quelles valeurs les différentes catégories sociales se détermineront pour décider de leur vote. Une gauche peu attractive pourrait amener les milieux populaires à se déterminer en fonction de leurs valeurs culturelles et à choisir la voie chauvine et xénophobe du repli national. Si, en revanche, les propositions de la gauche leur paraissent crédibles, on peut penser qu’ils se détermineront en fonction de leurs attentes économiques et sociales et que la gauche retrouvera une grande partie de l’électorat populaire. » Frédéric Sawicki sous le titre « Le prolo, l'expert et le mépris de classe » (Libération 10/06) retient pour sa part, « Les classes populaires contemporaines (ouvriers et employés) ne sont pas conscientes de leur intérêt (s’adapter à une société toujours plus ouverte et concurrentielle) : abandonnons-les à leur propre sort (le protectionnisme xénophobe) et tournons-nous vers d’autres groupes messianiques. Certes, il ne s’agit plus de faire la révolution communiste. L’avenir radieux pour nos modernes avant-gardes n’est plus la fin ou le dépassement du capitalisme.. En un mot, l’ennemi de classe n’est plus le capitaliste, le bourgeois, le rentier, la finance internationale, mais les «insiders» : entendez tous ceux qui sont attachés à leur statut, qui défendent «le présent et le passé contre le changement». » Il ajoute « Ce qui choque au premier chef est l’incompréhension et pour tout dire le mépris des classes populaires qu’il trahit. Que la classe ouvrière ne soit plus ce qu’elle n’a jamais été (une classe unifiée consciente d’elle-même porteuse de progrès), que les classes populaires soient plus divisées que jamais, qu’une part importante d’entre elles (près de 15% si l’on prend en compte les inscrits et non les votants) vote Front national, personne ne le nie. Mais, on finirait par l’oublier, les ouvriers et les employés, quoique très défiants vis-à-vis de la politique, continuent majoritairement de voter à gauche dans les scrutins majeurs (56% des ouvriers et 51% des employés ont voté S. Royal au second tour en 2007).. Ce que nous apprennent les enquêtes de terrain, c’est que le durcissement des clivages entre générations, genres, statuts, territoires et origines ethniques qui divisent aujourd’hui les classes populaires, ainsi qu’une partie non négligeable de ceux qu’Olivier Schwartz nomme les «petits-moyens», a d’abord des causes socio-économiques et politiques et non pas culturelles. La désindustrialisation, le chômage endémique, la précarité, l’intensification du travail, les inégalités scolaires, les difficultés d’accès à la propriété d’un logement, la baisse du pouvoir d’achat les touchent au premier chef, elles et leurs enfants. Au final, le sentiment d’insécurité sociale et le mal-être que génèrent leurs conditions de vie exacerbent d’autant plus les petites jalousies et haines sociales qu’ils sont habilement instrumentalisés par la droite et l’extrême droite et que la gauche ne sait y répondre. » Il termine son analyse ainsi « De ce point de vue, reconnaissons-le, Ferrand et Jeambart sont des cibles faciles. Ils sont les symptômes d’une dérive d’une partie de la gauche qui a cru en l’avènement d’une société d’individus, qui s’est complu à penser que l’action politique pouvait se borner à résoudre les problèmes un à un, en déconnexion de tout projet global, sans référence à une sociodicée. Une action dépourvue d’un grand récit social nommant les inégalités et les injustices, les dominants et les dominés et traçant une perspective, fût-elle lointaine, d’émancipation et de société meilleure pour les plus faibles. Pas de nostalgie d’un bel hier dans ces propos. Le socialisme est à réinventer, mais à partir des acquis du passé, pas en lui tournant le dos. Si les socialistes savent pour qui et pour quoi ils se battent en priorité, s’ils le font savoir et s’ils le prouvent par leurs actes et leurs comportements, s’ils donnent aux classes populaires le sentiment qu’ils les écoutent et qu’ils les respectent, ils parviendront à leur faire accepter certains sacrifices, et à leur faire abandonner le sentiment, actuellement justifié, qu’elles paient plus que les autres les coûts de l’adaptation à la globalisation économique et culturelle. »   Dans le Nouvel Observateur (03/06), J-C. Guillebaud demande au PS d'écouter les gens d'en bas. « Le drame n'est pas d'avoir « perdu » les classes dites populaires, mais de ne pas les entendre.. Mieux identifier les malentendus permettrait pourtant (peut-être?) d'éviter le pire. Le premier malentendu concerne l'adversaire politique, la droite. Depuis 1983, le Parti socialiste et la « deuxième gauche » s'évertuaient à rompre avec les archaïsmes qui truffaient encore le Programme commun de 1972. L'effondrement du communisme n'avait-il pas disqualifié le principe même d'une économie dirigée?.. Soucieux de faire, avec retard, leur propre aggiornamento, les socialistes français se sont ralliés peu à peu à l'économie de marché, en réhabilitant l'entreprise et les entrepreneurs. Dès lors, il ne fut plus question de renverser le capitalisme mais de l'accompagner. Soit. A un détail près. Les gens d'en bas, aux prises avec la dureté nouvelle, se rendaient bien compte qu-entre-temps ledit capitalisme s-était durci, caricaturé, financiarisé.. Ce faisant, elle légitimait son remplaçant, ce néolibéralisme sans complexe ni vertu, cet enfant-monstre enivré par l'effondrement du communisme.. Les peuples se sentirent livrés sans protecteurs au nouveau système.. Le second malentendu concerne la mondialisation. Que la gauche y consente n'était pas illogique.. Au fil des ans, pourtant, elle se révéla moins heureuse que ne l'annonçaient les petits prophètes du capital.. D'où ce sentiment général d'avoir été livrés à une forme mutante de domination. La même remarque vaut pour l'Europe. En 1992, au moment de Maastricht, on assurait que seule l'Europe pouvait protéger le modèle social-démocrate européen d'une contagion néolibérale venue d'outre-Atlantique.. Vingt ans plus tard, l'Europe politique n'est toujours pas construite, et sa vocation sociale-démocrate est pulvérisée par le libre-échange planétaire. En jetant les peuples les uns contre les autres, en laissant les dogmes de la « société de marché » imprégner la Commission de Bruxelles, on oubliait les citoyens entre les deux rives du fleuve: une souveraineté nationale répudiée et une souveraineté européenne hors d'atteinte. Ecoutons l'appel au secours des « indignés ». Ils se noient. »   J-P. Chevènement revient dans l'Expansion.com (06/06) sur la conversion du PS au néolibéralisme. « Même si l'environnement international n'était pas favorable, rien n'obligeait les socialistes français à opérer ce tournant néolibéral, ni à aller aussi loin : l'Acte unique européen, négocié par Roland Dumas, et la libération totale des mouvements de capitaux, y compris vis-à-vis de pays tiers, ou l'abandon de la clause d'harmonisation fiscale préalable qui figurait dans le traité de Luxembourg. Ou encore le Matif [Marché à terme international de France], créé en 1984, et la loi de libéralisation financière, en 1985. Tout cela était une manière de mettre Margaret Thatcher au coeur de la construction européenne, d'accepter d'abandonner l'Europe, pieds et poings liés, au capitalisme financier. En critiquant ces choix, je n'ignore pas l'existence du monde extérieur, mais on n'était pas obligé d'appliquer toutes les règles de la doxa néolibérale. On aurait pu maintenir quelque chose ressemblant à une économie mixte. L'Etat pouvait garder la maîtrise de quelques mécanismes de régulation essentiels. L'idéologie néolibérale a fait admettre comme vérité d'évangile que, grâce à la désintermédiation bancaire, les entreprises s'alimenteraient à plus faible coût sur les marchés financiers. L'entrée dans une mécanique irréversible en souscrivant à toutes les dérégulations prévues par l'Acte unique, la libéralisation des mouvements de capitaux, l'interdiction des politiques industrielles et des aides d'Etat, l'introduction de la concurrence dans les services publics, tout cela, personne ne nous le demandait vraiment. A lire sur le thème : Quelles idées pour le PS ? E. Le Boucher Les Echos (03/06).   Laurent Bouvet est revenu sur le site Atlantico (07/06) sur les revers de la gauche en Europe. « Le recul de la gauche en Europe ne date pas des derniers revers électoraux. Depuis une dizaine d’années, les gouvernements de gauche, les uns après les autres, sont congédiés. Il y a eu une résistance au Portugal, en Espagne, en Grèce, mais ce sont des résistances particulières de gouvernements, que ce soit Zapatero ou Socrates, qui ont adopté des politiques économiques, avant la crise, et avant les soucis actuels, très largement libérales, très peu orientées vers les principes sociaux-démocrates traditionnels. La gauche subit une forme de défaite générale en Europe, à laquelle on peut trouver deux explications : D’abord, la posture sociale-libérale économique pratiquée par la gauche, c’est le même programme que la droite. J’entends tout cela, je comprends, et ce n’est pas totalement faux. Une partie des électeurs déserte la gauche car elle trouve qu’elle n’est plus assez à gauche. Mais il y a une autre explication.. la gauche n’a pas su prendre à bras le corps un certain nombre de questions d’identité et de rapport à la nation et aux valeurs.. La gauche, les gauches, l’ont laissée largement en friche, abandonnée à la droite, et même un peu plus aux néo-populistes qui ont réinvestit ces valeurs. Toutes les questions de nation, d’immigration et de multiculturalisme laissées de côté, la gauche s’est concentrée sur l’économique et le social, soit la gauche au sens traditionnel, le marxisme méthodologique : d’abord l’économie, d’abord les infrastructures, d’abord les rapports de force. Sauf que dans ce domaine-là, la gauche s’est libéralisée, tout en continuant de dire que c’était tout ce qui comptait !C’est pour moi le grand échec de la gauche européenne et de la social-démocratie.. Que la gauche aie mis en place des politiques de plus en plus libérales, cela ne fait pas que la gauche n’est plus la gauche. Simplement, elle perd une partie de son identité.. La gauche doit expliquer que le surendettement n’est pas forcément bien, prendre des mesures sociales en revenant sur des mesures très inégalitaires mises en place par les droites ces dernières années, mais aussi faire de l’identitaire, des valeurs, car c’est sur ce discours-là, le réinvestissement de l’espace national, de la valeur d’autorité, que se joue l’avenir de la gauche, et pas seulement sur le traitement du chômage, la précarité, l’exclusion.. » A lire sur ce thème : le débat Nikonoff-Sapin La gauche peut-elle réussir avec l'euro (Marianne 28/05) ; « Rapprochons l'euro des citoyens », Stéphane Cossé et Robert Rochefort (La Tribune 31/05).   FN Marine Le Pen a tenu une conférence de presse (08/06) qui présente son programme économique : « Protections aux frontières : comment relancer l'industrie et l'emploi. » Le socle du programme frontiste tourne autour de la sortie progressive de l’euro. En cas d’attaque contre le franc (réintroduit à parité 1 franc = 1 euro), le gouvernement le laissera «flotter» ou fera «du contrôle des changes temporairement». Quant au risque d’inflation suite à une dévaluation «nécessaire», il n’est pas avéré selon le FN. Ce patriotisme newlook s’appuierait sur des quotas sur les importations, des droits de douane ou des normes sanitaires sur certains produits. Pour «assurer le redressement des classes moyennes et des TPE/PME», ses deux priorités, le FN suggère de réindustrialiser la France en investissant dans certaines filières et en renationalisant certains secteurs stratégiques (énergie, transports…). Marine Le Pen promet aussi de reconstituer un grand pôle bancaire public. En matière fiscale, le FN promet une  «révolution pour assurer la justice sociale» : fusion de l’impôt sur le revenu avec la CSG, simplification de l’impôt sur les sociétés, suppression des niches fiscales… Côté dépenses, le FN veut alléger la bureaucratie et tailler dans les prestations sociales. «Il faut réserver la protection sociale à certains, notamment aux Français», a-t-elle précisé, promettant aussi la «préférence nationale» en matière d’emploi. Le FN ne supprimera en outre pas les 35 heures mais abrogera la défiscalisation des heures supplémentaires. Il mettra fin au «1 sur 2» dans la fonction publique d’État et réservera un tiers des recrutements publics aux plus de 45 ans. Il autorisera l’apprentissage dès 14 ans et mettra en place une retraite à la carte dès «40 annuités pleines». Un colloque organisé par un club de réflexion du FN, « Idées et Nation », se tiendra le 26 octobre prochain sur le thème « La place de la République sur le territoire ». La journée s'adresse aux sympathisants et à un public plus large, d'intellectuels et de journalistes. Les thèmes abordés seront : la sécurité, le recul des services publics et les inégalités notamment dans l'Education nationale. Un autre colloque sera consacré aux institutions.   Mondialisation - démondialisation "Parallèlement à la crise financière de 2008, le processus de mondialisation a non seulement entamé la prospérité des économies occidentales, mais a surtout ébranlé psychologiquement leur confiance en elles. Alors que la plupart des pays inscrits dans le système économique mondialisé sont sortis de la récession avec plus ou moins de succès et que le risque de banqueroute des économies européennes s’éloigne, il apparaît intéressant de se demander dans quelle mesure les turbulences du système capitaliste ont impacté les opinions publiques", explique l’IFOP dans un communiqué. Pour ce faire, l’IFOP s’est appuyé sur une récente enquête internationale que l’institut a réalisé pour La Croix (janvier 2011), "qui a permis de comparer l’état des opinions des pays émergents tels que le Brésil et la Chine avec celui des pays de l’OCDE, en particulier de la vieille Europe en proie à des craintes tenaces vis-à-vis de leur statut de puissance économique". Au sein même des pays européens, la culture politique et les situations économiques hétérogènes laissent apparaître des niveaux d’inquiétude variables impactant les perceptions du modèle capitaliste et de la mondialisation.   Le concept de « démondialisation » fait l'objet d'une intense bataille idéologique. Certains accusent son utilisation par le FN. Ainsi, après une tribune d'Attac, Jean-Marie Harribey a écrit dans son blog (07/06) une analyse critiquant le concept de « démondialisation ». Par son titre, il annonce la couleur « Démondialisation ou altermondialisme ». Il explique d'entrée « Comme il est avéré que l’origine fondamentale de cette crise est la financiarisation de l’économie mondiale dont la face visible avait nom « mondialisation », l’idée de « démondialisation » fait son chemin. À gauche, autour d’intellectuels comme Emmanuel Todd et Jacques Sapir, mais aussi à droite. Et c’est le Front national de Marine Le Pen qui entreprend de braconner sur le terrain du social, en profitant des désastres dont sont frappés un à un les pays européens, et de proposer de démondialiser l’économie. Cette notion de démondialisation pose un vrai problème à l’altermondialisme. Il est certes économique, mais il est avant tout d’ordre politique.. le FN poserait les bonnes questions mais n’apporterait pas les bonnes réponses. Or ce parti ne donne pas les bonnes réponses parce qu’il ne pose pas les bonnes questions. Au moins trois raisons sont déterminantes pour refuser la thématique de la démondialisation.. La première concerne la nature de la dégradation sociale qui submerge les pays européens et la France en particulier. Le chômage incompressible depuis trente-cinq ans, la précarité imposée dans tous les secteurs économiques, la destruction progressive du droit du travail, de la protection sociale et des services publics au sein des pays développés, ne sont pas d’abord imputables aux pays émergents mais aux politiques systématiques amorcées à la fin des années 1970 et au début des années 1980, lorsque les classes bourgesoises ont entrepris de rétablir la rentabilité des capitaux.. On ne viendra pas à bout du détournement des revenus vers les actionnaires en instaurant des droits de douane vis-à-vis de la Chine ou d’autres, mais par une redistribution des richesses dans nos pays et entre tous les peuples.. chez les partisans cités plus haut de la démondialisation, est occulté le processus de marchandisation à outrance de tous les pores de la société, de l’éducation aux connaissances, de la santé à l’énergie, de la terre au génome des espèces vivantes, etc. Le retour à des frontières nationales hermétiques n’enrayera pas la crise de civilisation dans laquelle nous plonge un capitalisme qui va au bout de sa folie. La deuxième raison qui force au scepticisme à l’égard de l’idée de démondialisation porte sur la crise spécifique de l’euro.. Certains économistes classés à gauche rejoignant d’autres dans la droite souverainiste ou extrême proposent de sortir de l’euro et de dévaluer la monnaie nationale retrouvée, et le FN rebondit dessus en adoptant leur scénario et même le tempo proposé par Jacques Sapir. Or ces propositions risquent d’accentuer les difficultés au lieu de les résoudre : -       parce que les pays verraient leur dette souveraine s’accroître proportionnellement à la dévaluation puisqu’elle resterait libellée en euros ; -       parce qu’une monnaie nationale ne protège ni du néolibéralisme ni de la spéculation.  -       parce qu’à l’heure d’une crise aussi grave, il faut éviter à tout prix le déferlement de politiques unilatérales qui tourneraient le dos définitivement à une coopération entre les peuples ; or une dévaluation unilatérale serait fondée sur une double erreur : croire que les autres pays resteraient de marbre et ne procèderaient pas aussi à un changement de leur taux de change, et croire que la compétitivité des prix serait gage d’une croissance plus forte.. -       parce que l’ennemi n’est pas l’étranger mais la politique de classe menée par une bourgeoisie financière arrogante et prédatrice, aidée par des gouvernements en symbiose et légitimée par une presse et une majorité d’économistes aux ordres.[1].. » Il poursuit « Tout milite donc en faveur de la mise au pas des banques et de la banque centrale, par le frein mis à la circulation des capitaux – sans laquelle les marchandises circuleraient bien moins –, en faveur du rétablissement du contrôle public et citoyen sur la création de la monnaie, en faveur d’une révolution de la fiscalité pour lui donner un tour résolument progressif. À ce moment-là, il sera possible de mettre en marche la réduction des inégalités et, à l’échelle européenne, d’instaurer de véritables transferts budgétaires vers les pays dont le développement est moindre, option qui serait interdite par les solutions unilatérales de démondialisation. La mondialisation fut celle du capital et il est à craindre que la démondialisation ne profiterait pas au travail.. il faut commencer par le commencement : s’attaquer au pouvoir du capital à travers sa possibilité de circuler, refonder la fiscalité, rendre l’emploi et les salaires décents, démarchandiser la société en décrétant inaliénables les services publics, la protection sociale et tous les biens communs. Les mobilisations sociales contre l’austérité qui montent en beaucoup d’endroits en Europe seraient un levier pour engager une véritable transformation de la société.. cela prendra un autre sens que le repli nationaliste qui se profile derrière la notion de démondialisation.. Il est enfin une troisième raison de rejeter la démondialisation du FN et de ses alliés involontaires de gauche. Habilement, cette idée surfe sur le besoin de relocaliser les économies, qui apparaît indispensable au vu de la désindustrialisation relative des pays développés et au vu des gigantesques gaspillages sociaux, énergétiques et écologiques qu’entraîne une division internationale du travail poussée au maximum. Mais, curieusement, ou plutôt très logiquement, la démondialisation qu’on nous propose ne dit rien sur la remise en cause du modèle productiviste qui est intrinsèquement lié à la mondialisation du capitalisme. La réindustrialisation de Jacques Sapir et la préférence nationale des Le Pen font comme s’il était possible de revenir au capitalisme d’après-guerre.. C’est d’ailleurs pour cela que le capitalisme accentue la pression sur le travail au fur et à mesure que les contraintes précédentes se durcissent. Et penser que la crise écologique planétaire pourrait être résolue par une somme de replis nationaux est carrément irresponsable. Le monde a au contraire besoin de l’émergence d’un nouvel universalisme mettant enfin tous les humains à égalité. C’est le sens profond de l’altermondialisme. Cela signifie qu’il faudra évidemment une forme de déglobalisation, contre la globalisation imposée par le capitalisme, mais non pas à coups de replis nationaux mais plutôt par des coopérations renforcées et des régulations collectives des transitions sociales et écologiques à opérer, pour démarchandiser les sociétés et imposer la fin de la libre circulation des capitaux et des accords de libre-échange, la souveraineté alimentaire et le partage juste des richesses planétaires..» Il avertit « C’est toujours dans ces moments d’extrême tension que les politiques autoritaires et anti-démocratiques, voire fascisantes, se fraient un chemin sous les déguisements les plus divers. La guerre commerciale et monétaire aggraverait la concurrence entre les États et serait à l’opposé de l’objectif de solidarité que doit porter tout projet émancipateur : nous courrions le risque d’avoir la crise aggravée et, en prime, les idées, sinon les gens, d’extrême droite au pouvoir.. » [1] Sur tous ces arguments, voir Attac, Le piège de la dette publique, Comment s’en sortir?, Paris, Les Liens qui libèrent, 2011 ; J.M. Harribey, « Sortir de quoi ? A propos de la discussion sur la sortie de l'euro proposée par Jacques Sapir », 28 avril 2011 ; «Sortir de l'euro et sortie de route »,  2 mai 2011 ; M. Husson, « Sortir de l'euro ? », Regards, juin 2011 ; D. Plihon, « Faut-il restructurer les dettes européennes ? », janvier 2011. Voir aussi le débat entre D. Cohen et J. Sapir, « La mondialisation est-elle coupable ? », Alternatives économiques, n° 303, juin 2011. A lire aussi : Le débat entre Sloterdijk et Slavo Zizek sur les impasses de la globalisation et crise de civilisation (Le Monde 30/05) ; « Le match populisme-reprise » E. Le Boucher (Les Echos 27/05) ; « Mondialisation : et tous étaient frappés... » A-G. Slama (Le Figaro 01/06)   Clubbing Rue 89 (12/06) révèle la liste des membre du club Bilderberg. « Depuis jeudi 9, 130 personnalités du monde des affaires et de la politique sont réunies dans l'hôtel Suvretta House, à Saint-Moritz.. Aucune décision n'y est prise : il ne s'agit que de discussions à bâtons rompus entre des gens influents ou puissants, flanqués de quelques experts pour relever le niveau. Bilderberg veut parvenir à un consensus sur l'évolution du monde En cela, Bilderberg participe, comme d'autres clubs du même type (où on retrouve d'ailleurs souvent les mêmes gens) à l'élaboration d'un consensus international des élites sur la façon dont le monde évolue.. Les discussions sont franches et rien ne doit filtrer dans la presse ou sur internet : le moindre écart, et l'indiscret est rayé de la liste. C'est cette opacité qui permet aux nombreuses théories du complot de s'épanouir. La liste des participants de 2011 a été dévoilée par le site suisse 20 Minuten Online. France : Baverez, N. Partner, Gibson, Dunn & Crutcher LLP Bazire, N. Managing Director, Groupe Arnault /LVMH Castries (de), Henri. Chairman and CEO, AXA Lévy, Maurice. Chairman and CEO, Publicis Groupe S.A. Montbrial (de), Thierry. President, French Institute for International Relations Roy, Olivier. Professor of Social and Political Theory, European University Institute Organisations internationales Almunia, Joaquín. Vice-President, European Commission Daele (Van), Frans. Chief of Staff to the President of the European Council Kroes, Neelie. Vice President, European Commission ; Commissioner for Digital Lamy, Pascal. Director General, World Trade Organization Rompuy (Van), Herman. President, European Council * Sheeran, Josette. Executive Director, United Nations World Food Programme Solana Madariaga, Javier. President, ESADEgeo Center for Global Economy and Geopolitics Trichet, Jean-Claude. President, European Central Bank Zoellick, Robert B. President, The World Bank Group.   Presse Indignez-vous ! Une fois n'est pas coutume mais la revue de presse de France Inter (07/06) a longuement cité les pages spéciales de l'Humanité consacrées aux mouvements européens. Lisons « "La démocratie renaît à Athènes"... La phrase est inscrite sur une pancarte brandie lors d'un rassemblement dans la capitale grecque... C'est l'Humanité ce matin qui publie un cahier spécial "en direct avec les indignés d'Europe".... "Athènes, Madrid, Paris, Toulouse, Ljubljana... ils expriment leur colère et leur revendication" explique le quotidien... à l'origine un "no future" positif... analyse un professeur de l'université d'Athènes... "en Grèce les jeunes ont le sentiment de ne pas avoir d'avenir, entre 2008 et 2010, le chômage des 15-24 ans a triplé"... Lefetris a 28 ans, lui, il est ingénieur dans l'automobile, au chômage, il descend tous les jours dans la rue... "beaucoup de citoyens ne vont pas voter parce que le choix c'est le Pasok ou la Nouvelle démocratie... dit-il... en réalité ces deux partis ce sont les deux familles royales grecques!... " La révolte se répand dans toutes les cités et dans tous les pans de la société aussi... le témoignage de ce pope du Péloponèse... dans la rue pour soutenir les Indignés... "je suis convaincu qu'il faut que ça change, mon devoir est d'être là, je suis le premier à dire que l'Eglise doit verser son argent au peuple, je suis la brebis galeuse de l'église orthodoxe"... Andréa, à Madrid, a "le sentiment de vivre une pré-révolution"... et la sociologue Anne Dufresne constate que ce mouvement est "plein d'espoirs, qu'il fait souffler un vent d'utopie, qu'il distille aussi un parfum de grève générale"... Ce qui est en cause au delà des difficultés économiques c'est une démocratie limitée... Patrick Appel-Muller dans son éditorial explique que les scrutins portugais qui "viennent de balayer des socialistes compromis pour remettre en selle une droite encore plus brutale soulignent l'impasse politique à laquelle les jeunes indignés cherchent une issue"... pour l'éditorialiste de l'Humanité il appartient à "la gauche d'inventer autre chose que des mouvements de balancier et la démission devant l'argent roi"... Ce que confirme Gérard Mordillat... l'écrivain cinéaste... pour lui, "les indignés d'Europe sont animés par la haute idée qu'ils se font de la démocratie... l'atteinte à la démocratie, voilà leur indignation majeure... les indignés d'aujourd'hui écrit encore Mordillat, sont les héritiers des révolutionnaires de 1789, de 1848, de la Commune, de tous ceux qui se sont battus pour que le pouvoir soit exercé par le peuple et pour le peuple". Energie   Énergie Nucléaire: 77% des Français pour un arrêt ou une sortie Une large majorité des français (77%) souhaite l'arrêt rapide ou progressif, sur 25 ou 30 ans, du programme nucléaire, selon un sondage Ifop/JDD. Selon cette enquête, 22% des personnes interrogées prônent la poursuite du programme nucléaire et la construction de nouvelles centrales, tandis que 15% souhaitent un arrêt rapide et 62% une sortie progressive. Seules 1% ne se prononcent pas. Les partisans d'un arrêt progressif sont à 74% des sympathisants du PS, 61% des Verts et 37% de l'UMP. Ceux qui prônent la poursuite du programme nucléaire sont d'abord proches de l'UMP (37%), puis du PS (14%) et des Verts (13%). Coût de la sortie du nucléaire en Allemagne : 25 euros par an par foyer. La transition représente une véritable chance économique. « Une sortie avancée du nucléaire pousserait les groupes énergétiques à construire plus vite des centrales plus performantes, notamment pour le gaz, explique Sascha Samadi, co-auteur d’une étude sur le prix de la transition énergétique réalisée en mai par l'institut Wuppertal. La transition favoriserait aussi la concurrence sur le marché de l’énergie, alors qu’aujourd’hui quatre grands groupes [E.on, RWE, Vattenfall et EnBW] concentrent 80 % de la production d’électricité. Compte tenu de ces facteurs, on peut penser qu’une sortie rapide du nucléaire facilitera la stabilisation, voire, sur le long terme, la baisse des prix de l’électricité. » Selon les chercheurs de l’Institut Wuppertal, une sortie rapide du nucléaire aura un effet limité sur l’augmentation des prix de l’électricité. Elle entraînerait une hausse maximum de 25 euros par foyer, sur la facture annuelle. « Les prix devraient de toute façon augmenter, sous l’effet, par exemple, de l’amélioration des réseaux électriques, indispensable, et de la hausse attendue des prix du charbon, du gaz et des certificats d’émission de CO2, poursuit Sascha Samadi. Mais l’effet de la seule sortie du nucléaire pourrait être déjà amorti quelques années seulement après l’arrêt de la dernière centrale. » Car l’énergie atomique coûte plus cher qu’il n’y paraît. Selon une étude du Fös (Forum pour une économie de marché écologique et sociale) publiée en avril, la filière nucléaire allemande a reçu 186 milliards d’euros de subvention depuis 1970, contre seulement 28 milliards pour les énergies renouvelables. Ce qui équivaut à plus de 4 centimes par KWh pour le nucléaire, contre 2,2 centimes aux énergies vertes. Et ce calcul ne prend pas en compte les frais de stockage des déchets radioactifs. L’Allemagne est d’ailleurs encore à la recherche d’un site approprié. Celui de Gorleben, en Basse-Saxe, est toujours provisoire. Le gouvernement envisage aujourd’hui d’autres lieux d’enfouissement. En première ligne : la jolie Bavière.   Energies renouvelables. Le PDG de GDF Suez, Gérard Mestrallet, a mis en garde, mardi à Montréal, contre la séduction qu'exercent sur l'opinion publique les énergies renouvelables, en soulignant notamment le prix élevé de l'éolien. Il a illustré son propos par l'exemple d'une île ayant besoin de mille mégawatts pour ses habitants et ses industries. "L'île veut être verte. Donc elle construit 1 000 mégawatts d'éoliennes. C'est très bien, surtout quand il y a du vent, c'est-à-dire 30 % du temps. Mais, comme les consommateurs veulent de l'électricité tout le temps, il faut construire à côté de ces éoliennes 1 000 mégawatts de turbines à gaz (...)". "Résultat des courses: on va payer trois fois. D'abord parce qu'il faut construire deux systèmes, 2 000 mégawatts (...). Deuxièmement, il faudra subventionner les éoliennes et, troisièmement, les turbines à gaz vont fonctionner seulement 70 % du temps, et donc le coût en capital du mégawattheure va être augmenté à due concurrence", a expliqué Gérard Mestrallet. A lire sur le sujet : « Pourquoi la France a besoin de l'atome » B. Bigot, administrateur du CEA (Le Figaro 03/06)   Social Solidaires a tenu son congrès. Contestation des plans d’austérité, débat sur le protectionnisme, sortie du nucléaire, prévention de la souffrance au travail... Eric Beynel, le plus jeune porte-parole de l’union syndicale — il a 45 ans — revient sur les enjeux actuels du syndicalisme. (source : bastamag.net (08/06), « A travers ce conflit, c’est la question de la répartition des richesses qui a été posée. On le voit ailleurs : en Grèce, en Espagne, au Portugal, c’est aussi cette question qui est soulevée face aux plans d’austérité. La répartition des richesses est redevenue une référence centrale pour le mouvement ouvrier. Pendant la mobilisation sur les retraites, nous ne sommes pas arrivés à lancer une grève générale reconductible, mais ce sujet, cette modalité d’action, a traversé l’ensemble des salariés. » Il informe que « Nous avons une analyse commune sur les dégâts du libre-échange et le danger qu’il représente pour tous les travailleurs. Mais les outils qu’il faudrait privilégier pour protéger les travailleurs font débat. Faut-il, par exemple, un protectionnisme social et écologique ? Doit-on instaurer des droits de douanes et des mesures anti-dumping ?.. Il n’existe pas de consensus sur ces questions, qui traversent d’ailleurs l’ensemble du mouvement altermondialiste et les partis politiques. Ce qui est clair, c’est que si protectionnisme il y a, ce ne sera pas un protectionnisme nationaliste mais un instrument de régulation au profit de l’ensemble des salariés, de France et d’ailleurs. » Sur l'avenir du mouvement social et celui en cours en Europe, il estime que « Si nous suivons ces mouvements avec intérêt, on voit dans le même temps que les tentatives d’importer ce type de contestation en France ne fonctionne pas, pour l’instant. Pourtant, le terreau est fertile, il existe une forte colère sociale qui n’a pas encore trouvé son débouché. Je rappelle quand même que plusieurs centaines de milliers de personnes sont, en France, descendues dans la rue pendant le mouvement sur les retraites. L’unité syndicale à ce moment a été décisive, comme celle du LKP lors de la grève générale en Guadeloupe. Et si la contestation a pu se construire de l’autre côté de la Méditerranée, en Tunisie, c’est en grande partie grâce au mouvement syndical.   Engagement Une étude analyse le profil des militants de Solidaires. Spécialiste du syndicalisme, Sophie Béroud détaille les spécificités de cette organisation en pleine évolution. À l'origine, il y a des équipes sorties de la CFDT, qui ont constitué des syndicats SUD, mais on y trouve aussi des syndicats qui étaient autonomes depuis 1948 (ils avaient alors refusé la coupure entre la CGT et FO). Ces derniers avaient fondé le G10, qui s'est transformé avec l'arrivée des SUD pour donner naissance à l'Union syndicale Solidaires. Une autre particularité tient à la revendication d'un syndicalisme tourné vers la lutte contre les politiques néolibérales et affirmant la nécessité de travailler sur un projet de transformation sociale. Il existe également des spécificités dans son fonctionnement, notamment pour garantir des règles de démocratie interne. Les militants ont tout de suite mis en place une réflexion pour le respect de la pluralité interne et pour les minorités.. La surreprésentation des cadres et professions intellectuelles supérieures parmi les délégués de Solidaires interroge par son ampleur puisque leur poids relatif est deux fois plus élevé que dans la population active. Au-delà des délégués, la présence de militants très diplômés au sein de l'organisation peut s'expliquer - par-delà les secteurs d'implantation du syndicat - par le phénomène de déclassement. Ils ressentent une stagnation dans leur carrière. Il y a donc un mécontentement et une base potentielle pour l'engagement syndical. La question du renouvellement générationnel traverse aujourd'hui l'ensemble des forces syndicales. Solidaires n'est pas épargné par ce phénomène. Différentes explications sont avancées pour comprendre l'engagement plus rare des « jeunes » dans le syndicalisme : une entrée dans la vie active plus tardive, un relatif fatalisme, un sentiment de désillusion, des difficultés à se projeter dans l'avenir, etc. Ils n'ont pas forcément d'engagement politique ni de « multi-engagements », mais c'est par leurs expériences professionnelles qu'ils en viennent à s'approprier les représentations qui ont fondé Solidaires et qui donnent sens à un syndicalisme de lutte. Les jeunes retrouvent avec Solidaires un syndicalisme de terrain, avec des militants disponibles, présents sur le lieu de travail et peut-être moins pris par des réunions institutionnelles, ce qui leur donne l'impression que ce syndicalisme-là est proche d'eux. » L'étude a été menée par Sophie Béroud (université Lyon-II - Triangle), Jean-Michel Denis (université de Marne-la-Vallée - CEE), Guillaume Desage (IDHE - ENS Cachan) et Martin Thibault (université Paris-Descartes - Cnam).   __ À lire   Revues

  • La France et ses territoires. Alternatives économiques hors série, juin 2011. Cet ouvrage analyse les impacts sociaux de la crise, les 33 zones d'emplois à la loupe et les outils et les stratégies du développement local.
  • Printemps arabes. Comprendre les révolutions en marche. Revue Mouvements, été 2011. Ce n° contient un article d'Hamit Bozarslan « Réflexions sur les configurations révolutionnaires tunisienne et égyptienne ».
  • Esprit consacre son dernier n° à « La corruption, la peur et la révolte ». La revue revient sur le printemps arabe.
  • Alternatives internationales publie un hors série sur « L'état de la planète 2011 »  
Ouvrages
  • Attac publie « Au mépris du monde. G8-G20 et peuples en lutte. Les liens qui libèrent.
  • L'état des droits de l'homme en France édition 2011 « La République défigurée ». Ligue des droits de l'homme. La Découverte.
  • Les économistes atterrés publie « 20 ans d'aveuglement. L'Europe au bord du gouffre » Les liens qui libèrent.
  • Les dettes illégitimes. Quand les banques font main basse sur les politiques publiques ». François Chesnais. Raisons d'agir.
  • « Votez pour la démondialisation » A. Montebourg. Flammarion.
  __
 

Partager sur les réseaux sociaux

.

le 16 juin 2011