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28/06/2011 - Note de conjoncture 10

le 29 juin 2011

28/06/2011 - Note de conjoncture 10
Parti communiste français – lem, lieu d'étude sur le mouvement des idées et des connaissances Note de conjoncture 10 – Juin 2011 L'actualité des sondages, études et conférences Alain Vermeersch 28 juin 2011 __ L'actualité des sondages Présidentielle Sur la viabilité des sondages à un an du scrutin, Céline Bracq directrice adjointe du département Opinion de BVA explique comment BVA prépare la période pré-électorale. Elle estime que « les instituts n'ont absolument pas la prétention d'annoncer les résultats d'une élection. En revanche, ces intentions se révèlent très utiles pour prendre le pouls de la population et connaître l’opinion des Français à l’instant T. Elles permettent de distinguer ce qui, aux yeux des Français, compte ou pas dans l’actualité politique. C'est seulement la dernière semaine avant le scrutin que les résultats se cristallisent et que les intentions de vote deviennent vraiment prédictives. C’est ce qui s’est passé lors de la présidentielle de 2007, pour laquelle BVA avait donné, à deux jours du premier tour, les résultats les plus proches du résultat final parmi tous les instituts de sondages (0,8 points d’écart en moyenne sur l’ensemble des candidats) ! » La deuxième vague du baromètre d'intentions de vote pour l'élection présidentielle réalisée par Ipsos/Logica Business Consulting pour France Télévisions, Radio France et Le Monde (22/06) présente un rapport de force toujours favorable à la gauche, en progression par rapport au mois dernier. Martine Aubry (30% d'intentions de vote, +3 points) ou François Hollande (32%, +3) arriverait en tête au premier tour, loin devant Nicolas Sarkozy (19%) ou Marine Le Pen (à 18% dans l'hypothèse Martine Aubry candidate, 17% dans l'hypothèse François Hollande). Derrière ce trio, la progression des intentions de vote en faveur de Jean-Luc Mélenchon (7%, +3 points) confirme une dynamique favorable à la gauche, même si du côté des écologistes, le score de Nicolas Hulot pâtit de la joute des primaires (7% également, mais en baisse de 4 points). Ces deux hommes sont toutefois aujourd'hui devancés par Jean-Louis Borloo, dont l'hypothèse de candidature cristallise 8% d'intentions de vote. Selon un sondage Viavoice/Libération 52% des Français souhaiteraient que Nicolas Hulot soit le candidat écologiste, 26% penchant pour la députée européenne, 22% ne se prononçant pas. Toutefois, il semblerait, selon l'étude, que la place de N. Hulot sur l'échiquier politique soit source d'interrogation. Le positionnement politique de N. Hulot est flou pour une majorité de sondés: pour 62%, il n'est "ni de gauche, ni de droite", pour 18% il est "de gauche", pour 11% il est "de droite", 9% ne se prononçant pas. Un manque de clarté qui pourrait éventuellement poser problème au candidat. Autres enseignements, La popularité du président N. Sarkozy a reculé de deux points en un mois, à 30%, tandis que celle du Premier ministre a baissé de trois points, à 46%. Au total, 66% ont une opinion négative de Nicolas Sarkozy en tant que président de la République (64% lors de la précédente enquête, les 19-21 mai), alors que ce chiffre est de 48% pour François Fillon (contre 45% il y a un mois). Autrement dit, comme le relève François Miquet-Marty, de l’institut Viavoice, si le Président «est parvenu à bénéficier au printemps, en termes d’opinion, des résultats obtenus notamment sur le front de l’emploi et de la croissance, il ne parvient pas à capitaliser sur ces acquis». Dans l'opposition, F. Hollande reste en tête à 56% (=), devant M. Aubry (53%, +1), B. Delanoë (51%, -1), N. Hulot (51%, +1), L. Fabius (37%, +2) et F. Bayrou (37%, -4). Ségolène Royal remonte de trois points à 35%, tandis que M. Le Pen recule de deux points à 22%. Pïerre Laurent à 11 % d'opinion positive et J-L. Mélenchon 23%. Ces sondages montrent un rejet de N. Sarkozy, une ampleur du vote à gauche, une base intéressante pour le Front de gauche avec une alerte pour le NPA, un centrisme divisé mais à un niveau important, une stagnation, voire moins, pour le FN, EELV à un niveau dépendant de son candidat et se situant au même niveau que le Front de gauche. Par ailleurs, J-L. Parodi interrogé par Europe1 (18/06) sur l'élection présidentielle de 2012 estime que pour le PS, « les primaires vont faciliter avec un risque, les principaux candidats, qui arrivent dans un mouchoir. Il y a un risque de fraude. Pour la droite, le risque le plus important c'est l'élimination par la division de Sarkozy et la présence de M. Le Pen. Borloo est une véritable menace. Un 21 avril à l'envers est possible. Le FN à 20% menace et la gauche et la droite. » Economie-social Les Français et la science. L'enquête Ipsos (17/06) révèle que les Français font peu confiance aux scientifiques pour "dire la vérité sur les résultats et les conséquences de leurs travaux". Les OGM et le nucléaire sont les domaines de recherches pour lesquels la parole des scientifiques entraînent le moins de confiance, 1 sondé sur 3 lui accordant crédit. Pour d'autres sujets tels que les recherches sur les cellules souches, les nanotechnologies ou les neurosciences, sur lesquels les Français se déclarent mal informés, la confiance prévaut bien que restant sous la barre de 50%. Le taux de confiance tendrait au plus bas dans les secteurs où l'indépendance des chercheurs, vis-à-vis du pouvoir politique ou de l'industrie, est essentielle. Les Français ont toutefois une attitude très positive concernant la science en général, considérant que celle-ci est porteuse de "solutions aux problèmes que nous rencontrons aujourd'hui". Ils font également confiance à la communauté scientifique pour "expliquer les enjeux de la recherche et les débats qu'ils peuvent susciter". Si l'enquête révèle une "fêlure" entre les Français et les scientifiques, les citoyens gardent un intérêt marqué pour la connaissance scientifique : pour 93% il est "important de connaître les enjeux de la recherche pour comprendre les évolutions de la société". En outre, 80% jugent que les citoyens sont insuffisamment "informés et consultés" sur ces dossiers. __ Politique FN Idées Nation, le retour aux sources du pouvoir souverain ! Club de réflexions, d'analyses et de propositions au service du projet et de l'action de Marine Le Pen. Cet officine travaille sur le projet du FN. On peut lire sur leur site les propos de Louis Aliot, son président (extraits). « L’Etat Sarkozy a vécu et avec lui une certaine pratique des institutions. Après la désillusion Giscard, le naufrage Mitterrandien, le désastre chiraquien, le Sarkozysme vit ses derniers instants.. C’est désormais ailleurs que se jouent les grandes options économiques et politiques qui gèrent notre quotidien et préparent notre futur. Pourtant, les Français aspirent à la vérité et au retour des valeurs qui ont fondé notre civilisation. Le combat que nous devons mener pour la survie de notre identité, de notre culture et de nos libertés passe inexorablement par la professionnalisation de nos outils politiques. La révolution que constituent les progrès des technologies de l’information sont de même nature que celles initiées par l’invention de l’imprimerie.. Il faut exploiter ces ressources et l’énorme potentiel qu’elles mettent à notre disposition en dehors des canaux officiels à la fois sectaires et corrompus. Les institutions de la France s’essoufflent et en moins d’un siècle, nous sommes devenus une puissance moyenne à la solde d’autres acteurs mondiaux. La cinquième république, à l’origine saine réaction contre le régime des partis, a été lentement dévoyée par ceux là même qui brandissaient leur filiation gaullienne.. la classe politique de la cinquième république porte une responsabilité historique dans cet affaiblissement institutionnel, prélude à notre mise sous tutelle européenne et mondiale. Cette décadence historique, lente, difficile, s’accompagne inexorablement d’une décadence morale, économique et politique que chaque français ressent douloureusement. La future réforme des collectivités territoriales aggravera les choses puisqu’elle établira une confiscation des pouvoirs locaux par les deux « mafias politiques » que sont l’UMP et les socialo-écolo-communistes. Il faut donc revenir aux fondamentaux et retrouver le sens du peuple car en démocratie, n’est légitime que la volonté du peuple, de tout le peuple et rien que du peuple. La démocratie parlementaire, dans sa version « antirépublicaine », a confisqué le pluralisme et restreint la liberté de choix.. Par l’utilisation des peurs et la manipulation des masses, le système d’information et de communication a brouillé les repères essentiels de la Liberté et de l’esprit de résistance. La situation est à ce point bloquée et néfaste à l’intérêt national qu’elle nécessite un renversement du système aussi brutal que pacifique et démocratique, et une adhésion de masse à une nouvelle ère économique, constitutionnelle et politique. Il est maintenant venu le temps de remettre le peuple au centre des décisions ! Seul le peuple effacera d’un trait de vote les textes qui aujourd’hui enchaînent notre Nation et bâillonnent notre peuple, seul le peuple montrera au monde entier que la souveraineté n’est pas un concept vide de sens, mais qu’elle est en fait l’abstraction supérieure sans laquelle il n’y a point de Liberté pour les peuples et de prospérité pour les Etats.. Cette rentrée est donc marquée par la percée de M.Le Pen et de nos idées dans l’opinion française. En effet, à deux ans d’échéances électorales majeures les chiffres annoncés nous incitent à mieux nous préparer à la gestion du pays, même si nous devons raison garder. C’est dans cet esprit que nous avons constitué un « Think-Tank ».. destiné à encadrer notre action et à rendre opérationnel le programme politique que défendra Marine à la prochaine élection présidentielle.. La démocratie d’opinion dans laquelle nous vivons impose que notre effort porte sur la pédagogie de nos propositions et l’esprit de synthèse. Faire preuve de pédagogie signifie enseigner un savoir ou une expérience par des méthodes adaptées. Ce groupe de réflexion.. associera des personnes, venant d’horizons très divers et qui ne souhaitent pas s’exposer dans une structure politique en l’état actuel des choses. Il s’agit d’une boite à outils et d’une boite à idées dans lesquelles Marine pourra « piocher » ce qui lui semblera utile et nécessaire à la diffusion de nos propositions, à l’avancée de notre projet, à la victoire de nos idées. » Il expose quatre objectifs : 1/ Dresser le tableau de bord de la France avec la plus grande exactitude. 2/ Proposer des mesures immédiatement applicables avec le plus grand réalisme. 3/ Expliquer précisément ma méthode de mise en œuvre des mesures envisagées. 4/ Utiliser la communication la mieux appropriée pour convaincre l’opinion..C’est donc la création d’un cyber-réseau participatif que nous mettons en place par l’intermédiaire de ce site ainsi que d’une boite à lettre électronique. » Pascal Boniface fait une critique du dernier livre de C. Fourest sur M. Le Pen. (Politis 23/06) Il dénonce « C. Fourest, qui a bâti sa gloire médiatique depuis quelques années sur la stigmatisation de l'islam au nom de la laïcité, s'est vue doublée sur son propre terrain par M. Le Pen. Un peu gênant pour une femme qui se revendique de gauche. La rhétorique de C. Fourest, affirmant dénoncer tous les intégrismes mais concentrant ses attaques sur les musulmans, commençait à être un peu trop visible... Au-delà de l'aspect « blanchiment », il y a une grande impasse dans le livre. Comment expliquer le succès du Front national et de Marine Le Pen ? Il ne suffit pas de dire qu'elle paraît sympathique et masque ainsi le véritable visage de son parti. La question sociale est dramatiquement absente du livre de C. Fourest, digne émule en cela de BHL. À aucun moment, elle ne se demande pourquoi la dénonciation des élites et de leur connivence, de leur oubli des classes populaires, est l'une des clés du succès de M. Le Pen. Parce que, là aussi, elle pourrait se renvoyer la question à elle-même. Il est vrai que dans ce domaine, elle n'est pas seule. Participante avec L. Joffrin au débat initié par Pujadas avec M. Le Pen sur France 2, celui-ci s'exclame sur le site NouvelObs.com (24/06) « Le nouveau FN de M. le Pen n'existe pas » Il interroge « Faut-il débattre avec lui avec la même suavité, la même onctuosité, la même neutralité qu'avec les autres formations ? Ou bien, en exprimant son opposition de manière convaincue, quitte à paraître véhément, la transformer en victime de la "caste médiatique". Il affirme, « Certes le FN n'est pas un parti fasciste, un repaire de putschistes en puissance, une organisation mussolinienne. Il joue le jeu électoral, respecte les lois et se garde d'user de violence. Il prodigue de louables efforts pour revêtir un manteau de respectabilité et joue du visage plutôt avenant de Marine Le Pen pour faire passer des thèses dont les scories antisémites et les provocations xénophobes ont été gommées. » Il exprime cette révélation : « les questions économiques mises à part, il n'y a pas de "nouveau FN". Le Front national reste ce qu'il a toujours été : un parti nationaliste, héritier de l'extrême-droite française la plus traditionnelle, dont les propositions en matière d'immigration et de nationalité sont contraires à la tradition républicaine. Il n'est plus antisémite. mais il est devenu anti-musulman, antipathie fondée essentiellement sur des préjugés, qu'il masque derrière un discours anti-communautariste et laïque. » Il énumère pour terminer des arguments rabattus 1. Son discours est celui d'un héritière qui s'est donné pour mission de poursuivre l'oeuvre du fondateur sans rien renier des principes originels du Front. 2. Le passage consacré à l'armée française et cité par C. Fourest existe bel et bien. Il suffit de le lire au chapitre défense nationale du FN. Il y est bien indiqué que le niveau de recrutement de l'armée française est en baisse, dans la mesure où 20% des nouvelles recrues sont d'origine musulmane. Les musulmans, ainsi, sont tenus par le FN pour de mauvais soldats et de mauvais Français. 3. De la même manière, la première phrase du premier chapitre du même programme indique que l'immigration est à la source de la plupart des maux qui affectent le pays.. en faire la source principale de la crise française, c'est recourir à une outrance propagandiste inadmissible. La crise financière, la crise écologique, la crise industrielle, la crise du commerce extérieur, la crise de l'euro, n'ont rien à voir avec la présence d'immigrés en France. Par cette proclamation brutale, on assigne aux immigrés un rôle de bouc émissaire qui reflète avant tout un préjugé ethnique. 4. Les mesures prévues par le FN pour lutter contre l'immigration sont draconiennes, parfois cruelles et le plus souvent anticonstitutionnelles. 5. Le chiffrage du coût de l'immigration est si exagéré qu'il en devient farfelu. Marine Le Pen évalue à 60 milliards par an le déficit des comptes publics lié à l'immigration (plus même, selon ce qu'elle a dit hier soir). La plupart des spécialistes universitaires de la question arrivent à des chiffres très inférieurs. Beaucoup estiment que les immigrés rapportent aux comptes sociaux et budgétaires plus qu'il ne coûtent (voir l'étude de l'Université de Lille réalisée par le groupe Equippe. http://droit.univ-lille2.fr/uploads/media/Rapport_Drees_EQUIPPE_V3_01.pdf) 6. Le programme de restauration du franc est très dangereux. Une dévaluation unilatérale ouvrirait une guerre des monnaies en Europe. Le lâchage de la Grèce entraînerait son défaut. Cette banqueroute peut provoquer une panique bancaire égale à celle qui a suivi la faillite de Lehman Brothers et qui a failli jeter bas l'économie mondiale. 7. Marine Le Pen condamne toute intervention extérieure, serait-elle destinée à arrêter les menées du dictateur le plus sanguinaire. Les relations du FN avec Saddam Hussein ou avec les potentats de la françafrique sont bien connues. 8. Tout cela forme un tout cohérent : une politique nationaliste, intolérante envers les étrangers, hostiles à tout projet européen, souvent contraire à la constitution et qui piétine allègrement les principes républicains qui sont les nôtres. » A lire dans le numéro du 23/06 du Nouvel Obs Marine et ses masques : Daniel Jean ; Pourquoi elle est si dangereuse, Dely Renaud ; Dély Renaud, Un défi pour la gauche, Weil Claude, Qui vote M. le Pen ?; Analyser, pas banaliser Fourest Caroline ; Défendre les classes populaires par la justice fiscale, Piketty Thomas. Patrick Buisson : "L'antisarkozysme est une forme d'antisémitisme qui ne s'assume pas". Lepoint.fr publie un portrait étonnant du personnage. Buisson dévoile le vrai rapport à la presse de l'actuel pouvoir. Cela donne un pot-pourri de citations d'anthologie. Il avoue plaisanter avec Sarkozy :"Cite-moi un journaliste de droite à France Télévisions", mais disserte aussi sur "les idiots du village médiatique" avant de dénoncer l'inévitable "hégémonie idéologique de la gauche sur le monde de la culture et des médias". Buisson, à travers Sarkozy, invente un truc incroyable. Après avoir décrété que "Chirac était une grande nouille solennelle" (la famille Chirac va apprécier) Buisson annonce que "Sarkozy, c'est un chapitre du roman de l'énergie nationale. Très barrésien.". Enfin, il y a cette dernière sortie, qui mériterait et mérite bien des commentaires, tant elle est hallucinante : "L'antisarkozysme est une forme d'antisémitisme qui ne s'assume pas." Afin que chacun prenne la dimension de cette sentence, relisons là encore une fois : "L'antisarkozysme est une forme d'antisémitisme qui ne s'assume pas." Le PS à l’assaut de la République des riches… (France Info 15/06). « Le PS a choisi son angle d’attaque contre Nicolas Sarkozy. Le parti lance une campagne, sur internet en particulier, pour dénoncer "La République des riches". 1,8 milliard d’euros seraient offerts aux plus nantis à travers la réforme de l’impôt sur la fortune. Le PS veut orienter la campagne sur les questions sociales. La justice sociale, la justice fiscale… Voilà des sujets sur lesquels le PS se sent crédible. C’est donc sous cet angle qu’il attaque Nicolas Sarkozy, en lançant un appel aux électeurs en vue de la prochaine présidentielle. J-M. Ayrault, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale : "est-ce que vous ne croyez pas que pour résoudre les problèmes de financements publics, on n’a pas besoin de plus de solidarité ? Comme la majorité ne veut pas reculer, ce sont les Français qui ont les cartes en main". Certes, l’ISF est assoupli, mais le bouclier fiscal est supprimé, avance la majorité sarkozyste. Une suppression qui n’en n’est pas une, selon B. Hamon, le porte parole du PS : "je vous rappelle que le bouclier fiscal n’est remis en cause qu’à échéance de 2013, donc c’est double bouclier fiscal pour la dernière année. Et le meilleur pour la fin : c’est évidemment la situation particulière de madame Bettencourt qui grace à cette réforme va payer cette année quatre fois moins d’impôts qu’elle n’en payait l’année dernière, et ne sera imposée qu’à hauteur de 4% de ses revenus, quand en moyenne tous les français sont imposés à hauteur de 30% de leurs revenus." Et le tout se chiffrerait à 1,8 milliard d’euros, soit 60.000 recrutements de policiers ou 70.000 postes d’infirmières selon le PS, qui veut dénoncer une indifférence du gouvernement aux questions sociales. Une accusation qui peut porter, quand le monde a subi une telle crise économique et financière. La crise a créé des manques, des attentes en matière sociale, c’est vrai, mais le gouvernement n’est pas resté les bras ballants… Que le débat porte sur la façon d’augmenter, ou d’optimiser, les dépenses sociales, c’est bien de politique sociale qu’il s’agit. Ce qui ne serait pas pour déplaire au parti socialiste en 2012. Europe La crise de la dette domine cette période Ainsi, on peut lire cet édito de N. Demorrand (Libération 21/06) titré « fédéralisme » : « le débat sur la manière de sauver ce pays est au moins autant financier que philosophique. Au fond, de quoi s’agit-il ? Soit de bricoler un énième plan d’urgence et de rafistoler un navire qui prend l’eau de toutes parts, en espérant qu’il arrivera miraculeusement à bon port ; soit de changer de braquet et de vision de l’Europe en allant résolument vers le fédéralisme et les outils qu’il permet de mobiliser. Parmi ceux-ci : un gouvernement économique, un ministre des Finances, une autorité capable de s’exprimer au nom de tous quand règne aujourd’hui une cacophonie babélienne dont le prix se paye en milliards d’euros sur les marchés. Pour formuler brutalement l’alternative : l’avenir de l’Europe, c’est, à court terme, la faillite ou le fédéralisme. » Dans Le Monde (21/06), une autre analyse apparaît « Dissensions entre Berlin et la BCE, révoltes sociales dans les pays du Sud : la dette et l'austérité menacent la construction européenne. Des experts proposent de changer de logique, en investissant dans l'économie réelle et en monétisant les dettes publiques.. " L'austérité est dangereuse car elle casse la croissance, et parce qu'elle pose un risque social extrêmement fort. Idéalement, il faudrait être capable d'aider les pays fragiles sans imposer de mesures d'austérité, et de prêter à des taux beaucoup plus faibles ", plaide Anton Brender. L'article se poursuit ainsi « A travers le sauvetage de la Grèce - même s'il doit se faire en partie à fonds perdus - se joue ainsi l'avenir de la zone euro. Le danger, en effet, est celui de la contagion d'un défaut de paiement grec. Selon les calculs de Dexia AM, les besoins de financements cumulés de la Grèce, du Portugal et de l'Irlande atteignent 201 milliards d'euros pour les vingt-quatre prochains mois, d'ici à la mi-2013. Cela représente une contribution des pays aidants, comme la France et l'Allemagne, de l'ordre de 2,5 points de produit intérieur brut (PIB). " Jouer aux allumettes est beaucoup plus dangereux si on est assis sur un baril de poudre. En cas de restructuration de la dette grecque, compte tenu des dynamiques à l'oeuvre sur les marchés, on est sûr de la contagion à l'Irlande et au Portugal ", juge M. Brender.. L'idée serait donc de gagner du temps. Mais elle n'a de sens que si l'on peut espérer, parallèlement, une reprise de l'économie mondiale, une baisse de l'euro ou encore la mise en place de financements publics - par exemple via la BCE - venant soutenir des investissements favorables à la croissance dans la zone euro, afin de contrebalancer les efforts de rigueur des comptes publics. Cela est également logique si la solidarité européenne se renforce à terme, grâce, par exemple, à l'adoption d'un budget fédéral et des transferts fiscaux. " En gagnant du temps, on a une chance d'arriver à restructurer, à un moment où la vulnérabilité de l'Espagne aura disparu ", estime M. Brender. Si tel n'est pas le cas, en revanche, le danger persistera et le refus social ne fera que grandir dans les pays en crise. " A. de Tricornot estime « En dernier ressort, on peut alors imaginer que la BCE soit confrontée à un dilemme : laisser la zone euro exploser ou suivre l'exemple de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui, dans le cadre de ses opérations dites d'assouplissement quantitatif de la masse monétaire, a acheté, entre novembre 2010 et juin 2011, pour 600 milliards de dollars d'obligations du Trésor américain dès leur émission. La " monétisation " directe de la dette est interdite par les traités européens, ce qui n'a pas empêché la BCE de procéder, face à la crise, d'abord à l'achat de 60 milliards d'euros d'obligations bancaires dites " sécurisées " sur le marché, puis, plus récemment, de 75 milliards d'euros de titres de dettes publiques grecque, portugaise et irlandaise.. " Dans la crise de la zone euro, ça se jouera sur l'Espagne dans les prochains mois et les prochaines semaines ; ou ça passe ou ça casse", pronostiquait l'économiste Jacques Mistral, lors d'une table ronde à l'Institut français des relations internationales (IFRI), le 24 mai, sur l'avenir de l'euro. »   Existe-t-il une « version sociale » de la rigueur, dans une Europe engluée dans la crise des dettes souveraines ? Pour Philippe Martin, professeur d’économie à Sciences-Po Paris, la rigueur « suscite forcément des souffrances » en Grande-Bretagne, Irlande, Grèce, Portugal… Inévitable selon lui, cette stratégie n’exclut pourtant pas la préoccupation sociale. Premier instrument : « Il faut viser les économies les plus justes, en épargnant au maximum les dépenses sociales et d’éducation. Or, en Grèce, ces postes budgétaires ont été taillés sans toucher, jusqu’ici, aux crédits militaires, qui sont pourtant les plus élevés d’Europe, en pourcentage du PIB ! » L’idée fait son chemin. Autre outil de « soutenabilité sociale » : une bonne répartition du fardeau. « L’enjeu, c’est la justice sociale, insiste Jérôme Creel, économiste à l'OFCE. Les gouvernants ont tendance à toujours taxer les salariés et les agents publics, car ils sont faciles à contrôler. En Grande-Bretagne par exemple, les sacrifices sont concentrés sur les fonctionnaires et le gel des investissements publics, alors que rien n’est demandé à l’industrie financière de la City… Cet exemple illustre bien, par ailleurs, le sentiment d’injustice des citoyens, qui ont l’impression de payer pour une crise dont ils ne sont pas responsables. » Certaines voix n’hésitent pas à remettre en cause le principe même de la rigueur, car, dénonce Gaël Giraud, chercheur à l'Ecole d'économie de Paris, « elle conduit au démantèlement des services publics et s’avère économiquement contre-productive », les hausses d’impôts et les baisses de salaires nourrissant la récession. Le rapport annuel du département des affaires économiques et sociales de l’ONU, publié mercredi 22 juin, redoute ainsi que « les mesures d’austérité prises par certains pays comme la Grèce et l’Espagne face à un endettement public excessif (…) rendent la reprise plus fragile ». Sans remettre en cause la responsabilité des États en difficultés, Bernadette Ségol, secrétaire générale de la CES, plaide pour « émettre des titres obligataires à l’échelle européenne, afin que ces pays puissent emprunter à des taux raisonnables et stimuler leur activité. À défaut, on pourrait au moins lancer des grands travaux européens. Il faut imaginer des actions positives qui donnent des perspectives, et pas seulement des réductions ! ». Pour Bernadette Ségol, « il faut redire aux Allemands, aux Finlandais et aux Néerlandais qu’ils n’ont pas versé un euro aux pays en difficultés dans la crise actuelle. Au contraire, ils encaissent des intérêts sur les sommes prêtées ! La pédagogie est fondamentale. » L’Allemagne pourrait jouer un rôle moteur en Europe, ajoute Jérôme Creel à l’OFCE. « Vu sa bonne santé, elle pourrait mener une politique budgétaire souple en redistribuant du pouvoir d’achat à ses citoyens. Cela aurait un effet d’entraînement sur toute l’activité européenne. L’austérité est plus facile à supporter si elle n’est pas menée, simultanément, partout en Europe.» Etienne Balibar estime que « les grandes mobilisations doivent traverser les frontières  ». Selon lui, « Le sociologue et historien marxiste Immanuel Wallerstein distingue deux crises. La première, budgétaire, produit des tensions monétaires qui mettent en péril la stabilité de la monnaie unique et alimentent des conflits entre les différents Etats européens. Elle possède donc une dimension économique et financière. La deuxième est idéologique et culturelle. Il s’agit de l’exacerbation des nationalismes et régionalismes en Europe. Des inégalités de puissance et de situation traversent l’Europe de part en part, de sorte que la construction financière qui devait théoriquement servir à renforcer la solidarité des pays européens, face aux secousses du marché financier mondial, est en train de fonctionner en sens inverse. Par ailleurs, la question nationale en Europe n’ayant pas été traitée comme telle, alors que les pays de l’Est et de l’Ouest n’avaient ni les mêmes idées sur la nation, ni les mêmes attentes vis-à-vis de la construction européenne, elle s’est aggravée après la réunification. Les nationalismes galopent entre nations européenne.. Le problème se pose inévitablement de savoir si le projet politique européen peut être repris à gauche ou à droite. A gauche, la pente à remonter est très raide, à droite la nature souverainiste des mouvements populistes incarnés par le Front national en France, la Ligue du Nord en Italie, le Jobbik hongrois, le parti autrichien de la liberté ou le Parti populaire danois rend impossible cette reprise. Je crois à la capacité de nuisance commune de ces mouvements nationalistes.. Il y a quelque chose de l’ordre d’une insurrection pacifique dans les manifestations des Grecs contre des politiques d’austérité qui enfoncent leur pays dans la catastrophe économique. Les ouvriers qui se mobilisent contre les fermetures d’usine ou les mouvements écologiques qui tentent de remettre en discussion des choix de politique énergétique relèvent aussi d’initiatives citoyennes. J’appartiens à une génération pour laquelle la notion d’internationalisme avait une grande importance.. Dans la conjoncture actuelle, un certain nombre de causes comme les questions environnementales, la régulation des migrations dans le monde ou le fonctionnement du système financier international, appellent de toute urgence une même capacité d’organisation, de débat, de coordination par-delà les frontières. Force est de constater que c’est très difficile. On voit bien depuis la fin de la deuxième guerre mondiale que lorsque la critique du capitalisme n’a pas été assez radicale ou lucide, le socialisme réformiste a été avalé par le libéralisme et le néolibéralisme. Tout est donc à réinventer en ce qui concerne les formes de la radicalité révolutionnaire dans le monde d’aujourd’hui. Dans un cadre transnational, inéluctablement. Pour imposer des reculs ou des réformes au capitalisme, aujourd’hui sans entraves, il a toujours fallu des mouvements de masse, donc des espérances, ou même des utopies. » A méditer. Les propos du chroniqueur des Echos, E. Le Boucher qui intitule son papier « Vive la crise ». Il y explique que « Les dirigeants politiques européens regardent avec effroi ce qui se passe en Grèce, au Portugal, en Irlande et en Espagne. Les manifestations de colère contre l'austérité et les «réformes» imposées par Bruxelles ou le FMI débouchent, à chaque élection, sur une éviction du pouvoir.. Partout, les peuples, justes ou injustes, sanctionnent les dirigeants. Comme la crise est loin d'être achevée, les politiques tremblent. Car les dirigeants des autres pays ne sont pas à l'abri. Ils sont aussi confrontés au besoin de réformes et à l'austérité. A cause de la crise, à cause bien plus largement de la mondialisation et des évolutions démographiques et technologiques. Partout, il faut imposer des choix difficiles aux opinions publiques: ouvrir à la concurrence, libéraliser le code du travail, retarder la retraite, diminuer le nombre de fonctionnaires... L'immobiliste le plus honnête reste Jean-Claude Juncker, qui a théorisé la trouille politique des dirigeants européens en déclarant: «Nous savons tous ce qu'il faut faire. Ce que nous ne savons pas, c'est comment être réélus si nous le faisons.» L'idée que les réformes ont un coût électoral et qu'il faut en conséquence les mener avec parcimonie pour être réélu, est démentie par l'histoire récente. Deux perfides économistes, Alessandra Bonfiglioli et Gino Gancia, ont examiné les réformes et les votes dans 20 pays de l'OCDE entre 1975 et 2000, pour conclure qu'elles n'avaient pas d'incidence sur le résultat électoral.. Ce résultat démonétise tous les discours des hésitants sur l'«acceptabilité» des réformes et plus encore, pour ce qui concerne notre pays, sur «une France irréformable». En outre, et c'est le deuxième enseignement des auteurs: les moments de crise sont des opportunités à saisir. Si le «coût» des réformes est faible, il l'est encore plus dans les moments d'«instabilité». Les auteurs, décidément malins, en donnent la froide raison: dans les crises, la réélection d'un dirigeant dépend plus de la chance que de son action, le voilà soulagé de sa peur et libre d'agir. Ne regardez pas les votes irlandais et portugais et ne mollissez pas! Vive la crise!.. Tout ça pour dire que la crise des dettes souveraines doit conduire au courage de la réforme en Europe.. Il faut le dire franchement aux peuples: la zone euro ne tiendra que si, au-delà de l'austérité, on aide financièrement les Grecs à retrouver une croissance, que si l'on se dote d'un budget commun nettement plus vaste, et que si on donne à la zone euro tout ce qu'il lui faut, fiscalement et économiquement, pour être durablement crédible. » Dévaluation Dans une tribune publiée dans le Figaro, l'économiste Gérard Lafay affirme que la Grèce ne s'en sortira pas sans dévaluation, tout comme le Portugal et l'Espagne. D'où sa proposition : une sortie de l'euro en douceur, permettant de gérer les différences de situation économique des différents pays. Il explique « En ce qui concerne l'endettement, la disparition de l'euro ferait que la dette devrait être convertie dans une monnaie commune, moyenne des monnaies nationales équivalente à l'ancien écu. Vis-à-vis de celle-ci, la position d'un franc nouveau resterait grosso modo inchangée : les monnaies des pays du Nord de la zone euro s'apprécieraient, tandis que celles des pays méditerranéens se déprécieraient. Si en revanche l'euro subsistait, la dette publique détenue par les non-résidents (67 % du total) serait réévaluée au prorata de la dépréciation, mais le total ne serait augmenté que de 12 % en cas de dépréciation de 20 %, coût qui serait d'autant plus faible que l'euro aurait baissé auparavant. » (Marianne2 26/06). A lire : Seize propositions économiques du Mouvement de la Puerta del Sol : www.pressegauche.org/spip.php?article7529 Bataille des idées : démondialisation, Le débat sur ce concept continue. Il donne de l'eau à des moulins qui veulent faire l'amalgame entre les propositions alternatives de la crise de l'euro et des dettes publiques et celles du Front national. Ainsi, le sondage que l'Ifop vient de réaliser le 19 mai intitulé " Les Français, le protectionnisme et le libre-échange " permet au Monde (21/06) de constater « cette enquête vient en effet, opportunément, épauler le combat mené par ses commanditaires : l'Association pour un débat sur le libre-échange, créée par des économistes et intellectuels d'horizons variés, de Jacques Sapir à Emmanuel Todd, Pierre-Noël Giraud, Jean-Luc Gréau ou son initiateur, Philippe Murer. Au-delà de leurs nuances, ils entendent dénoncer les ravages économiques et sociaux provoqués par une mondialisation fondée sur le dogme absolu du libre-échange; et pour se prémunir de la concurrence déloyale des pays émergents, ils prônent le rétablissement de barrières douanières aux frontières de l'Europe, voire de la France seule. L'enquête de l'IFOP apporte beaucoup d'eau à leur moulin. elle concentre le jugement sur la seule question des " frontières ", écartant tout autre aspect de la mondialisation ; pis, elle établit une fausse symétrie entre l'entrée en Europe des produits asiatiques (parfaitement perceptible par les Français) et l'entrée de produits européens sur les marchés chinois ou indien (beaucoup plus lointaine). Dès lors, les résultats sont spectaculaires. 84 % des sondés estiment que l'ouverture des frontières a des conséquences négatives sur les emplois en France, 78 % sur le niveau des salaires et 57 % sur les prix des produits de consommation. Les trois quarts des personnes interrogées jugent que cette ouverture des frontières aura des effets négatifs dans les dix ans à venir. Enfin, 57 % jugent qu'une augmentation des droits de douane aux frontières de la France ou de l'Europe aurait des conséquences positives sur l'activité industrielle nationale, et 55 % sur l'emploi. Si 80 % estiment que ces barrières commerciales devraient être installées aux frontières de l'Europe, 57 % déclarent que, faute d'accord européen, il faudrait le faire aux frontières de la France. En dépit des réserves sur le questionnaire, les résultats de l'enquête méritent qu'on s'y arrête. Car ils sont indéniablement en résonance avec la tentation protectionniste à l'oeuvre aujourd'hui. » Le quotidien ajoute « Elle est désormais portée par plusieurs candidats ou postulants de gauche à l'élection présidentielle de 2012. C'est le cas de J.-L. Mélenchon, qui vient d'être adoubé par les communistes pour être le champion du Front de gauche. C'est aussi celui d'Arnaud Montebourg, engagé dans la primaire socialiste.. Enfin, le projet socialiste lui-même, dont le candidat du PS, quel qu'il soit, devra au moins s'inspirer, déplore que " l'Europe demeure le seul continent qui s'impose le libre-échange dans un monde qui ne cesse d'y déroger " ; mieux, le PS souhaite la restauration d'" écluses tarifaires " sur " les marchandises dont les modes de production ne respectent pas les normes " européennes. Le débat est donc en train de s'imposer.. le premier ministre vient de mettre en garde contre " toutes les sirènes de la démondialisation, de la sortie de l'euro, du rétablissement des frontières, du laxisme budgétaire " et " leur complainte trompeuse et fatale " (Le Figaro du 18 juin), mettant dans le même sac ceux qui prônent des régulations commerciales aux frontière de l'Europe et ceux qui veulent sortir de l'euro.. » L'article se termine ainsi « Laisser entendre que, à défaut, la France devrait avoir le courage de donner l'exemple revient, qu'on le veuille ou non, à se situer très exactement sur le terrain du Front national. Lequel ne demande qu'à profiter des indignations et révoltes du moment. Mieux vaudrait y prendre garde. » Dans un éditorial, Serge Halimi s’élève contre les tentatives visant à interdire des thèmes pourtant traditionnellement de gauche du débat politique, parce qu’ils ont été récupérés démagogiquement par le Front national : « Quiconque vilipende les privilèges de l’oligarchie, la vénalité croissante des classes dirigeantes, les cadeaux faits aux banques, le libre-échange, le laminage des salaires au prétexte de la concurrence internationale se voit taxer de « populisme » . Il fait, ajoute-t-on, « le jeu de l’extrême droite ».. Protéger les « élites » et leurs politiques face à une foule de gueux en colère est ainsi devenu une forme d’hygiène démocratique… La crainte de l’islamisme en Tunisie avait favorisé le régime prédateur de M. Zine El-Abidine Ben Ali ; celle du « marxisme », les victoires de M. Silvio Berlusconi en Italie. La même mécanique mentale pourrait permettre qu’au nom de la peur (légitime) du Front national toutes les politiques auxquelles celui-ci s’oppose deviennent ipso facto sacralisées afin d’éviter « un nouveau 21 avril ». Le peuple se rebiffe contre un jeu politique verrouillé ? On lui réplique que les protestataires sont des fascistes qui s’ignorent. Laisser s’installer une telle camisole de force intellectuelle constituerait une folie politique. Car l’extrême droite française a mesuré que sa vieille idéologie thatchérienne, sa haine des fonctionnaires et son poujadisme fiscal ont été disqualifiés par le creusement des inégalités sociales et par la dégradation des services publics. Elle n’hésite donc plus à récupérer des thèmes historiquement associés à la gauche.. (Marine Le Pen) n’hésite pas à citer le général de Gaulle, à évoquer la Résistance et à proposer la renationalisation de l’énergie et des télécommunications.. Combattre l’extrême droite, ce n’est assurément pas prendre le contre-pied des thèmes progressistes que celle-ci récupère (et dévoie), mais offrir un débouché politique à une population légitimement exaspérée. A l’écart des deux principaux partis espagnols, les manifestants de la Puerta del Sol ont-ils réclamé autre chose ? » (Monde diplomatique juin 2011). Dans Marianne2 (21/06), Jack Dion fait le même constat « Il suffit de voir comment ont réagi l’élite politique et la crème journalistique pour apprécier leur art consommé de fermer une fenêtre avant même qu’elle soit ouverte. Au lendemain même du sondage publié par Marianne montrant le soutien majoritaire des Français à une forme de protectionnisme européen, on a entendu une petite musique inspirée de la formule utilisée par N. Sarkozy au salon du Bourget : « La solution n’est pas le repli sur soi ou le protectionnisme, mais ce n’est pas non plus la naïveté ». Mais à part le FN et quelques isolationnistes de la première heure, personne n’a suggéré le « repli ». Pour l’heure, jusqu’à plus ample informé, le débat porte sur l’opportunité de mesures de protection à l’échelle européenne. Mais les défenseurs de la « mondialisation heureuse » chère à A. Minc n’en ont cure. Pour eux, il faut absolument laisser croire que toute critique de la mondialisation néolibérale débouche illico presto sur le souverainisme, le nationalisme, et la main tendue au FN. » Il ajoute « On ne peut en effet ramener l’enjeu de la sortie du néolibéralisme à la seule question du protectionnisme européen, aussi nécessaire soit-il (et il l’est). Il est tout aussi important de s’interroger sur le rôle des banques et des puissances financières, sur la dérèglementation généralisée (qui a commencé avant le boom de la Chine), sur le contrôle des mouvements de capitaux, sur le partage de la valeur ajoutée entre capital et travail, sans oublier les tensions à l’intérieur même de l’Europe, avec notamment le rôle de l’Allemagne, qui a elle-même recours au dumping salarial et fiscal via les délocalisations dans les pays de l’Est européen. » Pierre Khalfa l'un des signataires d'Attac de l'appel contre la démondialisation s'explique dans Marianne2 (26/06): « La notion de démondialisation est inadéquate car il faut plus de mondialisation dans certains domaines. Un certain nombre de problèmes ne trouveront une réponse adéquate qu’au niveau mondial, la lutte contre le réchauffement climatique, la gestion des écosystèmes par exemple. Mais il faut aussi moins de mondialisation dans d’autres domaines car il faut relocaliser les systèmes productifs et réduire les flux de capitaux et de marchandises. Mais surtout il faut radicalement changer le sens actuel de la mondialisation. Celle-ci correspond à une globalisation du capital qui met en concurrence les salariés du monde entier. A l’encontre de cette mondialisation capitaliste, nous nous battons pour une mondialisation des droits. » « Second tour et gaucholepénisme » Les Inrockuptibles du 22 juin 2011 titre « Second tour et gaucholepénisme. Le chapeau de l'article est explicite « Au moment où Mélenchon est officiellement désigné candidat du Front de gauche, un sondage interroge. En cas de duel Le Pen/Sarkozy, les votants du FG se prononceraient en majorité en faveur du FN. Porosité entre les deux électorats, vraie tendance ou intox ? ». Cela selon un sondage Harris Interactive réalisée du 3 au 5 juin 2011, publié dans Marianne le 11 juin 2011. Donnant la victoire à N. Sarkozy. (63 %) face à M. Le Pen (37 %), 64 % des électeurs du Front de gauche décidés à voter au second tour le 6 mai 2012 se prononceront en faveur de la candidate de l'extrême droite. "Attention, précise Jean-Daniel Lévy, directeur du département Opinion & Corporate chez Harris Interactive, ça ne signifie pas que 64 % des électeurs du Front de gauche voteront M. Le Pen au second tour, mais que 64 % des électeurs du Front de gauche qui se déplaceront pour aller voter ce jour-là voteront M. Le Pen." Et d'ajouter : "Entre le premier et le second tour, il y a forcément des électeurs du Front de gauche qui ne se déplacent pas et c'est cette abstention qu'il est difficile de mesurer pour le moment." Une fois cette précaution posée pour tenir compte de l'abstention ou du vote nul au second tour, P. Perrineau, politologue, identifie un phénomène de "gaucholepénisme" : "Une partie des électeurs qui se disent de gauche votent FN car ils s'y retrouvent socialement et culturellement. Ce phénomène n'est pas nouveau. L'électorat de gauche pouvait avoir un certain tropisme pour J-M. Le Pen, perçu comme un vecteur de protestation sociale, mais ça s'est renforcé avec M. Le Pen, étant donné le pilonnage qu'elle fait sur les thématiques de gauche" : références à l'intervention de l'Etat dans l'économie, à Jaurès, au protectionnisme. "Si, évidemment, J-L. Mélenchon n'est pas un Le Pen de gauche, il y a un style, une véhémence, un ton qui peuvent faciliter la création de passerelles entre des secteurs politiques qui semblent complètement opposés. A fortiori avec la crise qui a renforcé, dans certaines régions de France, la protestation et la colère", ajoute P. Perrineau.. (Cela) suscite moins de rejet dans l'électorat, mais aussi une évolution politique : "Ce qu'elle dit entre en résonance avec ce qu'attend une partie des Français", analyse P. Perrineau. En particulier pour les classes populaires sur les questions du pouvoir d'achat et des inégalités. Le vote du Front de gauche pour le FN s'expliquerait aussi par la volonté d'exprimer une déception à l'égard du "système" et des personnalités politiques, à commencer par N. Sarkozy. Au Front de gauche, la réaction est d'abord de rejeter le sondage "réalisé un an à l'avance", et "qui voudrait imposer un scénario". Avant d'accepter de le commenter. "Outre l'abstention qui serait importante dans notre électorat entre le premier et le second tour, car je pense que beaucoup de nos électeurs s'abstiendraient, je suis sceptique sur le pourcentage aussi élevé de 64 %, avance E. Coquerel, secrétaire national du Parti de gauche, une des composantes du Front de gauche. Le socle du Front de gauche est assez politisé et connaît donc le FN... Mais il est clair que M. Le Pen essaie de faire croire que le vote FN pourrait venir des classes populaires qui rejettent le système. Cela ne peut troubler un électorat qu'à la marge." Même constat pour O. Dartigolles, porte-parole du PCF : "Il y a une attente de la gauche de la part des électeurs et en même temps un doute de la gauche à faire différemment de la droite. Dans cet entre-deux, bien entendu, le discours faussement antisystème de M. Le Pen peut dévoyer des aspirations au changement." Avant de conclure : "Nous allons nous battre sur le terrain des idées." A lire : Face à la crise, les Français s'interrogent sur les dégâts du libre-échange et les vertus du protectionnisme. Doit-on sortir de l'euro? Deux spécialistes lancent le débat, bientôt central dans la campagne présidentielle : J. Sapir et E. Todt (Nouvel Obs 23/06) Economie-social L'Observatoire des inégalités a étudié l’évolution du niveau de vie des catégories sociales (14 juin 2011) L’ensemble des catégories sociales ont vu leur niveau de vie augmenter entre 1998 et 2008. Avec cependant des écarts de gains : 540 euros pour les agriculteurs exploitants, 150 euros pour les professions intermédiaires. Toutes les catégories sociales ne sont pas logées à la même enseigne en matière d’évolution des revenus. Globalement, si l’on observe le niveau de vie après impôts, prestations sociales et inflation, presque tous les groupes gagnent davantage, hormis les "autres inactifs". Mais de 150 à 540 euros par mois en moyenne, les gains sont très loin d’être identiques. Les ouvriers ont vu leur niveau de vie augmenter de 1 198 à 1 413 euros, soit une augmentation de 18 %, les employés de 12 % (de 1 296 à 1 453 euros) pour des gains respectifs de 215 et 157 euros. Les cadres supérieurs ont gagné 306 euros (+12 %) entre 1998 et 2008, leur revenu disponible passant de 2 532 à 2 938 euros. Les catégories dont le revenu a le moins augmenté sont les professions intermédiaires (+ 9 % soit 149 euros). Mais la situation la plus défavorable concerne surtout les "autres inactifs" : leur niveau de vie moyen a baissé de 3 %, soit 42 euros de moins. Il s’agit de populations particulièrement défavorisées, dont le niveau de vie est très bas : souvent des femmes seules avec enfants, des personnes en incapacité de travailler, des étudiants, etc. La Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) vient de rendre public son "baromètre" sur les conditions de vie et de travail des jeunes en job d'été. Après avoir interrogé en juillet et en août 2010 une population de 732 personnes âgées de 15 à 30 ans, semblable aux enquêtés de 2007. De ce baromètre, il ressort d'abord qu'entre 2007 et 2010, la population de jeunes interrogés travaillant l'été "pour vivre le reste de l'année" a augmenté de plus de dix points - de 41,7 % à 53,1 % -, tandis que la proportion de ceux qui font un job d'été pour "se faire de l'argent de poche" perd douze points." Productivité : causes du ralentissement. Le poids croissant du secteur tertiaire dans l'économie française, souvent présenté comme l'un des facteurs du ralentissement progressif des gains de productivité, ne joue en fait qu'un rôle marginal dans ce phénomène, conclut une étude de l'Insee. Régulièrement mise en cause pour expliquer, par exemple, les pertes de part de marché de l'industrie face à la concurrence mondiale, la productivité de la main d'oeuvre par personne en France représentait en 2009 120% de la moyenne de l'Union européenne, contre 125,1% dix ans plus tôt, selon Eurostat. Dans l'Usinenouvelle.com, Philippe Bigard, consultant chez la société de conseil BPI, explique en quoi la relation salariés-entreprise est en berne et pourquoi il est indispensable de développer un nouveau pacte social. Selon lui, « nous sommes à l’apogée de la crise du salariat. Le fossé entre les salariés et l’entreprise est aujourd’hui profond. Pendant la période des trente glorieuses, entreprises et salariés avaient signé une forme de contrat moral et non écrit. Une sorte de « compromis fordiste ». D’un côté, l’entreprise proposait une garantie de l’emploi et une progression du pouvoir d’achat. De l’autre, le salarié travaillait sans trop barguigner. A partir des années 80, ce compromis s’est rompu. Le chômage de masse a brisé cet équilibre. Les salariés.. s’aperçoivent aussi que les profits explosent alors que leurs salaires sont gelés. Ils se sont détachés petit à petit de leur entreprise. Cette dernière, elle, n’a plus été en mesure de garantir tous ses acquis sociaux. Aujourd’hui, les entreprises se retrouvent avec des salariés qui se sont désengagés face à la multiplication des plans sociaux. Elles demandent de plus en plus d’efforts à des salariés qui prennent du recul par rapport à leur travail. Elles commencent donc à s’inquiéter de l’attitude de leurs salariés. Ainsi, selon le Boston consulting group, l’engagement des employés est passé de la 8e préoccupation des DRH en 2008 à la 2e en 2010. C’est un phénomène français mais aussi européen et américain. Dans notre étude, on montre que 59 % des employés des sociétés de plus de 500 n’osent plus dire ce qu’ils pensent de peur d’être mal vu.. » Il poursuit « Pour les entreprises, ce désengagement est un grand danger. Lors des dix dernières années, elles ont réorganisé, mutualisé, rationalisé. Elles ne peuvent plus abaisser significativement les coûts. Pour améliorer la production, il faut améliorer la fiabilité et la capacité d’innovation. Cela passe nécessairement par des salariés qui éprouvent du plaisir à se lever le matin pour aller travailler. C’est moins le cas aujourd’hui. Cela peut représenter 20 % des heures de travail. Sur une année, cela peut avoir les mêmes incidences que si les salariés s’arrêtaient de travailler près de 40 jours… C’est énorme. Pour les salariés, ce désengagement peut aussi se traduire par du stress. 25 % des Européens disent souffrir de mal-être au travail. Cela peut aller jusqu’au suicide. » Ce constat rejoint le rapport sénatorial sur le travail analysé par Véronique Sandoval. Pour ce consultant « Il faut intervenir au plus tôt pour recréer de la dynamique, de l’envie.. Pour cela, nous avons imaginé un nouveau pacte social dont les termes pourraient être davantage explicités, fondé sur cinq grands axes. Nous voulons donner, tout d’abord, des objectifs de performance sociale aux managers. Cela peut être diminuer le turn-over de ses équipes ou se doter d’une bonne ambiance. Il faut, ensuite, améliorer le dialogue et les relations sociales. Cela passera par la création de vrais liens avec les représentants du personnel. Cela passera par un meilleur dialogue social et un vrai respect des syndicats. En 3 e point, nous insistons sur le fait qu’il faille modifier les formes d’organisations de travail actuelles. Il faut les calquer sur un modèle plus « biologique » que « mécaniste » avec un système où l’on est performant collectivement, où l’on travaille en réseau, où l’on respire, où l’on favorise la responsabilité individuelle, les équipes autonomes. En 4 e point, il faut favoriser le partage des profits et la rémunération au mérite. Il faut trouver de nouvelles façons d’associer les employés au profit de l’entreprise. Enfin, il faut développer la valorisation des compétences et de l’employabilité. » L'ANDRH (association des DRH) milite pour un contrat de travail unique, sans notion de durée ni de motif Elle veut renforcer les liens entreprises-écoles et porter à 5 % le nombre d'apprentis dans les entreprises. Les DRH proposent d'inciter les salariés à s'engager dans un syndicat en collectant les cotisations sur la feuille de paie et en en finançant 50 %. Ils veulent fusionner les IRP (CE, DP, CHSCT) en une instance unique de concertation et de négociation et autoriser le recours à un référendum auprès des salariés en cas de négociations bloquées. (17/06) Recommandations du FMI pour la France Dans son rapport annuel sur l'économie française, entre autres joyeusetés, le FMI prône une modération accrue du Smic et une réduction des allocations chômage. le FMI juge néanmoins nécessaire la poursuite de l'assainissement de nos finances publiques, recommandant de nouvelles réformes de la fiscalité mais, surtout, du droit social, «au cas où les risques baissiers devraient se matérialiser»... Tout en regrettant La prolifération des « niches » fiscales et sociales (plus de 170 milliards d'euros, soit 9% du PIB, accordés chaque année aux entreprises sans contreparties notables sur l'emploi et l'investissement; sans compter celles accordées aux particuliers les plus aisés), le rapport a salué l'adoption par l'Assemblée nationale du projet de loi visant à inscrire dans la Constitution l'équilibre des finances publiques. Le FMI estime que «les risques pour la stabilité financière liés à la hausse rapide des prix immobiliers semblent contenus à ce stade, mais la vigilance est requise», préférant prôner d'autres mesures aptes à supprimer ce qu'il considère comme des «barrières structurelles»... Par exemple, un durcissement des règles imposées aux chômeurs et une diminution de leur indemnisation afin de «renforcer les incitations à la recherche d'emploi». Mais aussi une modération accrue en matière de salaire minimum : ses experts souhaitent ainsi une modification de la formule d'indexation du Smic «pour empêcher le Smic d'augmenter davantage que le salaire médian» et «favoriser la création d'emplois peu qualifiés». Le FMI s'est également prononcé pour un transfert progressif de la fiscalité française vers les impôts indirects afin d'alléger la fiscalité du travail, qui serait plus lourde en France que dans d'autres pays : bref, l'instauration d'une TVA sociale dont on sait qu'elle sera injuste et pénalisante pour les plus modestes. __ Études, conférences et débats L'avenir de la zone euro dans la mondialisation (30 juin 2011. 17 h 00 - 19 h 30 ) Dix ans après sa création, l'euro a connu sa première crise majeure. Au-delà des turbulences financières internationales, cette crise révèle une fragilité directement reliée à cette construction originale qu'est une union monétaire sans union politique. Si le diagnostic est aujourd'hui largement partagé – une discipline budgétaire insuffisante, une surveillance macroéconomique incomplète, une supervision bancaire trop décentralisée – les avis divergent sur les manières d'y remédier. Faut-il renforcer les règles et les sanctions ? Faut-il accomplir quelques pas supplémentaires dans la direction du fédéralisme ? Comment traiter le problème irrésolu du partage du fardeau des crises entre pays ainsi qu'entre secteur public et secteur privé ? Gênés par la complexité des processus de décision, les gouvernements des Etats-membres apparaissent parfois en retard sur le marché et en décalage par rapport à l'institution fédérale et indépendante qu'est la Banque centrale européenne. Pourtant, ils n'ont pas ménagé leurs efforts, du plan d'aide à la Grèce au futur mécanisme de stabilité financière, en passant par le Fonds européen de stabilisation financière. Ils se préparent aussi à un remodelage complet de la surveillance budgétaire et macroéconomique, dont les détails devraient être fixés en juin. Cependant, les pays dont les finances publiques sont les plus éprouvées donnent encore des signes de fragilité. Le 16 mai 2011, l'Eurogroupe a accordé une aide supplémentaire au Portugal, 3ème pays à demander un plan de sauvetage depuis 2009, tandis que le FMI accordait des " facilités de caisse " supplémentaires à l'Irlande. Le débat reste entier autour de la dette grecque sur fond d'éventuelle restructuration et de demande pressante de privatisations. Dans ce contexte de divergences persistantes des économies nationales, l'économie allemande a aujourd'hui retrouvé son niveau d'avant la crise et peut vouloir s'imposer comme le modèle le plus efficace tandis que le rythme de la croissance française paraît s'accélérer. Que vaut dans ces conditions le paradigme d'une relation franco-allemande jouant un rôle d'entraînement de la zone ? Faut-il croire au scénario d'un noyau dur (via la fédéralisation) quand ce noyau pourrait connaître des difficultés à soutenir l'activité des pays de la périphérie ? Une extension de cette même zone euro est-elle encore possible ? Comment éloigner le scénario de l'éclatement pur et simple et une dynamique de désintégration menaçant de défaire tout ce que l'Union européenne a accompli jusqu'à présent? L' " Eurosystème " dont les référents renvoient avant tout à la sphère marchande a été bâti à l'origine comme indépendant de tous les pouvoirs. Compte tenu de la situation institutionnelle particulière de la zone euro, qui peut être en 2011 le garant de la " confiance hiérarchique " ? La crise n'a-t-elle pas de facto brouillé la frontière entre pouvoir monétaire et pouvoir politique ? Le Parlement européen, acteur renforcé par le traité de Lisbonne, entend faire pleinement entendre sa voix et peser sur le devenir de l'euro. Quel est le meilleur levier pour renforcer la légitimité démocratique de la zone euro et par la-même la confiance des citoyens européens dans leur monnaie unique ? Le Conseil d'Orientation pour l'Emploi a organisé le 21 juin 2011 son colloque annuel autour du thème de la mondialisation. Après un premier bilan des conséquences de la mondialisation sur l’emploi, les intervenants se sont interrogés sur la façon dont l’Europe pouvait s’adapter à ces changements, tout en promouvant de meilleures normes sociales. Un sondage réalisé en ligne par TNS Sofres à l'occasion de ce colloque a également été présenté. Sans surprise, l’enquête souligne une vision globale de la mondialisation très partagée chez les 1200 salariés d’entreprises privées consultés à cette occasion. Si 52% d'entre eux pensent que la mondialisation de l’économie est une mauvaise chose, 60% des moins de 30 ans et même 63% des cadres y voient plutôt une bonne chose. Les salariés qui s’inquiètent des effets de la mondialisation pointent surtout la menace sur les emplois en France (74%) et les conditions de travail des salariés (71%). Deux tiers des salariés interrogés perçoivent la mondialisation comme une menace pour l’emploi et les entreprises françaises : les plus inquiets étant les ouvriers (73%), alors que les cadres sont 52% à considérer que ces changements sont bons à la fois pour les entreprises hexagonales et pour leurs salariés grâce à l’ouverture de nouveaux marchés. Après la décision du gouvernement allemand d’abandonner à terme le nucléaire et le vote au référendum italien contre l’atome, le débat pourrait rebondir en France. La question a une dimension énergétique, technologique, économique ou géopolitique, mais aussi sociale. Le cabinet PWC a réalisé une étude sur l'importance économique de la filière en France, pour le compte d'Areva. Il en ressort que le nucléaire représente 120 000 emplois directs, soit 3.7 % de l’emploi industriel total. A titre de comparaison, la filière automobile c’est à peine deux fois plus, soit 229 000 postes. PwC estime le nombre d’emplois, y compris les induits, liés au nucléaire à 410 000. L’étude de PwC s’intéresse aussi au contenu en travail de l’EPR - les réacteurs nucléaire de nouvelle génération produit par Areva. Un EPR construit en France représente 8350 emplois pendant la phase d’étude et de construction et 1650 pendant l’exploitation et le démantèlement. S’il est construit à l’étranger, ce sont « seulement » 3 750 postes qui sont créés alors en France. A titre de comparaison, au moment du Grenelle de l’environnement, le ministre Jean Louis Borloo avait prophétisé la création de centaines de milliers d’emplois verts d’ici à 2020. L'observatoire Trendeo a noté une baisse du nombre d’emplois créés dans les énergies renouvelables en France : 7 240 en 2009 et 4 383 en 2010. La cause de ce recul tient notamment au ralentissement des investissements dans la photovoltaïque. » __