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Note de conjoncture 18 - 14 décembre 2011

 

Présidentielle   Selon le sondage Ipsos/Le Monde (03/12) au premier tour : Hollande 32%, Sarkozy 25,5% (pas 25 ni 26, mais bien 25,5), Marine Le Pen 17%, Mélenchon 7,5%, Bayrou 7%, Eva Joly 6%. François Hollande devance donc toujours nettement Nicolas Sarkozy, qu'il battrait au second tour avec 60% des voix.   La cote de popularité du chef de l'Etat Selon le dernier sondage LH2/Nouvel Observateur (05 décembre), N. Sarkozy recueille 37% de bonnes opinions (inchangé) et 58% d'opinions négatives (+ 3 points). Selon l'analyse LH2, Nicolas Sarkozy continue à mobiliser le coeur de son électorat : 52% des retraités (+1), 51% des plus de 65 ans (+1) et 92% des sympathisants de l'UMP gardent une bonne opinion du chef de l'Etat. Il progresse de 20 à 38% auprès des foyers dont les revenus sont inférieurs à 1200 euros. LH2 estime que N. Sarkozy a pu bénéficier de l'image de président "protecteur" sur laquelle communique l'Elysée, et éventuellement de son discours contre "la fraude sociale" et l'assistanat. Il perd un peu plus les actifs et les moins de 50 ans : 27% des salariés du secteur public seulement lui sont favorables et à peine 32% des salariés du privé (-5 points). Il baisse également chez les CSP + (-11 points à 34%), les foyers gagnant plus de 3000 euros (-6 points à 39%), les bacs + 4 ou davantage (-6 points à 29%). Défense de l'euro et du nucléaire ne l'auront pas servi auprès de ces populations. La cote de F. Fillon chute, elle, de 4 points à 42%, trois semaines après son annonce des mesures d'austérité. Le premier ministre pâtit directement de son exposition et des mesures annoncées pour réduire le déficit budgétaire. Sa cote atteint son plus bas depuis sa nomination. Les opinions négatives progressent de 8 points à 52%. Le recul est particulièrement marqué chez les 25-34 ans (-12 points à 30%), les CSP - (-10 points à 27%) et les CSP + (-7 points à 44%). En revanche, il gagne 10 points chez les foyers gagnant moins de 1200 euros.   Sondage LH2/Le Nouvel Observateur (05/12). 42% des Français estiment le leader du MoDem plus proche politiquement du candidat PS, contre 30% qui le jugent plus proche du chef de l'Etat. A noter qu’un Français sur cinq ne se prononce pas sur cette question, un résultat qui reflète l’ambigüité de la posture de F. Bayrou. Ce résultat fait écho à l'annonce faite par F. Hollande d'accueillir F. Bayrou dans la majorité présidentielle en cas de victoire de la gauche en 2012. Ce constat est toutefois à nuancer, chaque camp, la gauche comme la droite, ayant tendance à juger le positionnement de F. Bayrou en fonction de ce qui les "arrange" en termes de stratégie électorale. Ainsi, les sympathisants du PS sont plus nombreux que la moyenne à juger F. Bayrou plus proche de F. Hollande (46%). C’est le cas également de certaines catégories de population traditionnellement plus ancrées à gauche : les 18-24 ans (57%), les salariés du public (48%). A l’inverse, les sympathisants de l’UMP sont plus nombreux que la moyenne à estimer que F. Bayrou est plus proche de N. Sarkozy (35%) – même s’ils sont plus nombreux à le juger proche de F. Hollande également (40%). Certains soutiens traditionnels de l’UMP sont également plus nombreux que la moyenne à estimer que F. Bayrou est plus proche de N. Sarkozy : c’est le cas des 65 ans et plus (37% le jugent plus proches de N.Sarkozy) et des retraités (37%). Les sympathisants du MoDem eux-mêmes : plus de la moitié d’entre eux (51%) jugent F. Bayrou plus proche politiquement de F. Hollande (vs 30% pour N. Sarkozy). Cependant , 54% des personnes interrogées préfèrerait qu’il ne donne pas de consigne de vote s'il n'était pas qualifié pour le second tour de la présidentielle. Parmi les plus réfractaires à la consigne de votes, figurent les partisans du MoDem. Près des deux tiers d’entre eux, 64% souhaitent que leur candidat reste neutre (vs 29% qui souhaitent qu’il prenne parti). Une neutralité plébiscitée par 63% des sympathisants de droite ( 58% de l’UMP). A l’inverse, les sympathisants de gauche sont plus nombreux que la moyenne à souhaiter que F. Bayrou prenne parti (41%, 51% qui souhaitent qu’il reste neutre). Les partisans du PS en particulier sont d’ailleurs les plus hésitants quant à la stratégie à adopter pendant l’entre-deux-tours (45% souhaitent qu’il prenne parti, alors que 46% souhaitent qu’il reste neutre). Pour BVA (13 décembre) Hollande 35 (-1), Sarkozy 24,5 (-0,5), Mélenchon 7 (+2) . Cet institut maintenait les intentions de vote les plus basses pour J-L. Mélenchon. Aujourd’hui, il rejoint à peu près les estimations des autres instituts. Voici d’après lui les intentions de vote dans la première semaine de décembre 2011 (entre parenthèses l’évolution par rapport à la 1ère semaine de novembre) : Hollande : 35% (-1), Sarkozy : 24,5% (-0,5), Le Pen : 17% (-1), Bayrou : 9% (+2), Mélenchon 7% (+2), Joly 3% (-2), Villepin 1% (-2). L’analyse de ces résultats par l’institut repose essentiellement sur 3 points : Avec 35% d’intentions de vote en faveur de F. Hollande contre 24,5% à N. Sarkozy, le candidat socialiste retrouve l’avance d’une dizaine de points qu’il avait début novembre. Pour le second tour, large avance de Hollande avec 59% contre 41%. « J-L. Mélenchon, qui jusqu’à présent ne parvenait pas à profiter de la nullité des scores des nouveaux candidats LO et NPA, connaît une belle poussée, gagnant 2 points pour atteindre 7% d’intentions de vote... E. Joly, à l’inverse, poursuit sa descente aux enfers, perdant encore 1 point depuis le 20 novembre dernier. Elle a divisé ainsi son score par deux depuis les polémiques sur l’accord PS-EELV. »   Selon l'Observatoire politique CSA/Les Echos (09/12), en plein cœur de la crise des dettes souveraines, la part des Français qui font confiance au Président de la République pour affronter efficacement les principaux problèmes qui se posent au pays n’est que de 38% (contre 58%), soit deux points de moins qu’en novembre. Ce résultat signifie d’abord que la forte dynamique constatée le mois dernier (+ 8 points) n’existe plus, sans pour autant que ses effets aient été annulés. Si le discours de Toulon a peut-être conforté les soutiens existants de N. Sarkozy, il n’a pas pour autant permis de compenser l’impact des mauvaises nouvelles telles que la hausse du chômage. F. Fillon est également affecté par les résultats décevants et les anticipations pessimistes, perdant trois points de confiance, ce qui le rapproche un peu plus de N. Sarkozy, avec respectivement 40% et 38% de confiance. Cette baisse est pour lui particulièrement sensible parmi les employés et les ouvriers (- 6 points, à aujourd’hui 32% de confiance). Dans le contexte actuel, il semblerait qu’il y ait un effet de seuil affectant l’exécutif, qui peine à étendre l’approbation de son action au-delà de son camp politique, phénomène qui devrait durablement affecter le jugement porté sur N. Sarkozy comme Président, mais pas nécessairement comme candidat. La première place acquise par A. Juppé dans ce baromètre tient d’abord à la dimension relativement consensuelle de son image, avec notamment 34% des sympathisants de gauche qui en ont une bonne opinion (+3 points). Elle tient aussi beaucoup à la baisse prononcée des bonnes opinions à l’égard de F. Hollande, dont le score de 46% traduit une baisse de cinq points en un mois, et de dix par rapport à octobre. La situation d’E. Joly apparaît quant à elle préoccupante, du fait non seulement d’un niveau de bonnes opinions à son égard désormais inférieur à celui dont bénéficie M. Le Pen, mais aussi d’une baisse sensible parmi les sympathisants écologistes (56%, - 20 points).   Dans un sondage LH2 pour Yahoo! (11/12), F. Bayrou est crédité de 13% des intentions de vote (+ 6 points) au 1er tour de la présidentiellequi le place en 4e position derrière F. Hollande, N. Sarkozy et M. Le Pen. Au second tour, F. Hollande battrait nettement N. Sarkozy avec 57% des intentions de vote (-1) contre 43% (+1). Au premier tour, par rapport à la dernière enquête de l'institut (18-19 novembre), F. Hollande gagnerait 1,5 point à 31,5%, N. Sarkozy en perdrait 3, à 26%, M. Le Pen reculerait de 1,5 point à 13,5%, juste devant le président du MoDem. "La poussée de F. Bayrou s'explique par un effet conjoncturel lié à sa forte médiatisation ces derniers jours: discours de candidature mercredi, intervention télévisée jeudi, sans compter qu'il se trouve courtisé depuis des semaines par la gauche comme par la droite", commente LH2. Selon l'institut, J-L. Mélenchon recueillerait 6,5% des voix (-0,5), E. Joly 4,5% (-1,5). D. de Villepin, H. Morin, C. Boutin, N. Dupont-Aignan sont crédités chacun de 1% des voix et J-P. Chevènement de 0,5%. C. Lepage et les candidats d'extrême gauche Nathalie Arthaud et P. Poutou sont donnés à moins de 0,5%.   Selon un sondage Ifop pour la FNSEA (07/12), si N. Sarkozy est le candidat préféré des agriculteurs, M. Le Pen arriverait à la deuxième place de leurs intentions de vote au premier tour de la présidentielle. Le chef de l'Etat recueillerait 37% des voix des agriculteurs, alors que la candidate du FN en obtiendrait 20. F. Hollande, avec 15 %, arriverait troisième. La présidente du Front Nationale doublerait au premier tour le score de son père en 2007 dans le monde paysan (10%). F. Bayrou, le président du Modem, perd lui 10 points par rapport à la dernière présidentielle et n'obtient que 9% des voix. J-L. Mélenchon se classe lui 5e avec 5% des votes. Les autres candidats ne dépassent pas les 3%.   UMP   12 idées pour 2012 : c’est l’intitulé des propositions que la Fondapol publie pour contribuer au débat démocratique en vue de la présidentielle. Dans sa présentation, on peut lire : « Une échéance électorale majeure, une crise financière sans précédent et une déstabilisation de l’Union européenne, sur fond de globalisation, se conjuguent pour donner à 2012 le caractère d’une année historique. D’ores et déjà, chacun devine qu’il ne s’agit pas d’une parenthèse mais d’un tournant. Notre point de vue est déterminé par une conviction : le bouleversement qui est en marche est porteur de promesses heureuses ; il faut savoir les deviner pour en favoriser l’accomplissement. Dans une interview à Atlantico (08/12), D. Reynié, son directeur général explique « que la situation de très grande crise dans laquelle nous nous trouvons actuellement permet d’ouvrir une série de possibles qui était barrée jusqu’à présent. Nous abordons des questions qui débordent du cadre partisan. Dans un tel contexte, on ne peut pas simplement demander aux Français de « faire des efforts ». Cela laisserait penser qu’il s’agit d’une contrainte temporaire à laquelle succèderait un ordre préservé ensuite. En réalité, s’il faut faire des efforts, c’est pour 10 ou 15 ans. Il faut donc changer d’existence et changer de projet. La crise actuelle n’est pas une simple parenthèse, c’est un changement de paradigme. Elle n’est pas temporaire, mais quasiment définitive. » Parmi les propositions il y a la réforme de l'Etat « Selon nous, la dépense publique doit être moins importante. L’État doit jouer un rôle différent en étant plus efficace et moins présent. Il faut redéfinir le contrat social. » Concernant les inégalités, il souligne « il existe une différence de talent, de travail ou d’engagement qui fait qu’au sein d’une société les individus ne peuvent être qu’inégaux. En revanche, nous mettons l’accent sur la Sécurité sociale : personne ne doit être contraint de vivre à un niveau inférieur d’une vie digne. Il faut lutter contre la pauvreté plutôt que de vouloir réduire les inégalités. Notre crise est aussi une crise de l’excès de dépenses. Les dépenses sociales représentent en France de l’ordre de 600 milliards par an. Il va donc falloir les réduire. Ainsi, nous proposons de les réduire les dépenses de santé par la mise en place d’une franchise annuelle à hauteur de 2% du revenu des ménages.. Bien sûr, cela suppose de développer les mutuelles qui prendront en charge ce coût. » Ces mesures doivent être tournées vers les plus « nécessiteux ». D. Reynié remarque « Il s’agit principalement des classes populaires. Les « classes moyennes inférieures » glissent en effet vers les classes populaires et correspondent donc à une cible importante. Mais les classes populaires ne le sont pas moins. » Le document aborde le multiculturalisme. « Nous avons un chapitre intitulé « oui à la diversité, non au multiculturalisme ». « Une société multiculturelle s’est installée de fait en France et en Europe. Les Français n’y ont pas été préparés.. Cela a eu pour effet de donner aux partis populistes le monopole de la parole sur ce sujet et de ne pas préparer les citoyens à cette question. » D'autres propositions sont avancées, soulignent-ils « Par exemple, nous proposons d’introduire le tirage au sort dans notre démocratie. Dans les villes de plus de 3500 habitants, nous souhaiterions que 10% des conseillers municipaux soient tirés au sort parmi une liste de citoyens candidats. Les partis politiques sont bien évidemment nécessaires, l’élection comme processus compétitif l’est également, mais il faut tempérer ces mécanismes, dont on connaît les défauts en terme d’auto-reproduction des élites et de conservatisme, par une formule qui permet de donner à voir ce qu’est une société réelle. » Charles Beigbeder, secrétaire national de l'UMP, est vice-président de la Fondapol dans une tribune (Les Echos 13/12) s'interroge sur l'automaticité de l'augmentation des retraites sur l'inflation. Selon lui, « Il ne s'agit pas de toucher au coeur de la pension qui reste inchangée mais bien de ne pas l'augmenter automatiquement d'un coup de baguette magique chaque 1er avril. Les économies possibles sont très importantes. Des simulations montrent que désindexer les retraites au-delà de 1.000 euros par mois rapporterait environ 68 milliards sur la période 2012-2017, soit plus de 13,5 milliards par an. Il faut dire que l'enjeu est de taille, la France ayant consacré pas moins de 279 milliards d'euros pour verser les pensions de retraite en 2010. Or les finances publiques ne peuvent pas supporter une telle dépense et nous devons donc emprunter pour financer le niveau de vie actuel des retraités en transférant l'obligation de rembourser aux générations futures. Ne rien faire, c'est condamner à moyen terme, le système - qu'il faut préserver -à l'implosion, privant du même coup des millions de retraités de leur pension ou les réduisant drastiquement. A titre d'exemple, lors de l'élaboration de la loi de Finances 2012, le gouvernement portugais a même proposé au Parlement une réduction des retraites supérieures à 1.000 euros. D'ailleurs, un chiffre peu avantageux rassemble France et Italie, ce sont les deux pays de l'OCDE qui consacrent le plus d'argent aux retraites, respectivement 14,4 % et 14 % du PIB en 2010 contre seulement 10 % en Suède ou en Allemagne. Il y a donc des marges de manoeuvre importantes pour mieux gérer nos retraites sans pénaliser les plus démunis. Dans son discours le 1er décembre à Toulon, le chef de l'Etat a présenté les grandes lignes de sa politique pour sortir de la crise. Au programme : la convergence avec l'Allemagne, maîtrise des dépenses et réforme du financement de la protection sociale. Toulon se prête décidément aux grands discours de politique économique . En 2008, c'est là que le président de la République avait appelé à la moralisation du système financier et à la refonte du capitalisme. Là aussi où il avait juré de protéger les Français de la crise bancaire. Trois ans après, Nicolas Sarkozy s'est prêté encore une fois à l'exercice en détaillant à nouveau sa vision économique - et son programme - pour sortir de la crise. Mais cette fois-ci, la situation est encore plus grave. « Aujourd'hui, la peur est revenue », assure le chef de l'Etat, qui fustige « cette peur qui détruit la confiance, qui paralyse le consommateur, qui empêche l'entrepreneur d'investir ». Pour la surmonter, Nicolas Sarkozy prône un discours de « vérité », alors que l'Europe traverse « la pire des crises économiques depuis trois quart de siècle ». Il n'est plus guère question de rassurer les Français. Cette vérité pour le chef de l'Etat, c'est qu'un « nouveau cycle économique commence », qui sera « bien différent du précédent ». « Le cycle qui s'annonce sera un cycle de désendettement, qui ramènera le balancier de l'économie vers le travail et la production que les pays développés avaient trop sacrifiés », assure Nicolas Sarkozy, pour qui ce nouveau cycle est "une véritable révolution". Pour préparer le pays à ce nouveau cycle de croissance, le chef de l'Etat entend faire le « choix de l'effort et de la maîtrise de nos dépenses » mais aussi du « travail ». Car « depuis des décennies, nous dépensons trop et souvent mal », assure le chef de l'Etat qui défend le maintien de la règle du non-renouvellement d'un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique. Des efforts qui doivent intervenir alors que, le chef de l'Etat le reconnait, « beaucoup de Français souffrent malgré les mesures prises depuis trois ans ». Mais « entre la baisse des pensions de retraites et travailler plus longtemps, je choisis travailler plus longtemps », jure le chef de l'Etat qui se fait plus polémique quand il attaque les 35 heures ou la retraite à 60 ans, « des fautes graves qu'il faut réparer ». Pour mettre en phase l'économie française avec les « conditions de notre époque », N. Sarkozy veut aussi ouvrir le chantier du financement de la protection sociale, dont la réforme est une « urgence absolue ». « Nous ne pouvons pas financer notre protection sociale en prélevant uniquement sur les salaires quand les frontières sont plus ouvertes », juge-t-il. Pour sortir de la crise, pas question par contre de toucher aux allégements sur les heures supplémentaires. Autre dossier délicat : celui de l'emploi. N. Sarkozy a annoncé qu'il inviterait tous les partenaires sociaux en janvier pour un sommet de l'emploi où ils devront « apporter des propositions et avoir le courage de lever les tabous sur les freins de la compétitivité française ». Car pour le chef de l'Etat, « on n'a pas tout essayé sur l'emploi » même s'il reconnait que seule la croissance viendra à bout du chômage. Mais c'est surtout sur l'Europe que le discours de N. Sarkozy s'est fait le plus précis. Rappelant fermement que « l'isolement n'est pas la solution », il a appelé à « refonder l'Europe ». Le président français partage avec A. Merkel, la chancelière allemande attendue lundi à l'Elysée, une même ambition : négocier un nouveau traité européen, qui redéfinisse les règles du jeu dans la zone euro. Pour sortir de la crise, le président croit fermement à la convergence avec l'Allemagne, un choix sur lequel il « n'entend pas revenir ». Au passage, N. Sarkozy a critiqué le « dumping social et fiscal » qui existe au sein de ses Etats membres. « L'Europe ne peut pas laisser ses groupes industriels à la merci de tous les prédateurs du monde parce qu'elle les interdit de se regrouper au nom d'une fausse conception de la concurrence », a encore attaqué le chef de l'Etat, qui exhorte Bruxelles à « ne pas ignorer l'absolue nécessité d'une politique industrielle » et à défendre pied à pied ses intérêts commerciaux dans ses relations avec ses autres partenaires économiques. Pour renforcer la discipline budgétaire, il prône aussi l'adoption de la règle d'or budgétaire par tous les pays de la zone euro, y compris en France « idéalement avant l'élection présidentielle » alors que le PS y est opposé. A quelques mois de la campagne présidentielle, N. Sarkozy lance les hostilités. (Unisenouvelle.com 01/12) Commentaire de P. Devedjian : « Le président aura à cœur de montrer qu'il n'y a pas de contradiction entre la préservation de l'unité nationale et le renforcement de l'intégration européenne», explique-t-il. Il s'efforcera de dépasser les clivages traditionnels entre la France du oui et celle du non à l'Europe, notamment en défendant la nécessité d'une Europe plus intergouvernementale que communautaire. En remettant sur la table le thème de la règle d'or, N. Sarkozy entend mettre F. Hollande devant ses contradictions. «Sarkozy impose à nouveau son tempo et ses thèmes. Il met Hollande dans une situation difficile, celle de dire qu'il est en désaccord avec Sarkozy et avec l'Allemagne de Merkel», observe P. Devedjian. (Le Figaro 30/11) "L'injonction paradoxale", l'arme secrète du chef de l'Etat. Comme toujours, notre Président y va franco de port, occupe tous les terrains, ne laisse de la place à son malheureux Premier ministre ou à son ministre du Travail que pour annoncer les mauvaises nouvelles. L’austérité et le chômage, c’est pour eux. A lui, le combat de rues, le terrain tous azimuts. Il court les catégories sociales au sprint. Paysans, ouvriers, employés de bureau, policiers, gendarmes, techniciens supérieurs, ingénieurs, techniciens de l’atome voient passer la fusée Sarko, ébahis et frustrés. La méthode, malgré une impopularité réelle, fonctionne toujours. Car ce président a une arme redoutable quand il part au combat électoral, qu’il ne faut surtout pas négliger : l’injonction paradoxale. Appelons la "l’IP". L’expression rebute au début, mais on s’y fait. Ellle a été conceptualisée par Paul Watzalawick, sémiologue américain de l'école de Palo Alto (Californie). Petite explication de texte : une injonction paradoxale, une IP, consiste à interpeller l’adversaire par une provocation délibérée. Exemple : un dirigeant socialiste ou un magistrat s’interroge sur l’efficacité des bracelets électroniques sur certains délinquants. N. Sarkozy lui lance alors : « Vous voulez que les tous les criminels soient livrés à eux-mêmes dans la rue ? » On pourrait ajouter « Ils pourraient agresser vos propres enfants ! C’est ça que vous voulez ? » Ou bien, comme dans le cas de l’accord du PS et des écologistes sur la réduction des réacteurs nucléaires, N. Sarkozy part à l’abordage : « Vous mettez en danger l’indépendance nationale ! » Traduisez : vous livrez la France à l’ennemi extérieur. Dans tous les cas de figure, le malheureux « interpellé », victime d’IP, se retrouve en position défensive, et ne peut que s’embrouiller. Comment répondre à ce traquenard rhétorique ? Cas 1 : on bafouille que ce n’est pas ce qu’on a voulu dire et on rame désespérément pour revenir dans le jeu. Cas 2 : on fait l’impasse sur l’agression et on fait de la pédagogie. Dans les deux cas, l’homme vertueux est renvoyé dans les cordes et a perdu la main. En terme d’image, il est à la ramasse. On peut trouver mille exemples de cette technique de communication dont l’hôte de l’Elysée use et abuse avec une habileté dévastatrice. Il ne l’a pas inventée, pourtant. Il a même chipée l’IP à un certain Bernard Tapie, pionnier, en France, de l’injonction paradoxale. Et les socialistes, François Hollande en tête, ne trouvent pas la réponse à cette technique de joueur de bonneteau qui consiste à déplacer le débat là où on veut. « Le problème de l’IP, précise Jean-Marc Lech, patron d’IPSOS, c’est que celui qui la maîtrise part d’une tête d’épingle et vous renvoie dans un buisson d’épingles. Il globalise un sujet technique pour en faire une question émotionnelle. Dans ce registre, les socialistes n’ont pas l’ADN pour contrarier ce qui est de la démagogie ». Motif de ce retard à l’allumage des dirigeants du PS ? Ils sont trop petits profs, trop didactiques, pour ne pas dire trop naïfs… Ils font de la pédagogie pendant que leurs adversaires font de la démagogie. Alors, comment riposter aux adeptes de l‘injonction paradoxale ? En les imitant ? Peut-être bien que oui… Exemple à méditer par les think tanks chargés de la communication du candidat socialiste : quand la droite prétend que les responsables de la gauche vont mettre en danger l’indépendance énergétique de la France en réduisant le programme nucléaire, au lieu de répondre que telle n’est pas leur volonté, ils pourraient contre-attaquer en rétorquant au bazooka : « Quoi, vous voulez que tous les Français soient irradiés ? » (Serge Raffy. Le Nouvel Observateur 29/11) Convention sur l'Europe En temps de crise, «personne d’autre n’est capable, dans les autres partis, de fournir une doctrine au service des Français», lance J-F. Copé, secrétaire général de l’UMP, lors de la troisième et dernière convention du parti présidentiel «de l’ambition». Et la doctrine de l’UMP - alors que la crise de la zone euro bat son plein - consacre la réforme des institutions européennes et le renforcement du partenariat franco-allemand. La convention, qui rassemble quelque centaines de militants, -et pas mal de chaises vides-, a accueilli plusieurs ministres et une «star». La ministre allemande du Travail et des Affaires sociales, la conservatrice (CDU) Ursula Von der Leyen a fait le trajet depuis l’Outre-Rhin pour appuyer la stratégie franco-allemande des dirigeants A. Merkel et N. Sarkozy. S’exprimant dans un français parfait, la ministre rappelle qu’«il est de notre devoir de ne pas gâcher le projet européen», et que «durant cette crise, nous devons nous renouveler sans cesse». La cantate de la lune de miel est alimentée par le germanophile ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire, qui note, vibrant, qu’avec l’Allemagne, «ce n’est pas un mariage de raison, mais un mariage de cœur». Face à la crise et «aux méfaits de la mondialisation», l’UMP propose d’«affermir» «la préférence communautaire» de la politique agricole commune (PAC) et instaurer, aux frontières européennes, une «taxe réciprocité» sur les produits entrant sur le marché européen. Le but de cette taxe est de «corriger les phénomènes de concurrence déloyale de la part de pays n’ayant pas les mêmes normes sociales, environnementales, mais également économiques (contrôle des aides d’Etat…) que l’Europe», selon un document du parti. Une réciprocité qui est, aux yeux de la déléguée générale adjointe de l’UMP Valérie Rosso-Debord, «juste une équité qui est demandée». Sur la base d’une «fiscalité modulée», cette taxe intégrerait notamment une «taxe carbone», et s’appuierait sur des normes de l'Organisation internationale du travail, de la Convention sur la diversité biologique, ou encore du Protocole de Kyoto. L’UMP propose en outre un «gouvernement économique de l’euro», en plus d’un «Parlement de la zone euro» afin de créer «un plus et un mieux d’Europe», indique Jean Leonetti, ministre chargé des Affaires européennes. Concluant la soirée, le ministre des Affaires étrangères A. Juppé n’a pas hésité à tacler les socialistes. «Il faut être quand même français pour inventer ce concept extraordinaire de la démondialisation», a lancé le ministre à l’intention d’A. Montebourg, avant d’attaquer les propositions PS sur les retraites et la réforme du modèle social. Mais si la crise est grave, le ministre a néanmoins balayé quelques perspectives d’espoirs: «Nos atouts sont immenses», avance-t-il, grâce à «démographie» française pétulante, «la capacité d’innovation et d’entreprises intactes », «le crédit impôt-recherche», mais aussi grâce à «la qualité de notre jeunesse». Jean-François Copé "Le prochain quinquennat sera celui d'une nouvelle gouvernance en Europe. Nous ne pouvons plus fonctionner comme ça, il faut remettre un certain nombre de règles sur la table", a lancé le numéro un de l'UMP, J-F. Copé, en s'inscrivant dans les pas de M. Sarkozy. Si elle refuse la "démondialisation", chère à A. Montebourg (PS), et le "repli sur soi", l'UMP réclame elle aussi la mise en place de mesures relevant du protectionnisme pour lutter contre "la concurrence déloyale": "taxe réciprocité" aux frontières de l'UE sur les produits importés, modulée en fonction du respect des normes sociales et environnementales, et refus de l'accès aux marchés publics européens en l'absence de réciprocité. Surtout, au lendemain de l'accord Sarkozy-Merkel censé répondre à la crise de l'Europe, l'UMP a accentué la pression sur le PS en dénonçant une nouvelle fois sa "germanophobie" et son refus de voter la règle d'or budgétaire. Alors que M. Copé a repris le credo de l'"irresponsabilité" de François Hollande, le ministre Bruno Le Maire, en charge du projet UMP, a lui affirmé que "la grande famille européenne en France, ce n'est désormais plus le PS, mais l'UMP". "La famille politique qui respecte l'Allemagne, ce n'est plus le PS qui dénigre l'Allemagne matin, midi et soir, c'est l'UMP", a-t-il ajouté. Discours de clôture de Juppé. "Il y a trois mois, il faut bien le dire, le doute rongeait les coeurs, aujourd'hui l'espoir est revenu", notamment en raison de "la faiblesse du candidat socialiste", a-t-il lancé en clôture de la convention nationale de l'UMP sur son projet pour 2012. F. Hollande "est empêtré dans des alliances improbables", "hésite à fixer le cap d'un projet pour la France, qu'il s'agisse de la politique énergétique, de la refondation de l'Europe, de la place de la France à l'Onu... Ca flotte, ça flotte beaucoup et c'est un peu inquiétant pour quelqu'un qui veut exercer la magistrature suprême", a ajouté le maire de Bordeaux. Lundi, à Berlin, M. Hollande a, dans "un petit discours", "juré ses grands dieux que s'il était élu --il s'y voit déjà, vous le savez-- en 2013, la France serait à 3% de déficit et à zéro en 2017". "Et puis il est revenu à Paris et là, il a retrouvé son projet politique", dont "300.000 emplois aidés, 60.000 professeurs supplémentaires et la retraite à 60 ans". "Il n'y a aucun autre parti en campagne électorale en Europe qui promette d'abaisser l'âge de la retraite. Tous annoncent qu'ils vont l'augmenter. Nous, chez nous, on est géniaux en France, on va l'abaisser !", a ironisé M. Juppé. "A un moment, on ne peut pas raconter n'importe quoi et on ne peut pas dire, à Berlin, qu'on va respecter les 3% et, à Paris, qu'on va abaisser la retraite à 60 ans", a-t-il poursuivi. (AFP 06/12)   L’Institut de l’entreprise a chiffré les propositions de l'UMP pour la jeunesse dans le cadre de la campagne présidentielle. Il a publié les résultats vendredi 2 décembre sur son site Débat&Co.

  • Service civique obligatoire : entre 3,9 et 4 milliards d’euros : 15.000 personnes ont réalisé un service civique en 2011, pour un coût de 97,4 millions d'euros. En prenant pour hypothèse une durée de 6 mois, le service civique obligatoire pourrait concerner 800.000 appelés par an. "A court terme, cette mesure devrait diminuer le taux de chômage de 0,3 à 0,4 point", précise l’Institut de l’entreprise.
  • Réorganiser les rythmes scolaires : 1,8 milliard d’euros. L’UMP propose notamment d’allonger l’année scolaire de deux semaines, de rendre obligatoire la semaine de quatre jours et demi et de mettre en place une étude personnalisée, obligatoire pour tous les élèves. Selon les options retenues, le coût d’une telle réforme varie entre 0,9 et 2,9 milliards d’euros.
  • Porter le nombre d’apprentis à un million sur cinq ans : 0,5 milliards d’euros. Actuellement, le nombre de jeunes en alternance est légèrement inférieur à 600.000. Le gouvernement a lancé cette année un plan visant à le porter à 800.000 en 2015. La proposition de l’UMP suppose donc d’augmenter de 200.000 le nombre d’apprentis à l’horizon 2017.
  • Instauration d’une semaine "Défense et citoyenneté" : 0,4 milliards d’euros. Elle viendrait remplacer la journée d’appel actuelle, qui accueille environ 750.000 jeunes chaque année.
  • Créer un prêt étudiant à remboursement différé : entre 158 et 592 millions d’euros. Ce prêt à taux zéro pourrait atteindre 20.000 euros. Son remboursement commencerait une fois les études terminées. (Nouvelobs.com 06/12)
D'autres chiffrages annoncés. Lors des élections de 2007, l'Institut de l'Entreprise, présidé alors par Michel Pébereau, le patron de BNP Paribas, avait mis en place une structure bipartisane pour évaluer le coût des programmes des principaux candidats. Il recommence cette année, concurrencé par d'autres "agences de notation politiques". Chacune vante la transparence de sa méthode. Eudoxe Denis, directeur des études à l'Institut de l'Entreprise, revendique la "complète neutralité" de son dispositif, composé de quatre hauts fonctionnaires de couleurs politiques diverses, rompus à la mécanique budgétaire. Classé à droite, l'Ifrap, dont un des principes fondateurs est la "lutte contre la bureaucratie", prétend ne vouloir "céder ni à la complaisance ni à la caricature". L'Institut Montaigne, un club de réflexion libéral fondé par l'ancien président d'Axa Claude Bébéar, présente sa démarche dans un "esprit constructif" de "rigueur, transparence et impartialité". Enfin, l'Ecole d'Economie de Paris va créer l'Institut des Politiques publiques (IPP) sur le modèle de l'Institute for Fiscal Studies, un centre de recherche faisant foi au Royaume-Uni. Pour l'instant, les calculs de ces cellules sont cohérents. Sur la proposition socialiste de créer 60.000 postes dans l'Education nationale, par exemple, ils sont unanimes : 1,9 milliard d'euros en rythme de croisière. "Les chiffrages sont plus crédibles s'ils convergent", affirme Antoine Bozio, de l'IPP. Pas sûr que les instituts restent d'accord tout au long de la campagne. Se posera alors la question de leur indépendance. La plupart revendiquent leur mode de financement privé. Ce n'est pas un gage suffisant pour Antoine Bozio, dont l'IPP, bénéficiant de fonds publics, donnera l'unique point de vue universitaire. L'OFCE, le centre d'économie de Sciences-Po, ne participera pas en effet à l'exercice, le jugeant trop "comptable". (Nouvelobs.com 30/11) Campagne électorale   Le Parti socialiste va lancer prochainement une opération de mobilisation des quelque 680 000 électeurs ayant laissé leurs coordonnées lors de la primaire des 9 et 16 octobre, pour participer à la campagne présidentielle de François Hollande, a annoncé le numéro deux du PS Harlem Désir. "Très prochainement, ces électeurs recevront par e-mail un message de mobilisation les incitant à devenir des activistes de la campagne de François Hollande", a indiqué Harlem Désir. "Newsletters, messages du candidat, argumentaires, outils de campagne, courriers spéciaux sur les déplacements de François Hollande" seront mis à leur disposition, a indiqué l'eurodéputé, qui avait assuré l'intérim à la tête du PS le temps de la campagne de la primaire dans laquelle Martine Aubry était engagée. Objectif : utiliser ce vivier militant, bien supérieur aux quelque 200 000 adhérents du PS, pour en faire des relais actifs de la campagne sur le terrain. La primaire PS avait mobilisé plus de 2,5 millions de votants au 1er tour plus de 2,8 au 2e tour, les 9 et 16 octobre. Environ 680 000 d'entre eux avaient accepté de laisser leurs coordonnées au moment du vote, se disant d'accord pour être recontactés pour la campagne du vainqueur de la compétition. (Le Point.fr 02/12)   La réindustrialisation sera un thème central en 2012, annonce une note d’étude de Jérôme Fourquet, directeur du département "Opinion et stratégies d’entreprise" de l’Ifop. Selon lui, « Dans les années 1970-1980, une première vague de désindustrialisation a touché la France. Les industries charbonnières et textiles, des fleurons à l’époque, furent délocalisés. Mais on se disait qu’il nous restait des secteurs d’excellences comme l’automobile. Aujourd’hui, la balance commerciale de ce secteur est devenue déficitaire. Renault par exemple produit ses petites voitures en dehors du sol français. L’industrie est en train de vivre une deuxième vague de délocalisation. Les Français ont été marqués par la fermeture de l’usine de Gandrange d’Arcelor Mittal, puis ensuite la litanie des Conti, des Molex et, dans une moindre mesure, des Caterpillar. Et au fil des fermetures d’usines, il y a une prise de conscience dans la durée pour l’opinion publique. A chaque fermeture ce sont des centaines d’emplois qui partent à la casse. La répétition, l’enchaînement de plus en plus rapide de ces fermetures, les sous-traitants qui sont touchés et des régions entières qui connaissent un chômage de masse frappent les esprits. L’industrie a certes déjà payé un lourd tribut dans les années 1970 mais cette fois-ci on atteint l’os. La fonction vitale commence à être touchée. » Il poursuit « Dans les années 1990, le discours dominant donnait la part belle aux services et à la finance, en suivant le modèle de l’Angleterre. Aujourd’hui, nous sommes revenus de cette chimère. Les politiques ont changé leur fusil d’épaule et sont loin de jurer simplement par les services. Par ailleurs, l’industrie a toujours conservé une image valorisante liée à la question de puissance. On parle de « pays industrialisés » pour désigner les « pays développés ». Dans l’histoire de France, le paquebot France, le Concorde, son industrie métallurgiste fut autant de sources de fierté, les symboles d’une France industrieuse et industrielle. La dimension humaine, création d’emplois, est aussi une donnée importante et sensible quand on touche à ce secteur. » Il remarque que les politiques s’emparent du sujet pour la campagne de 2012. « Ils savent qu’il y a des attentes fortes de la part de la population. Il y a de fortes chances que les visites d’usines soient des étapes importantes dans la campagne. Par exemple, F. Hollande (PS) était au Creusot, mercredi 7 décembre, un symbole de l’industrie française. Il ne veut pas perdre l’électorat traditionnel socialiste que constituent les ouvriers. L'accord entre le Parti socialiste et Europe écologie les Vert (EELV) est un danger pour lui. Le couac sur le MOX a permis à N. Sarkozy de se réaffirmer comme le protecteur de l’industrie en rappelant les emplois liés à cette filière. Le président sortant avait déjà raflé le vote des ouvriers en 2007 en se positionnant comme le candidat des usines. Cette fois-ci, il est très probable qu’il utilise un discours politique du genre "certains en parlent, nous, nous l’avons fait" en évoquant le Fonds stratégiques d’investissement (FSI) et, même s’il a évolué, le Crédit impôt recherche (CIR). F. Bayrou avait fait de la dette son cheval de bataille pour 2007. Cette fois ce sera l’industrie, avec un fort accent mis sur le « Made in France ». Son programme est intitulé « instruire et produire ». Il est sûr que l’industrie sera au cœur de ses promesses. Côté extrême, le FN parle d’industrie sur le ton de la dénonciation. M. Le Pen critique les décisions du gouvernement et surtout condamne la mondialisation qui a cassé nos filières industrielles. Pour elle, sauver notre industrie passe par un protectionnisme, un retour au Franc et l'évolution du système capitaliste. Le Front de gauche propose aussi de changer de modèle. Finalement, chacun à leur manière, tout le spectre politique embrasse la question de l’industrie. » Ils voient plusieurs leviers pour pour encourager la réindustrialisation. « Tout d’abord, le discours politique en est un. Remettre l’industrie au centre de la sphère publique est le meilleur moyen de susciter des vocations. Si les jeunes pensent que l’industrie a un avenir et que celle-ci est revalorisée, c’est le meilleur moyen de lutter contre la désaffection des ingénieurs. Le « Made in France » dont s’empare F. Bayrou en est un. Il est loin d’être nouveau. Déjà, dans les années 1980, le PC scandait « achetez français, produisez français ». Il y a l’outil de la protection douanière contre le dumping social, la réflexion sur la TVA anti-délocalisation. Le CIR est aussi un outil mis en place récemment. L’allégement de la taxe professionnelle qui touchait principalement les industriels va aussi en ce sens. L’Etat peut jouer un rôle en tant qu’actionnaire, rentrer au capital de certaines entreprises jugées stratégiques. Il y a une palette d’interventions qui peuvent être menées et les politiques sont prêts à le faire. Un carcan a sauté concernant l’aide de l’Etat à l’industrie. Il conclut « Malgré la rigueur, l’industrie a le pouvoir d’obtenir plus de soutiens qu’auparavant. En tant que secteur, elle peut se réjouir de voir ses difficultés prises en compte par l’opinion publique. Le sujet devient primordial et c’est une bonne opportunité pour pousser les dossiers stratégiques en haut de la pile. Il faut simplement ne pas louper le coche. » La note de Jérôme Fourquet  : Les Français et la réindustrialisation « Depuis 1993, année de publication de mon premier rapport sur les délocalisations d’activités et d’emplois, j’appelle de mes vœux l’incontournable débat sur les enjeux de la mondialisation. Pour le provoquer, j’ai tenu d’emblée à avancer des propositions de réforme dont la plus emblématique vise à supprimer les impôts de production, notamment les charges pesant sur les salaires. Comme il convenait déjà de ne pas dégrader le déficit public, la seule compensation soutenable aboutissait à une hausse significative du taux de TVA. » Arthuis Jean (Libération 01/12)   La chasse au vote populaire est lancée. La jeunesse et les classes moyennes ont (presque) disparu des discours politiques. C'est là l'un des premiers signes du démarrage de la campagne présidentielle : les candidats déclarés ou potentiels sont revenus depuis quelques jours au principe électoral de base qui veut qu'« aucune présidentielle ne puisse se gagner sans le peuple », selon la formule du politologue P. Perrineau (directeur du Cevipof). La danse du ventre pour séduire l'électorat populaire vient de commencer. Avec ce curieux paradoxe d'ailleurs qui veut que la France se désindustrialise à vitesse grand V sans que cet électorat ne perde son caractère stratégique. Les ouvriers et employés représentent 43 % du corps électoral. Mais, surtout, ils jouent, dans la culture politique française, un rôle de moteur électoral supérieur à leur poids réel. « Dans le récit national, le « peuple » c'est par extension l'ensemble de la population française », affirme le socialiste François Kalfon, spécialiste de l'opinion et auteur d'un « Plaidoyer pour une gauche populaire » (1). « Lors du référendum européen de 2005, l'hostilité des ouvriers au traité avait fini par entraîner la majorité des électeurs. » Constat partagé à droite. « Le candidat ne peut gagner sans le coeur des classes actives, qui vit tous les problèmes à la fois : le travail, l'éducation pour ses enfants, la retraite de ses parents... », analyse Julien Vaulpré, ancien conseiller opinion à l'Elysée et directeur général de Taddeo. Mais un constat partagé n'est pas fait pour simplifier les choses. N. Sarkozy et M. Le Pen ne sont plus seuls à s'arracher cet électorat. Le PS a décidé de partir à sa reconquête. « La gauche a perdu les élections des années 2000 (L. Jospin puis S. Royal) pour s'être « décentrée », pour n'avoir pas paru répondre aux problèmes de désindustrialisation, de pouvoir d'achat et de logement », explique François Kalfon. N. Sarkozy avait fait campagne en 2007 dans les usines, pour « la France qui se lève tôt » ; F. Hollande lui emboîte le pas. L'électorat y sera-t-il sensible ? Rien n'est moins sûr. Cette course « tripolaire » UMP-PS-FN au vote populaire, selon le terme de B. Hortefeux, s'engage à un moment où ces catégories semblent plus rétives que jamais aux sirènes politiques. Depuis 2007, les études se sont succédé pour les décrire « trahies » par les promesses passées (l'Ifop -Fondation Jean-Jaurès), « défiantes » vis-à-vis du politique (Cevipof) et plus que jamais enclines au vote extrême et à l'abstention. Ce qu'ont confirmé les élections locales du quinquennat. C'est donc un peu à l'aveugle que les trois partis engagent leur pêche à un électorat en déshérence. La tâche est particulièrement compliquée pour N. Sarkozy, qui porte le poids de la déception qu'il a pu susciter après l'espoir de 2007. Il y a cinq ans, il avait réussi, grâce au « travailler plus pour gagner plus » notamment, à rallier au second tour 7 électeurs du FN sur 10 : selon les estimations de l'UMP, il n'en recueillerait aujourd'hui que 3 sur 10, contre 2 à F. Hollande et 5 qui ne viendraient pas voter. Pour y remédier, difficile de rejouer la partition sécuritaire de 2007, même si l'immigration doit figurer en bonne place dans la campagne. Le chef de l'Etat se pose en « capitaine protecteur » dans la tempête économique, ayant bien en main les leviers de l'action. Son pari : les classes populaires ont avant tout besoin d'être rassurées et retiendront davantage sa capacité à gérer la situation que le discours antidette et européiste imposé par la crise. Il entend aussi ne rien lâcher des faux-pas que pourrait commettre le PS sur les sujets de société. Le vote des étrangers aux élections locales en est un, selon lui, contre lequel il n'a pas fini de batailler. F. Hollande joue, lui, la carte de la confiance renouée, en remettant la France au coeur du discours socialiste et en s'attardant sur deux préoccupations majeures des catégories populaires, telles que le relèvent les sondages : le pouvoir d'achat et le désir de plus de justice. Sa réforme fiscale, en particulier, y répondra. M. Le Pen n'a pas forcément les mêmes réserves. Barrage au droit de vote des étrangers, fermeture des frontières, priorité à la réindustrialisation du pays et critique au vitriol contre l'accord franco-allemand, la présidente du Front national a beau chercher à gagner en respectabilité, elle joue l'exutoire protestataire sans faux-semblant. Dans un récent sondage BVA, 43 % des ouvriers semblaient prêts à voter pour elle au premier tour de la présidentielle, contre 20 % à F. Hollande et 22 % à N. Sarkozy. Les partis de gouvernement réussiront-ils à retrouver l'oreille des classes populaires, ou du moins d'une partie d'entre elles, d'ici à l'élection d'avril-mai ? Le défi est considérable. Dans un contexte de crise économique qui rime avec efforts et restructurations. Dans un contexte de crise politique qui rend les électeurs de plus en plus sceptiques face aux opérations de charme électorales. (Les Echos 07/12)   La colère sourde des Français « invisibles ». Les politologues sont convaincus que la clé de l'élection de 2012 est détenue par une population rurale et périurbaine. Exposée à la mondialisation et abandonnée par la démocratie, la société française se fissure, une partie fait le constat d'un «  abandon démocratique ». C'est la «  France des invisibles », la «  France d'à côté », celle qu'on n'entend pas, dont on ne relaie pas les colères et qui se sent de moins en moins représentée. Avec des outils d'analyse différents, des sociologues, des géographes, des politologues et des spécialistes de l'opinion travaillant pour des institutions différentes et parfois concurrentes arrivent au même diagnostic. A cinq mois de l'élection présidentielle, ils partagent la même conviction : la clé de l'élection se trouve dans la réponse que les candidats sauront apporter à cette partie de l'électorat, de plus en plus nombreuse, qui oscille entre colère sourde et résignation rageuse. « Une rupture d'ordre existentiel s'est produite », affirme le sociologue et sondeur F. Miquet-Marty, qui vient de publier Les Oubliés de la démocratie (Michalon, 304 p., 17 €). Des franges de plus en plus larges de la population ont le sentiment que ce qu'elles vivent n'est relayé par personne. Alain Mergier fait le même constat. Le regard qu'il porte sur la société française est beaucoup plus inquiétant. Plus que jamais, explique-t-il, s'est installée l'idée que « deux France suivent des chemins opposés ». L'image n'est plus, comme il y a encore quelques années, celle d'une « société à deux vitesses », dont une partie profiterait plus que l'autre des fruits de la croissance. Désormais, « une partie de la société a le sentiment qu'elle fait marche arrière parce que l'autre fait marche avant », explique M. Mergier. Ce sentiment de « faire marche arrière », combien sont-ils au juste à le partager ? « Jusqu'au milieu des années 2000, on pouvait dire que c'était l'apanage des milieux populaires », répond M. Mergier. Grosso modo la France du « non » parce qu'elle se sentait perdante dans la mondialisation. « Aujourd'hui, une partie des classes moyennes est touchée », ajoute-t-il, tout en convenant qu'une définition socio-économique est insuffisante. Plus encore que le niveau de revenu en tant que tel, c'est l'image que se font les individus de leur place dans la société qui importe. « La puissance des marchés a engendré un malaise existentiel et diffus. Même certains cadres sont touchés : ils ont le sentiment de subir aujourd'hui une perte de leur valeur personnelle, car l'obligation de rentabilité à court terme remet en cause leur travail », explique M. Mergier. Pour cerner les contours de cette société hantée par la perte d'identité et la crainte du déclassement, Christophe Guilluy dessine des cartes. Ce géographe distingue deux France. La première est celle des « 25 grandes métropoles qui profitent de la dynamique de la mondialisation ». Elles vivent un double phénomène d'embourgeoisement et d'immigration. La seconde France inclut l'essentiel du monde rural et périurbain, mais aussi de très nombreuses villes moyennes, touchées par la désindustrialisation et les plans sociaux à répétition. Selon M. Guilly, cette « France périphérique », caractérisée par « une part plus importante des ouvriers et des employés dans la population, un taux de chômage et d'emploi partiel supérieur à la moyenne nationale et un revenu moyen inférieur au revenu médian », concentrerait environ 65 % de la population. Elle accueille des natifs, mais aussi des migrants qui n'ont pu trouver leur place dans les grandes métropoles. L'Ouest, par exemple, a connu récemment d'importants mouvements de population, mais « c'est une géographie qui va se figer, car les logiques foncières sont très fortes : une fois que vous avez quitté la ville, vous n'y revenez plus », explique le géographe. C'est la raison pour laquelle il ne croit plus à la notion de classes moyennes. « On assiste à la réémergence des classes populaires, à qui on répète depuis vingt-cinq ans qu'elles vont profiter de la mondialisation et qui, en réalité, sont en situation de précarité sociale, éloignées des endroits importants et de l'offre scolaire la plus qualifiée. Si l'usine du coin ferme, elles dégringolent. La crise valide leur crainte de la mondialisation », ajoute C. Guilly qui, comme A. Mergier, fait partie des auteurs du récent Plaidoyer pour une gauche populaire (sous la direction de Laurent Baumel et François Kalfon, Le Bord de l'eau, 118 p., 10 €). Que fera, en 2012, cette « France qui se sent reléguée, à tous les sens du terme » ? Pour qui voteront ces quelque 40 % d'électeurs qui affirment aujourd'hui ne se reconnaître ni dans la gauche ni dans la droite ? Le vivier est stratégique : si elles ne sont pas reconquises, ces quelque 16 millions de voix peuvent se réfugier dans l'abstention ou le vote Front national. Anne Muxel, chercheuse au Cevipof, rappelle que les cinq dernières élections - législatives de 2007, municipales de 2008, européennes de 2009, régionales de 2010 et cantonales de 2011 - ont enregistré des records d'abstention. Bouder les urnes devient de plus en plus une façon de sanctionner l'offre politique. Cependant, depuis le choc du 21 avril 2002, plus personne ne sous-estime le pouvoir d'attraction du FN dans l'électorat populaire. Son haut niveau aux cantonales de mars - y compris dans certains secteurs de cette France de l'Ouest où le FN était jusque-là inexistant - est souligné par tous les observateurs. « Politiquement, il s'est produit quelque chose dans cet électorat, un point de rupture »", soulignent A. Mergier et J. Fourquet qui, par des chemins différents, en sont arrivés à la même conclusion : pour une partie de l'électorat populaire, le vote FN n'est plus un vote de sanction ou d'avertissement mais un vote d'adhésion (Le Point de rupture, Fondation Jean-Jaurès, 86 p., 6 euros) C'est que la crise de la dette a un effet ravageur : elle sape la légitimité des gouvernants qui semblent courir derrière les marchés. Elle n'est pas appréhendée par le biais des discours politiques mais à travers l'expérience personnelle du surendettement. « L'idée prévaut que c'est une dette pharaonique, qui ne peut trouver de solution dans le cadre économique actuel. Pour rompre le noeud, il faut trancher. Pour beaucoup, cela passe par la sortie de l'euro », observe M. Mergier. Chez les ouvriers et les employés, plus de la moitié des électeurs souhaite la disparition de la monnaie unique, alors que ce sentiment n'est partagé que par un tiers de l'ensemble de l'électorat. Des entretiens réalisés par A. Mergier, mais aussi de la récente enquête publiée par F. Miquet-Marty, un mot surnage : l'insécurité. Physique, économique, identitaire, liée au vécu et, tout aussi important, à la conviction qu'il s'est produit une rupture dans les règles du jeu. " Quand vous n'avez pas de réseaux, la notion de règle du jeu est vitale, explique M. Mergier. Elle renvoie à la question des habitudes qui, lorsqu'elles sont brisées, induisent la menace de l'imprévisible. « C'est parce qu'ils ont l'impression que les règles du jeu sont faussées que « les milieux populaires » détestent les profiteurs du bas, ceux qui trichent avec les prestations sociales et qui travaillent au noir », explique le chercheur. Et c'est parce qu'ils ont l'impression de subir un processus de destruction des règles de vie commune que « le terme le plus porteur dans leur discours est celui d'islamisation, qui renvoie à la peur d'une hégémonie », assure M. Mergier. « Les milieux populaires sont ceux qui ont été les plus exposés à la mondialisation et au multiculturalisme. Or on ne les a pas armés pour », confirme M. Guilluy. Pour les candidats qui veulent reconquérir l'électorat populaire, la conjugaison de la question identitaire et de la question sociale est redoutable, car celle qui fait le lien entre les deux problématiques est précisément M. Le Pen. « Elle colle à la demande. Elle a calé son programme sur la nouvelle sociologie du FN. Elle est passée du libéralisme à l'étatisme », constate M. Guilluy. Dans la revue Etudes, D. Reynié, directeur général de la Fondapol (proche de l'UMP), qualifie le discours de la présidente du FN d' « ethno-socialiste ». « La question de l'extrême droite n'est pas seulement une question politique posée à la droite, c'est aussi une question sociale posée à la gauche », confirme P. Perrineau, directeur du Cevipof, qui insiste sur le parallélisme avec l'évolution des extrêmes droites européennes. « Le protectionnisme culturel s'est prolongé d'un ralliement au protectionnisme économique et d'une remise en cause du credo néolibéral du début » dit-il. Pour M. Miquet-Marty, « le grand danger de la période a un nom : le populisme ». (Le Monde 07/12)   Europe. La crise de la zone euro et la présidentielle   Sondage. 60% de Français veulent rester dans la zone euro Selon l'enquête Ipsos/Le Monde (06/12), les Français ne semblent pas vouloir majoritairement se débarrasser de la monnaie unique. 60% des personnes interrogées souhaitent que « dans les années qui viennent, la France reste dans la zone euro ». Contre 36% préférant une sortie et le passage au franc, un chiffre en hausse de 10 points en deux mois. Problème: tandis que les partisans de l'euro sont ultra-majoritaires chez les cadres (82%) et les professions intermédiaires (69%), les employés et les ouvriers, eux, préfèrent le franc (respectivement à 52% et 65%). Ils sont même 73% chez les sympathisants du FN ! Si l'euro est jugé comme «plutôt un atout pour l'économie des pays membres de la zone euro », l'opinion est partagée sur les effets de la monnaie unique sur le commerce extérieur de la France. Et le sentiment vire au négatif, concernant son impact sur l'économie française en général, et surtout le pouvoir d'achat (62% jugent qu'il est plutôt un handicap, contre seulement 17% qui pensent qu'il est plutôt un atout). Les Français seraient-ils plus fédéralistes qu'on ne le croit? 49% des sondés se prononcent pour « renforcer les pouvoirs de l'Union européenne en matière de politique budgétaire et fiscale », contre 37% pour « laisser plus de latitude aux Etats membres ». Les plus favorables à ce transfert partiel de souveraineté budgétaire sont les sympathisants UMP (59%). Voilà qui devrait réjouir Sarkozy. Selon une petite majorité de Français, la perte du triple A français pourrait avoir un impact important sur leur vie quotidienne, rapporte un sondage (10/12) de l'institut Harris Interactive pour le site 2012etvous.fr. Ils sont 37% a estimé que la perte du triple A aurait un impact «très important» sur leur vie quotidienne et 14% «plutôt important». A l'inverse, 28% estiment que cela n'aurait «pas du tout» d'impact et 15% «peu». Concernant les candidats à la présidentielle et la situation économique de la France, 24% des personnes interrogées ont déclaré faire avant tout confiance à N. Sarkozy pour sortir le pays de la crise (contre 16% à F. Hollande qui arrive en deuxième position). A l'inverse au sujet de l'amélioration du pouvoir d'achat, elles placent F. Hollande en tête (21% contre 12% à N. Sarkozy).   Sarkozy, Hollande et l'obsession de 2005 (Libération 07/12). Dans cette chronique, B. Guetta souligne que « N. Sarkozy et F. Hollande font une erreur commune. S’ils sont l’un et l’autre aussi mal à l’aise, tortueux et inintelligibles sur l’Europe, c’est qu’ils sont, l’un comme l’autre, obsédés par la victoire du non au référendum constitutionnel, qu’ils craignent que cette bataille ne se rejoue lors de la présidentielle et voient déjà des pans entiers de leurs électorats se porter sur des candidats souverainistes qui pourraient, alors, leur prendre assez de voix pour les éliminer au premier tour.. C’est beaucoup plus sur l’Europe que sur la sécurité ou l’immigration que N. Sarkozy se sent menacé par le Front national et c’est ainsi que le souverainisme, à droite comme à gauche, pèse d’un poids déterminant sur la campagne présidentielle alors même que ce n’est pas lui qui avait fait le non d’il y a six ans.. » Il indique trois raisons à cela «  La première de ces raisons est que les peuples européens ne peuvent simplement pas s’y retrouver dans des institutions communautaires bien trop complexes et confuses pour être compréhensibles.. Les traités sont une telle migraine que les peuples européens ont fini par soupçonner que leur seul objet était d’enlever toute signification à leurs votes.. Il n’y a là qu’exigence démocratique, légitime, parfaitement fondée, et ce n’est évidemment pas tout. A force de se voir imposer, au nom de l’Europe, le démantèlement des services publics et une constante érosion de la protection sociale, les citoyens européens en viennent à identifier l’Union à l’organisation d’une régression sociale en oubliant que ces mesures ne sont pas prises par une entité métaphysique mais par la réunion des gouvernements qu’ils ont élus. Cela incite inévitablement à dire non à tout ce qui est européen. La troisième raison de ce nonisme général est que l’élargissement est allé trop vite - écroulement soviétique oblige - pour que les Européens puissent encore voir où va l’Union. Le divorce entre l’Europe et les Européens est une réalité. Elle est incontournable mais cela veut-il dire que le souverainisme serait devenu une irrésistible aspiration et que les peuples de l’Union européenne voudraient aujourd’hui la défaire ?.. La réponse est non parce que la crise actuelle a fait voir à quel point nos sorts étaient liés.. Au-delà du divorce actuel, les Européens restent européens mais ce n’est pas plus avec le discours de Toulon qu’avec le «fédéralisme de projets» défendu par François Hollande qu’on répondra à leurs attentes. A des questions claires, il faut répondre clairement. Il faut maintenant dire, noir sur blanc, aux citoyens français et européens que, face à un marché internationalisé, il n’est pas d’autre moyen de l’empêcher d’imposer la loi de la jungle à l’Europe que de lui opposer une puissance publique de taille continentale ; que, pour être démocratique, cet Etat fédéral doit avoir un exécutif procédant d’une majorité parlementaire désignée par l’électorat paneuropéen ; que le but ultime est ainsi la création des Etats-Unis d’Europe et que toutes les étapes par lesquelles il faudra nécessairement passer sont subordonnées à ce but.. C’est cela que doit dire la gauche européenne si elle veut, enfin, retrouver un projet crédible et mobilisateur et, quant à la droite française, libre à elle de continuer à prôner la démocratie par tractations entre gouvernements. Ce n’est pas, non plus, avec cette usine à gaz qu’elle convaincra. »   En voulant dès mars la conclusion d'un traité comportant l'adoption d'une « règle d'or budgétaire », le chef de l'Etat veut remettre dans le débat politique une question-piège pour le candidat socialiste F. Hollande. Recevant A. Merkel à Paris, le chef de l'Etat et la chancelière ont annoncé une « règle d'or renforcée et harmonisée au niveau européen » pour s'assurer que les budgets des pays de la zone euro iront « vers le retour à l'équilibre ». Pendant que F. Hollande était lui à Berlin devant les sociaux-démocrates allemands, N. Sarkozy en a profité pour attaquer le candidat PS: « comme apparemment il a passé un moment avec les socialistes allemands, je n'aurai pas besoin de le convaincre, puisque les socialistes allemands (...) ont voté la règle d'or en Allemagne ». « Vérité d'un côté du Rhin, vérité de l'autre », a ajouté le président. « Ce qu'il n'a pas été en capacité d'obtenir au niveau national au mois de septembre, il cherche à l'obtenir au niveau européen », a affirmé à l'AFP M. Sapin, chargé du projet présidentiel de F. Hollande. Le chef de l'Etat avait voulu réunir le Congrès en septembre pour inscrire dans la Constitution la règle d'or d'équilibre budgétaire, mais y a renoncé de crainte de ne pas obtenir les 3/5e des voix nécessaires pour son adoption. « Je vois bien qu'il fait de tout cela une question électorale, ça ne le grandit pas », note M. Sapin, ajoutant: « Mais nous communiquerons en sens inverse en disant que ce sont ceux qui ont creusé les plus gros déficits de la France qui veulent s'acheter une vertu européenne, ça ne marchera pas ». « Il ne nous coincera pas plus qu'il n'a réussi à nous coincer au niveau national en septembre », a-t-il ajouté, relevant que Mme Merkel et M. Sarkozy ont prévu une signature du traité en mars mais une ratification « après la présidentielle et les législatives ». Pour le politologue G. Sliman (BVA), remettre le sujet sur la place publique à un mois de l'élection présidentielle peut avoir deux effets opposés. Un effet positif pour le chef de l'Etat: « la règle d'or est un des rares sujets où Sarkozy puisse pousser un avantage face à Hollande puisque les Français, à chaque fois qu'on les sonde, sont à une très nette majorité favorables (à environ 70%) à la règle d'or. Il va avancer l'argument selon lequel les socialistes ne seraient pas respectueux des finances publiques ». D'autant que selon lui, les sondés « ne comprennent pas trop la position du PS sur le sujet ». Le candidat socialiste est favorable à une « loi de programmation » sur la réduction des déficits après la présidentielle. Pour lui, la règle d'or, c'est la réduction des déficits. Il s'est prononcé pour un retour du déficit à 3% du PIB dès 2013 et à zéro d'ici 2017. F. Hollande « veut le retour à l'équilibre des comptes sans qu'il soit besoin de se dissimuler derrière une règle de papier », a résumé M. Sapin Deuxième effet possible, cette fois plus « dangereux pour le chef de l'Etat », selon M. Sliman: « l'argument selon lequel N. Sarkozy aurait perdu son bras de fer face à une A. Merkel qui dicterait ses positions peut fonctionner et peser sur l'opinion ». (TF1 05/12)   La présidente du Medef prêche pour un véritable fédéralisme européen (Le Monde 30/11). « Le démantèlement de l'euro et le délitement de l'Europe provoqueraient pour les peuples européens des décennies d'appauvrissement », avertit la présidente du Medef. Elle y explique que les pays plieraient sous le poids de leurs dettes respectives. « Par le jeu des dévaluations probables », la dette deviendrait plus lourde et les pays européens « perdraient la facilitation des échanges et la puissance de négociation avec l'extérieur ». Et dans ce contexte, les industries seraient réellement en danger explique la patronne des patrons français. « Déjà les menaces planent. Les fleurons de nos entreprises deviennent des proies potentielles rachetables à bas prix ». Mais il existe selon elle, une solution : « Elle est audacieuse. Elle s'appelle Etats-Unis d'Europe, fédéralisme européen, délégation de souveraineté(…) mais elle nous oblige à changer nos habitudes ». Et de conclure sur une note d’espoir : « Il faut vouloir avancer vers un territoire reconfiguré, vers une nouvelle patrie, vers l'an I d'une véritable pratique de notre histoire fédérale. »   Michel Destot, Alain Bergounioux, Dominique De Combles de Nayves reviennent sur les causes des échecs électoraux espagnols et portugais. « Il y a une cause présente dans tous les cas : l'absence de stratégie coopérative dans l'UE. Dans la crise financière de grande ampleur que nous connaissons, l'Europe semble avoir, enfin, sous la pression des événements, compris la nécessité de réaffirmer son rôle central comme outil de régulation et de protection. L'échec de la construction européenne affaiblirait gravement des socialistes européens, les laissant face aux surenchères des populismes de toute nature, les droites en seraient moins affectées. Soit nous nous verrons imposer l'essentiel des positions de la droite allemande, avalisées par N. Sarkozy à quelques détails près. Soit les socialistes européens sont capables de présenter une alternative. Les propositions sont connues (monétisation de la dette, convergences budgétaires, en liaison avec les Parlements nationaux, séparation des banques de dépôts et des banques d'affaires, taxe sur les transactions financières, etc.). Mais il faut penser aussi et mettre en oeuvre une stratégie politique qui réponde au péril de la dette, sans entraîner la spirale de l'austérité, qui ne fera qu'aggraver la crise économique et débouchera sur des crises sociales et politiques de grande ampleur. Trois principes doivent la construire : l'acceptation des convergences et du sérieux budgétaire, bien sûr, mais aussi et surtout une initiative européenne de croissance, et la recherche d'une légitimité démocratique. C'est ce triptyque qui doit permettre de retrouver à terme la confiance de nos concitoyens.. Il faut (proposer) la création d'un petit groupe d'avant-garde qui pourrait comprendre les six pays fondateurs de l'Europe (Benelux, France, Allemagne et Italie) avec l'Espagne. Ces sept pays pourraient entamer une coopération renforcée dont les objectifs seraient de réaliser une harmonisation fiscale et une coopération budgétaire étroite, de se doter d'un budget commun substantiel en fusionnant progressivement une partie des budgets nationaux. Le projet serait de relancer immédiatement la croissance par l'investissement productif en une « initiative européenne de croissance », financée par un emprunt de 500 milliards d'euros sous forme « d'eurobonds » ou de « projectbonds », levés sur le marché avec l'aide et par l'intermédiaire de la Banque européenne d'investissement (BEI). On investirait exclusivement dans des projets industriels ou d'infrastructure financièrement rentables, c'est-à-dire capables de rembourser les emprunts qui les financent. Le projet serait confié à une agence européenne d'investissement, qui identifierait des projets à haut rendement et évaluerait leur faisabilité financière avec l'aide et l'expertise de la BEI. Cette coopération renforcée à sept serait alors une réelle relance de l'Europe, économique mais aussi politique. On peut imaginer les Sept se diriger, à terme, vers une structure fédérale qui serait un pôle important de l'Europe en représentant plus de la moitié de la population de l'Union et les deux tiers de sa richesse. Soyons clairs, l'élection du Parlement européen au suffrage universel est la seule vraie avancée et elle reste imparfaite, car la composition des listes est inscrite dans un cadre national. Il faut donc proposer rapidement au débat l'idée de listes transnationales et explorer la possibilité de le faire d'abord au sein de ce groupe d'avant-garde. Quant à la désignation d'un président de l'Union, elle n'a pas été perçue comme un progrès démocratique. C'est par son élection directe au suffrage universel qu'une présidence de l'Union tirera sa légitimité. »   Marine Le Pen reprend le slogan de Mélenchon (Mediapart 11/12) «Je serai cette présidente des oubliés, cette présidente des invisibles, de ces millions de Français dont on ne parle jamais et qu'on piétine allègrement» après les élections, a dit M. Le Pen, dimanche 11 décembre, lors de son premier grand meeting de campagne, à Metz (Moselle). «Agriculteurs, chômeurs, ouvriers, retraités, habitants des campagnes françaises, vous êtes les invisibles, broyés par un système financier fou. Pour la caste politique UMP-PS, face à leur Dieu, le triple A, vous êtes des triples riens». La patronne du FN s'est longuement attardée sur ce thème des «invisibles» et des «oubliés», elle qui tente de capter les voix des classes populaires et notamment des ouvriers. Un axe qui reprend - notamment - le slogan du Front de gauche: «rendre visible les invisibles». La présidente du FN a-t-elle aussi soudain découvert La France invisible (La Découverte, 2006) vaste enquête sociologique sur les «inégalités cachées»? Dimanche, le Front de gauche s'est lui fendu d'un communiqué pour accuser la candidate du Front national de «plagiat». «Nous comprenons l’intention: disputer le terrain au Front de Gauche, seule force politique présente dans les entreprises et les quartiers populaires!», dénonce la conseillère régionale Laurence Sauvage, qui rappelle que M. Le Pen a considéré l’augmentation du Smic comme une «mesurette» et le blocage des loyers comme «une idée communiste». J-L. Mélenchon, qui dispute à M. Le Pen le vote populaire, redoute de se faire voler ses thématiques et a déjà lancé une contre-attaque. Laurent Maffeis, son collaborateur, a publié Les Cinq Mensonges du FN, réplique à M. Le Pen (éditions Bruno Leprince). Une reprise des arguments du Parti de gauche utilisés pour le débat de leur champion face à la présidente du FN. Alexis Corbière, son lieutenant, prépare lui Le Parti de l'étrangère, un ouvrage (à paraître le 19 janvier) pour rappeler les racines du discours frontiste, remontant à l'extrême droite des années 1930. En septembre, après les Journées d'été du FN, le secrétaire national du parti de gauche avait déjà démontré que la présidente du FN parlait davantage de «lutte contre l'immigration» que de «lutte sociale». Sur son blog il avait décrypté son discours de Nice: dans son «long discours de 7000 mots», disait-il, elle n'a utilisé «que quatre fois le mot « travailleurs », «jamais celui «d'employés», «alors que celui «d'immigrés» (ou «immigration») apparaît 17 fois». Il avait relevé que les mots «spéculation», «riche», «licenciements», «grève», «syndicat» et les verbes «résister» ou «lutter» ne sont «jamais utilisés» ...à l'exception de «lutte contre l'immigration».   Jérôme Fourquet, directeur de l'IFOP, a mesuré l'évolution de l'opinion depuis les deux dernières consultations européennes, en 1992 et en 2005 Dans une note pour la Fondation Jean-Jaurès, pour saisir l'évolution des clivages sur la question européenne, J. Fourquet a comparées les différentes enquêtes réalisées à l'époque avec celles réalisées aujourd'hui autour de la question suivante : « Souhaitez-vous une intégration européenne renforcée avec une politique économique et budgétaire unique ou moins d'intégration européenne et des politiques économiques et budgétaires propres à chaque Etat ? » Aujourd'hui, c'est encore le « non » qui l'emporterait avec un score légèrement plus faible, 53 % contre 55 %, qui cache certaines évolutions. L'euro ne rassure pas Les femmes sont de moins en moins européennes : alors qu'elles avaient voté « oui » à Maastricht (53 %), elles ne seraient plus que 41 % aujourd'hui à adhérer à davantage d'intégration. Ce décrochage « renvoie sans doute à une déception à l'égard de la construction européenne, perçue comme en lien avec la dégradation de leurs conditions de vie », explique-t-il. Désormais le soutien à une démarche fédéraliste est beaucoup plus fort chez les hommes (55 %) que chez les femmes (41 %), une vraie rupture par rapport à 1992 et 2005. Deuxième évolution, les classes moyennes basculent dans le « non ». L'opposition entre « France d'en haut » et « France d'en bas » garde toute sa pertinence depuis Maastricht mais le phénomène s'accentue. » Si bien que seules les professions libérales et les cadres supérieurs restent favorables à plus d'intégration européenne (62 %). M. Fourquet souligne que le « non » chez les ouvriers est aujourd'hui moins fort qu'en 2005 (il avait atteint le record de 74 %), mais prévient qu'il pourrait regagner en vigueur dans les mois qui viennent si le débat autour de l'euro prend de l'ampleur : 45 % des ouvriers, qui associent souvent monnaie unique et perte de pouvoir d'achat, seraient favorables à un retour du franc. Enfin, le sondage confirme une évolution récente : l'UMP est plus européenne que le PS. « L'ampleur du basculement traduit un aggiornamento profond de l'électorat de droite sur la question européenne », estime M. Fourquet.   Le projet Merkel-Sarkozy et le sommet européen. Le projet franco-allemand de nouveau traité européen a fait la Une de plusieurs titres nationaux (06/12). Le Figaro salue L'accord Sarkozy-Merkel pour refonder l'Europe et met en exergue l'une des proposition du couple franco-allemand : des « sanctions automatiques pour les pays qui ne respectent pas la règle d'or budgétaire ». Crise de l'euro : un mariage de raison titre Libération à propos de ce « projet de traité européen qui généralise notamment la règle d'or ». Pour La Tribune, Merkel gagne par K.-O. car « le cadre tracé par la chancelière allemande vendredi pour sortir de la crise de l'euro a été largement adopté lundi par Paris », estime le quotidien économique. Les Echos annonce Tous les pays triple A de la zone euro placés sous surveillance par l'agence de notation Standard & Poor's. « La France et l'Allemagne dans le collimateur en dépit de leur accord sur la discipline budgétaire », précise le quotidien économique. Une contraction Merkel/Sarkozy : symbole de cette union quasi-fusionnelle entre la chancelière allemand et le président français… Ce terme de « Merkozy » revient encore ce matin dans certains journaux. Le Figaro préfère parler d’accord : « l’accord Sarkozy-Merkel pour refonder l’Europe ». Pour Libération, c’est « un mariage de raison ». « La zone euro à l’heure de la discipline », s’exclame La Croix.« Merkel gagne par K.-O. », lance La Tribune. Pour Le Figaro, c’était la seule issue : cet accord « doit permettre à la zone euro de repartir sur des bases saines », estime le journal. « La France et l’Allemagne ont joué pleinement leur rôle en établissant les bases d’un nouveau traité qui imposera une vraie discipline budgétaire en Europe. (…) Pour rétablir la confiance, un coup d’accélérateur s’imposait. Il est spectaculaire, s’exclame Le Figaro. Le texte du nouveau traité devra être prêt en mars 2012, pour une ratification avant la fin de l’an prochain. (…) Bref, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy montrent la voie. À ceux qui veulent sauver l’Europe de les suivre. » Les Echos se félicitent également de cet accord franco-allemand : « après deux ans de crise, la zone euro dispose enfin des outils pour éviter son éclatement. En cette fin d’année, il s’agit d’un pas de géant. Restera ensuite à bâtir un projet économique. A chaque heure suffit sa peine… » Et au sein de cette union franco-allemande, c’est la chancelière qui porte la culotte… C’est l’opinion, entre autres, de La Tribune qui estime que « ce lundi à Paris, le chef de l’Etat a accepté toutes les conditions posées par Angela Merkel pour un sauvetage de la zone euro : des sanctions budgétaires automatiques, une règle d’or sanctionnée par la Cour de justice européenne, l’abandon des eurobonds qui soudainement, relève le quotidien économique, “ne sont en aucun cas une solution à la crise” (…). Par la force de circonstances exceptionnelles, Nicolas Sarkozy, dont le talent propre est plus dans le court terme que la vision, aura été conduit, estime La Tribune, comme l’avait fait François Mitterrand avant lui, à faire le choix de l’arrimage à l’Allemagne. » Quoi qu’il en soit, « Merkozy accorde ses instruments », constate Libération. Libération qui estime que le compromis franco-allemand est « un mariage de raison. » Toutefois, tempère le journal, « aussi utile soit-il, ce compromis forcément baroque manque d’une perspective, d’une vision plus globale. A l’heure où la récession se profile, il ne suffit pas de rassurer les marchés, il faut aussi rassurer les peuples. Ce pourrait être à la gauche d’inventer les conditions d’une relance crédible, tournée vers l’avenir, lance Libération. Une relance indispensable qui ne se ferait pas contre la rigueur mais avec elle. »   Les deux chefs d'Etat ont enfin parlé d'une même voix. Découvrez le détail de l'accord. (La Tribune 05/12) Voici les principaux points sur lesquels Angela Merkel et Nicolas Sarkozy avaient émis de fortes divergences dans leurs discours. De quoi aider à décrypter les décisions. Les euro-obligations. Absente du discours français, l'idée des emprunts communs des pays de la zone euro a été clairement repoussée par la chancelière qui n'y voit pas une solution durable à la crise. Il n'est pas pensable pour A. Merkel d'accepter une responsabilité pour les dettes contractées par les autres pays. Résultat des courses : N. Sarkozy s'est finalement rangé au discours d'A. Merkel : "Les eurobonds ne sont en aucun cas une solution à la crise". Le rôle de la BCE. Le président de la République a évité la confrontation avec l'Allemagne sur le rôle de la banque centrale, en particulier sur la notion de « prêteur en dernier ressort ». A. Merkel a donc eu la voie libre pour défendre une BCE « ancrée dans sa tâche de stabilité monétaire ». Et la dirigeante chrétienne-démocrate de rejeter toute comparaison avec les banques centrales américaines ou britanniques « dont les tâches ne sont pas les mêmes ». Résultat des courses : Les deux dirigeants ont réaffirmé leur confiance en la Banque centrale européenne et leur promesse de s'abstenir de commentaires sur la politique de la BCE. L'union budgétaire. Le terme a été prononcé par A. Merkel. Pour elle, l'Europe n'a « jamais été aussi près d'une telle union », désormais « nécessaire ». La chancelière a cependant assuré que dans ce cas le droit du Bundestag serait préservé, notamment celui de définir le budget fédéral. Mais l'Union devra reposer sur des « règles strictes communes, au moins dans la zone euro ». N. Sarkozy, lui, s'est bien gardé d'être aussi clair. Ne prononçant pas le mot d'union budgétaire, il a appelé à « examiner » et à « discuter ensemble » les budgets. Quant au contenu de cette union, A. Merkel a très clairement défendu l'automatisation des sanctions pour les pays à déficit excessif, tandis que N. Sarkozy a seulement défendu l'étrange idée de « sanctions plus automatiques ». En revanche, les deux dirigeants s'accordent sur la nécessité de règles d'or s'appliquant à tous les pays membres et sur la nécessité de réformer les traités. Résultat des courses : le mot d'Union budgétaire n'a pas été prononcé. Concernant la règle d'or, en revanche, Paris et Berlin veulent « une règle d'or renforcée et harmonisée ». Merkel : "La règle d'or doit être un véritable engagement national de chaque pays". Les contrôles. C'est encore le grand point de divergence entre Paris et Berlin. À Toulon, N. Sarkozy a défendu une Europe des gouvernements pour dépasser le débat entre « partisans de l'Europe des nations et partisans de l'Europe fédérale ». « C'est par l'intergouvernemental que passera l'intégration européenne », a-t-il martelé. Ce n'est pas l'avis de la chancelière qui a réclamé la possibilité d'une plainte devant la cour de justice européenne contre les mauvais élèves. Une idée que Paris rejette et qui n'a même pas été évoquée à Toulon. Résultat des courses : La cour de justice de l'Union européenne vérifiera si les budgets respectent la régle d'or. Sarkozy : « La cour de justice ne pourra annuler les budgets nationaux, c'est impossible. En revanche, on peut demander à respecter la règle d'or et la cour de justice peut vérifier ». L'axe franco-allemand. Le président de la République a insisté sur la nécessité de la convergence franco-allemande. Mais, en fait, il s'agit plutôt d'un chemin français. A. Merkel n'a pas évoqué un travail en commun spécifique avec Paris. Elle a indiqué que le projet sera présenté par H. Van Rompuy, et affirmé que si la République fédérale voulait développer la "culture de la stabilité" en Europe, elle ne voulait pas « dominer ». Résultat des courses : L'accord franco-allemand fera l'objet d'une lettre mercredi à Van Rompuy. Sarkozy :  « Il y a entre nos deux pays 70 ans d'affrontements et 70 ans de paix. Où voulons-nous que soit l'avenir ? ».     Rappel des principaux points de ce traité à l'initiative du couple franco-allemand :
  • L'accord devrait entrer en vigueur en mars prochain
  • Si aucun accord n'est trouvé à 27, la France et l'Allemagne iront "à marche forcée" vers un traité à 17. Il pourra donc être approuvé avec une majorité de 85%.
  • Le principe des euros-obligations est rejetté
  • Sanctions automatiques pour des déficits supérieurs à 3%
  • Mise en place d'une réunion tous les mois durant la crise
  • Mise en place d'une règle d'or
  • Rôle de la BCE : "confiance dans la BCE et indépendance".
  • Pérenniser le FESF, le mettre en place dès 2012 avec une majorité de 85% pour les décisions importantes.
  • La cour de justice de l'Union européenne vérifiera si les budgets respectent la régle d'or.
  Le projet de traité européen présenté par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy est accueilli sans enthousiasme par la presse française , la plupart des éditorialistes estimant que ce "compromis" consacre surtout la victoire de la "vision allemande".Dans le camp conservateur, les commentaires sont flatteurs. "La France et l’Allemagne ont joué pleinement leur rôle en établissant les bases d’un nouveau traité qui imposera une vraie discipline budgétaire en Europe", écrit Pierre Rousselin dans Le Figaro, ajoutant qu'"Angela Merkel et Nicolas Sarkozy montrent la voie. À ceux qui veulent sauver l’Europe de les suivre". Dans Les Echos, Nicolas Barré salue "un pas de géant" car "après deux ans de crise, la zone euro dispose enfin des outils pour éviter son éclatement".Le ton est moins enthousiaste, ou optimiste, dans le reste de la presse. Vincent Giret, de Libération, estime qu'"aussi utile soit-il, ce compromis forcément baroque manque toutefois d’une perspective, d’une vision plus globale". AFP 06/12   Auparavant les commentateurs relevaient l'inéductabilité d'une perte de souveraineté. Paul-Henri du Limbert ( Le Figaro 01/12) écrivait « Sauver l’euro nécessitet-il des abandons de souveraineté supplémentaires ? Probablement oui. Le PS devrait s’en réjouir bruyamment, puisque François Mitterrand est l’un des pères fondateurs de la monnaie unique. Les socialistes déclarent aujourd’hui la guerre à l’allemagne. Pourquoi ? Parce que Berlin souhaite tout simplement aller au bout de la logique fédérale voulue jadis par François Mitterrand, Jacques Delors et Helmut Kohl : une monnaie unique oblige, si on veut la défendre, à une discipline budgétaire unique. Et plus encore dans une situation de crise aiguë. Dire que Nicolas Sarkozy est sous la coupe d’angela Merkel est un argument assez grossier qui masque mal l’effroi des socialistes devant la formidable découverte qu’ils viennent de faire : l’europe qu’ils ont tant voulue les oblige à changer de nature. La Tribune du 01/12 rendait compte des propos d' Olli Rehn devant le Parlement européen, « la situation de la zone euro : où elle accepte une plus forte intégration ou elle casse... Ne nous faisons aucune illusion : du chaos émergera le chaos et non une Europe idéale où chacun retournera dans l'enthousiasme à sa monnaie nationale et se livrera aux charmes sulfureux des dévaluations compétitives. Pour l'Union européenne et pour la zone euro, le chaos n'est pas une option. Que veulent donc les Allemands qui nous poussent si promptement contre eux ? Une assurance que, dans l'avenir, les principes de l'orthodoxie financière seront strictement respectés au travers d'un Pacte de stabilité. Comment comptent-ils parvenir à ce résultat : par une modification du traité de Lisbonne ainsi que le propose W. Schäuble, ministre des Finances d'A. Merkel.   Le sommet européen qui s'est tenu à Bruxelles la semaine dernière a débouché sur la réforme des traités européens et le renforcement de la discipline budgétaire au sein de la zone euro des mesures destinées à rassurer les marchés et à parer au plus pressé pour éviter une généralisation de la crise, estime N. Sarkozy (Le Monde 12/12). "Il faut bien voir que c'est une autre Europe qui est en train de naître : celle de la zone euro, où les maîtres mots seront la convergence des économies, des règles budgétaires, de la fiscalité", a expliqué le chef de l'Etat. "Le fait que la responsabilité de la gouvernance revienne désormais aux chefs d'Etat et de gouvernement marque un progrès démocratique incontestable par rapport à la situation précédente, où tout s'organisait autour de la Banque centrale européenne, de la Commission et du pacte de stabilité", a dit Nicolas Sarkozy. Dans cet entretien, Nicolas Sarkozy nie que cet accord se traduise par le moindre abandon de souveraineté, ainsi que l'ont avancé certains à gauche et à droite. "On ne délèguera pas à d'autres notre souveraineté économique", assure-t-il, "il s'agira d'un exercice partagé de la souveraineté par des gouvernements démocratiquement élus". "On conforte sa souveraineté et son indépendance en l'exerçant avec ses amis, ses alliés, ses partenaires". "Pas un seul domaine nouveau de compétences ne sera transféré à une quelconque autorité supranationale", a insisté Nicolas Sarkozy.   8 syndicalistes ont signé une tribune intitulée « Un nouveau contrat social européen ». Ils indiquent «  L'Union européenne connaît la plus grave crise de son histoire. Une crise économique et financière lourde de conséquences sur le plan social. Cette crise est devenue une crise politique de l'Union européenne elle-même .. La responsabilité des dirigeants politiques des institutions européennes et des principaux Etats membres est grande.. Les conséquences sociales de la réduction des salaires et des pensions, des coupes dans les dépenses pour la protection sociale, l'enseignement et les soins de santé sont claires : une plus grande pauvreté, de nouvelles inégalités, une plus grande insécurité d'existence et une plus grande fracture dans la cohésion sociale. Un fait nouveau est que les institutions européennes encouragent ce démantèlement important du modèle social, alors que les valeurs et principes de ce modèle forment l'identité et la colonne vertébrale de l'Union européenne.. nous pensons que nous avons besoin, plus que jamais, d'une nouvelle politique monétaire, économique et sociale dans le cadre d'une gouvernance économique forte de la zone euro, coordonnée avec celle de l'UE27 » Ils proposent « L'Europe doit conclure un nouveau contrat social et économique avec ses citoyens. Un contrat social européen innovant avec comme dossiers importants l'emploi, les salaires (que les partenaires sociaux pourraient négocier de façon autonome), les pensions, les allocations de chômage, l'enseignement et la santé.. ». Jean-Paul Fitoussi dans une interview à Libération ( ) conteste le diagnostic réalisé par Merkel-Sarkozy sur la crise « On continue à détailler encore plus le traité européen. Plus il est "encadrant", et donc contraignant, plus il empêche la réaction rapide. Et comme il a, en plus, une clause qui tient du pêché originel, on fonce dans le mur. C'est la fameuse clause de non sauvetage (no bail out), qui interdit aux Etats unissant leur monnaie de s'entraider. Avec l'interdiction faite (par le même traité de Maastricht) de recourir à la Banque centrale européenne pour financer leurs déficits, les États ont été contraints d'emprunter sur les marchés. Résultat: ils doivent satisfaire aux critères et exigences de l'industrie financière et des agences de notation. Et les marchés punissent les Etats dits laxistes par des taux d'intérêts élevés sur leurs emprunts... Que la BCE commence déjà par jouer le rôle normal d'une banque centrale, comme dans tous les autres pays du monde, et achète des nouveaux emprunts d'Etats émis avant de racheter des obligations sur le marché secondaire! Pour se donner de l'oxygène, il faut aussi des eurobonds qui permettront de financer de projets de croissance et de lutter contre le chômage. Or, ces deux options, les seules à même de nous sortir de la crise, sont fermées: c'est une erreur doctrinale fondamentale. Au lieu d'en changer, on la renforce. Conséquence: on entretient de l'austérité généralisée. » Il conclut sur la règle d'or « Derrière les apparences, ce débat-là fracture les partis à droite comme à gauche. Il va phagocyter les débats de la campagne et c'est un drame. Il va détourner du vrai débat et renforcer notre incapacité à prendre les bonnes décisions. »   Economie-social   La mission d'évaluation de l'Assemblée estime que le bilan financier de la révision générale des politiques publiques reste une « énigme ». le rapport se montre assez sévère, notamment parce que, dès le départ, la réforme a été menée en petit comité : « La RGPP marque un indéniable tournant vers une plus grande efficacité du fonctionnement de l'Etat. Mais, dans le même temps, ses modalités d'application ont suscité de telles réactions des agents et des usagers que, sans évolution, le processus est intenable à terme. » François Cornut-Gentille nuance la critique en estimant que « l'on devait en passer par cette phase un peu brutale, trop financière, pour mettre sous tension l'administration. On a rationalisé les dépenses de fonctionnement, enclenché la baisse de la masse salariale, on a créé de la réactivité. S'il est vrai qu'il n'y a pas eu de réflexion en amont sur ce que doit faire ou ne plus faire l'Etat, tous les acteurs sont prêts aujourd'hui à l'engager ». Christian Eckert ironise sur les « courts-circuits de cette mise sous tension ». Il ne nie pas une certaine mise en mouvement, mais considère que la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, « un dogme qui ne figurait pas au départ dans le processus de la RGPP », a tout parasité et cantonné la réforme à « un exercice comptable. Il faut une pause, en particulier dans l'éducation, où l'on court à la catastrophe. Il faut impérativement arrêter le 1 sur 2 ! ». Ils se rejoignent sur le fait que, alors que le gouvernement met en avant une économie de 15 milliards d'euros sur la législature, le « bilan budgétaire de la RGPP demeure une énigme, tant les informations, difficiles à obtenir, semblent discutables et parcellaires ». Alain Madelin et Jacques Bichot défendent la Sécurité sociale ! (Capital 3/12) En proposant d’opter pour la TVA sociale, l’Afep et le Medef suggèrent en fait d’accélérer l’étatisation de la Sécurité sociale. Leur logique aboutirait à un État providence décourageant le travail. Pour l’AFEP, « un passage de la TVA à 21 % dégagerait une recette supplémentaire de 13 milliards qui permettrait d’alléger d’autant la part des cotisations sociales ». Le MEDEF irait jusqu’à 70 milliards de réduction des cotisations patronales (7,5 points) et salariales (4,5 points), remplacées par des impôts (2 points de CSG et TVA à 25 %). Ces propositions procèdent d’une absence de vision concernant la place de la protection sociale dans une économie d’échanges. Le patronat semble avoir renoncé à l’idée des « assurances sociales » et se rallier à contretemps à celle d’un État Providence. La couverture maladie ne procéderait plus d’une assurance de type mutualiste, où chacun cotise (au prorata de ses moyens) pour être remboursé des soins dont il a besoin, mais d’une sorte de national health service financé par l’impôt. La branche famille ne servirait pas à financer l’investissement dans la jeunesse, sans lequel il n’y aurait pas de retraites par répartition, mais finirait au regard de toutes les propositions de partage sous conditions de ressources qui fleurissent aujourd’hui par grossir encore la part de la redistribution dans le modèle social français. Ces perspectives vont à la fois dans le sens de l’étatisation de la sécurité sociale et dans celui d’un affaiblissement de la compétitivité de la France. Celle-ci dépend en partie du coût du travail, mais elle reposera de plus en plus sur notre capacité à mobiliser les énergies créatrices. Or le patronat souscrit à une conception de la rémunération limitée au salaire net. Selon celle-ci les cotisations sociales et la CSG ne servent pas à acheter un service, mais constituent un « prélèvement obligatoire » dont l’impôt pourrait fort bien se charger, puisqu’il sert à fournir un service public gratuit. Alors que les assurances sociales pourraient faire partie intégrante de l’économie d’échanges, l’AFEP et le MEDEF facilitent leur glissement, déjà bien avancé, vers la sphère étatique : ce monde où les paiements ne donnent aucun droit, et où les prestations sont indépendantes des contributions. C'est un recul inattendu. Pour la première fois depuis deux ans, la masse salariale des entreprises du secteur privé a reculé au troisième trimestre, selon les chiffres publiés ce jeudi matin par l'Acoss, l'organisme qui recouvre les cotisations pour le compte de la Sécurité sociale. Le recul est léger (-0,1 % par rapport au deuxième trimestre) mais il illustre la brutalité du retournement de l'économie française en milieu d'année. Il résulterait de la conjonction de deux phénomènes selon l'Acoss : une contraction de l'emploi alors qu'il progressait depuis début 2010, et une diminution du salaire moyen par tête (SMPT). La contribution de l'emploi à la baisse de la masse salariale reste sujette à discussion. Si l'organisme fédérateur des URSSAF estime que 10.000 postes ont été perdus en un trimestre, soit une baisse de 0,1 %, Pôle emploi, qui a rendu publiques mercredi ses propres estimations en la matière, conclut, lui, sur un champ un peu différent, à la création de 5.000 postes salariés, soit une quasi-stabilité. Comme l'Insee. L'Institut de la statistique a divisé ce jeudi matin par deux son chiffrage des créations de postes au troisième trimestre à 3.600. Cette tendance est alarmante pour les comptes sociaux. Le budget de la Sécurité sociale pour 2011, qui prévoit un déficit de 18 milliards d'euros pour le régime général, a été construit sur une prévision de masse salariale en hausse de 3,7 %. Après le mauvais chiffre du troisième trimestre, il est désormais presque certain que cette progression ne pourra pas être atteinte. Le déficit risque donc être plus important que prévu. (08/12 Les Echos)   La majorité des Français (55%) toujours inquiète de son niveau de vie au moment de la retraite et du montant de cette dernière (64%). C’est ce qui ressort de la neuvième édition de l’Observatoire des Retraites UMR-Corem / Liaisons Sociales / Ipsos. Les actifs occupés sont particulièrement inquiets sur ces deux points : 65% quant au niveau de vie et 74% sur le montant de la retraite. Les femmes également le sont et nettement plus que les hommes (68% contre 59%). Les moins de 35 ans se montrent encore plus inquiets que leurs ainés au sujet du montant de leur future retraite (69% contre 62%). Les retraités sont logiquement moins inquiets et une majorité est même confiante sur son niveau de vie à la retraite (56% contre 33% des actifs), en revanche seuls 49% d’entre eux sont confiants sur le montant des retraites et ne sentent donc pas protégés d’une éventuelle baisse des pensions.   Quelles sont les indications de l'enquête IPSOS sur les Français et le pouvoir d'achat (08/12). Première donnée importante, lorsqu'on demande aux français leur état d’esprit lorsqu’ils pensent à leur pouvoir d’achat : « 65% évoquent de l’inquiétude et 22% parlent de colère » « (...) En 2008 (...) Plus des deux tiers (68%) l’estimaient en diminution. Trois ans plus tard, l’impression s’est non seulement renforcée mais accélérée : 4 Français sur 5 perçoivent une dégradation de leur pouvoir d’achat au cours de l’année écoulée. Ils sont 43% à juger qu’il s’est « un peu dégradé » et pour 37% à s’être « beaucoup dégradé ». 15% jugent que leur pouvoir d‘achat « est resté stable ». Seuls 4% qu’il s’est « beaucoup ou peu amélioré ». Des chiffres qui font écho à la crainte de paupérisation de nos concitoyens (85% « redoutent la pauvreté pour leurs enfants ) » Comment les français évaluent leur pouvoir d'achat ? 56% le mesurent à ce qui reste après les dépenses fixes » (loyers, assurances, taxes, abonnements, gaz et électricité, etc.), 17% seulement en faisant la comparaison entre l’évolution des revenus et celle des prix des produits de consommation courante, 15% à « l’évolution de la qualité de vie » Et 12% seulement « aux revenus », « (...) un tiers des Français disent faire leurs courses à l’euro près ! (...) ». Pour 31%, c’est « à l’euro près ». Pour 20% « à cinq euros près », « à 10 euros près ». Pour 25%, « à 50 euros près ». 17% ne comptent pas vraiment.Comment les français gèrent-ils ces difficultés ? Lorsqu'on leur demande s'ils ont cherché à réduire leurs dépenses au cours des 12 derniers mois, ils répondent Pour 29% : systématiquement, pour 39% : souvent. Quant à l'avenir (12 prochains mois) ? Pour 29%, « beaucoup se dégrader ». Pour 41%, « un peu se dégrader » Pour 22% « rester stable » Seuls 7% seulement voient une amélioration. A noter que : 18% des Français considèrent que le pouvoir d'achat sera « le principal sujet » et 66% « un des principaux sujets » de la campagne pour l’élection présidentielle 2012. On notera au passage que les français interrogés ne se font aucune illusion sur la capacité du gouvernement d'augmenter le pouvoir d'achat puisqu'ils ne sont que 12% à lui faire confiance dans le domaine.   Le Français Nicolas Puech, plus gros actionnaire privé du groupe de luxe Hermès, a fait son entrée cette année au club des milliardaires en Suisse comme cinq autres personnes fortunées, selon le classement annuel des 300 plus riches de Suisse du magazine économique helvète «Bilan». Pour devenir membre de ce club, il faut résider en Suisse et posséder au moins 100 millions de francs suisses (plus de 81,3 millions d'euros). La fortune de Nicolas Puech -qui s'était désolidarisé de la holding familiale pour contrer la progression de LVMH dans le capital- est estimée entre 1 et 1,5 milliard de francs suisses, a choisi le canton du Valais, pour s'installer, tout comme le baron belge Ullens de Schooten, grand actionnaire de Weight Watchers. Au total, ce club compte désormais 140 membres, et 17 d'entre eux détiennent même plus de cinq milliards CHF chacun. Mais la liste établie par «Bilan» n'est pas exhaustive, même si le magazine fait ses propres enquêtes. Nombre de milliardaires préfèrent taire la liste de leurs biens et capitaux, fiscalité oblige. En comptant le nouveau venu, treize milliardaires français habitent en Suisse. Les trois plus riches sont la famille Wertheimer, qui possède la maison Chanel et dont la fortune est évaluée à entre quatre et cinq milliards de francs suisses, soit autant que la famille Castel (vins et spiritueux), et enfin la famille Primat, des héritiers du groupe Schlumberger, avec une fortune évaluée à entre deux et trois milliards de francs suisses. D'autres noms peu connus en France figurent sur cette liste de milliardaires français ayant choisi de vivre en Suisse, pour profiter notamment d'un forfait fiscal très avantageux : la famille Claude Berda (société de production) ou encore la famille Murray qui contrôle deux entreprises britanniques, Andrews Sykes Group, active dans les systèmes de climatisation, et London Security, spécialisée dans la protection contre les incendies ainsi que nombre d'hôtels de prestige en Suisse. Dans le club des riches français en Suisse ayant une fortune entre 100 et 999 millions de francs suisses, il y a aussi quelques nouveaux, comme la famille Zorbibe (ex-propriétaire du groupe Lancel), Denis Dumont, fondateur du groupe de distribution Grand Frais ou encore  Bruno Moineville (Numéricable). Par nationalité, la moitié des 300 plus fortunés en Suisse sont des Helvètes, suivis par les Allemands avec 12% et les Français 11%. (LeParisien.fr)   Ces 147 sociétés qui dominent le monde New Scientist (01/12) La science a peut-être bien confirmé les pires craintes des indignés qui ont manifesté contre le pouvoir financier. L'étude des relations entre 43 000 multinationales a en effet mis en évidence l'existence d'un groupe relativement restreint de sociétés – pour la plupart des banques – jouissant d'une influence disproportionnée sur l'économie mondiale. Selon les spécialistes des systèmes complexes que nous avons interrogés, ces travaux, qui fournissent une remarquable tentative d'analyse du pouvoir économique mondial, pourraient servir de base de travail pour définir les moyens de renforcer la stabilité du capitalisme. Exploitant la base de données Orbis 2007, qui enregistre 37 millions d'entreprises et d'investisseurs à travers le monde, les chercheurs en ont extrait les multinationales (43 060 au total) ainsi que les participations en capital qui les relient. Ils ont ensuite observé quelles sociétés en contrôlaient d'autres par l'intermédiaire des réseaux d'actionnariat et ont associé ces données au chiffre d'affaires de chacune d'entre elles afin de définir la structure du pouvoir économique. Ces travaux, publiés par la revue scientifique en ligne PloS One, mettent en évidence un noyau de 1 318 entreprises liées par des participations croisées. Chacune a des liens avec deux autres ou plus, avec une moyenne de 20 connections. En poussant plus loin ses recherches, le trio a fait apparaître l'existence d'une "superentité" de 147 sociétés encore plus interconnectées (la totalité du capital de chacune d'elles est détenue par d'autres membres de l'entité) qui contrôle 40 % de la richesse totale du réseau. "Dans les faits, moins de 1 % des sociétés contrôlent 40 % du réseau", résume Glattfelder. La plupart sont des institutions financières. Parmi les vingt premières figurent Barclays, JPMorgan Chase et Goldman Sachs. En mettant ainsi à jour l'architecture du pouvoir économique mondial, cette étude pourrait contribuer à le rendre plus stable. Une fois les vulnérabilités du système identifiées, les économistes pourraient imaginer des mesures visant à éviter des effondrements en cascade. Pour Glattfelder, il faudrait peut-être étendre les règles nationales antitrust au niveau international afin de limiter les interconnexions excessives. Pour l'équipe de Zurich, la véritable question est de savoir si la superentité peut exercer un pouvoir politique. Selon John Driffill, spécialiste en macroéconomie à l'université de Londres, ces 147 entreprises sont trop nombreuses pour former une collusion. Braha, lui, estime qu'elles se concurrencent sur le marché mais agissent ensemble pour protéger des intérêts communs. Résister à tout changement dans la structure du réseau fait peut-être partie de ces intérêts.   Conférences, débats   Les Entretiens de Royaumont avaient pour thème cette année « Aimer la France ». Cela a été l'occasion pour F. Fillon dans son discours d'évoquer le rôle de la nation. Mais aussi de défendre la politique européenne du pouvoir notamment sur le partage de souveraineté. Se reporter à Intervention du Premier ministre aux Entretiens de Royaumont   Conférence avec Jacqueline hénard « Que l'Allemagne ? Retour sur les fondamentaux d'un pays au centre de l'Europe » 15 décembre 2011 à 19h00 Mairie du IIIe. Que veut l'Allemagne ? Nombre d'Européens se posent la question tous les jours. Ce n'est pas une volonté de suivisme ou de différenciation qui les y pousse, mais l'inquiétude d'être affectés par la réponse. Comment l'Allemagne perçoit-elle sa place dans l'UE ? A-t-elle toujours l'ambition d’être un leader en Europe ? Ou envisage-t-elle au contraire un repli politique ? Voir un repli économique ? Qu’en pense l’opinion publique ? Les leaders politiques et économiques ? Jacqueline Hénard est auteur de plusieurs livres sur l'identité allemande, chercheuse associé au Céri/Sciences Po et Senior Policy Associate au European Council on Foreign Relations. Elle tentera d'expliquer comment le pays perçoit ses défis et ses enjeux en Europe.    Du côté des revues   La revue Esprit consacre son n° de novembre à La France et l'Allemagne dans la crise de l'euro. Michaël Foessel analyse le rôle de la monnaie au cœur de la nation allemande. A noter, l'article de Bruno Palier « Sortir de la crise par le haut : investir dans la qualité pour tous ». Directeur de recherches au CNRS remarque que « La crise en cours devrait être comprise comme la fin d'un cycle, celui du néolibéralisme et de l'hyperproductivisme. La période actuelle est.. à comprendre comme l'aboutissement et l'épuisement d'un modèle.. » Il prône la construction d'un « nouveau modèle social » tourné vers « l'égalité et la qualité. »   Le Débat de novembre consacre un dossier sur le système de santé autour d'une polémique autour de Guy Vallancien, ancien chargé de mission du plan hôpital 2007, André Grimaldi, signataire du Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire, et Claude Le Pen, professeur d'économie de la santé.   A signaler le hors-série du Monde consacré à Karl Marx L'irréductible.  

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