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Nasser Mansouri - Quelle politique industrielle pour la France?

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L’économiste Nasser Mansouri-Guilani, responsable CGT, a été auditionné par le LEM1le 31 janvier 2011 sur « La crise et son impact sur l’industrie ». Son exposé a porté sur quatre questions. Résumé.

Est-il vrai que la crise est finie? Patronat et gouvernement répètent que le taux de croissance du PIB est devenu positif; que l’emploi augmente; que les bénéfices sont là. Pour eux, la crise serait dépassée, mais pour les salariés elle est toujours là. Le PIB a reculé de 2,5% en 2009. La hausse, de l’ordre de 1 à 1,5% de 2010, signifie que le niveau du PIB est en deçà de 2008: fin 2010, il y avait moins de richesses que fin 2008 pour répondre aux besoins. La crise n’est pas finie tant que les 500000 emplois perdus depuis 2008 ne sont pas compensés, sans parler des 5 millions d’exclus du travail; tant que dans les comptes des entreprises, le seul poste qui augmente c’est les dividendes versés aux actionnaires; tant que la chute de l’emploi industriel se poursuit et s’accélère; tant que les patrons et le gouvernement continuent de dévaloriser le travail.   Pourquoi il faut développer l’industrie? La crise fournit un argument: les pays qui ont donné la priorité au développement des services, surtout financiers, sont les plus touchés; en revanche, les pays qui ont une base industrielle plus forte ou un système de protection sociale développé s’en tirent mieux. Il faut développer l’industrie parce que celle-ci est source d’efficacité, de gains de productivité au sens noble du terme, c’est-à-dire plus de richesses en utilisant moins de capital et moins de travail; parce que son recul (en termes d’emplois ou de production) affaiblit le potentiel de croissance économique; parce que la perte de l’emploi industriel pèse sur les salaires dans l’ensemble de l’économie; pour réduire les dégâts environnementaux à cause de la multiplication des transports superflus de marchandises.   Pourquoi il faut libérer l’industrie du carcan financier? Parce que les dividendes versés aux actionnaires c’est autant d’argent qui ne va pas aux salariés; parce que ces dividendes c’est autant d’argent qui ne va pas à l’investissement productif; pour éviter la dérive dans la financiarisation que Mansouri définit comme « la prédominance de la logique financière dans la gestion des entreprises et la généralisation de l’objectif de rentabilité financière à court terme au détriment du potentiel de développement économique et social à long terme ».   A-t-on les moyens pour relancer l’industrie? L’économiste répond positivement et repose aussitôt trois questions: Comment réorienter la politique économique pour assurer un développement économique et social et établir une politique industrielle? Comment intervenir pour changer les choix stratégiques des entreprises? Comment mobiliser autrement les ressources et les moyens financiers publics et privés? « Je défends l’industrie» prétend Sarkozy, mais sa politique (« compétitivité » du travail, déréglementation, privatisation, réduction des moyens des services publics, valeur externe de l’euro) dit le contraire. Le renforcement des marchés financiers ne règle pas le problème de financement des entreprises. En théorie, les marchés sont censés financer les entreprises, en réalité ce sont les entreprises qui financent la Bourse. Le rapporteur évoque la question d’un « grand emprunt », des « niches fiscales et sociales ». Se pose alors la question des droits d’intervention des salariés dans la gestion des entreprises. Notamment dans les sociétés du CAC 40 qui ont enregistré 47milliards d’euros de bénéfices en 2009 et ont supprimé 60000 emplois! Mansouri pointe le rôle des banques: le plan de sauvegarde s’est fait sans poser de conditions et les banques ont donné comme par le passé la priorité aux opérations spéculatives. Il avance, enfin, un ensemble de propositions pour mobiliser le système financier et bancaire au service de la reconquête de l’industrie (pôle financier public, crédits à taux bonifié…).   Gérard Streiff - article paru dans CommunisteS numéro 423    P.S. : Nasser Mansouri a appuyé son exposé sur un diaporama très riche qu'il a la gentillesse de mettre à la disposition de tous. >> http://lem.pcf.fr/sites/default/files/diapos-audition-lem-nasser-mansour...

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Nasser Mansouri - Quelle politique industrielle pour la France?

le 31 janvier 2011

Le diapo sur lequel s'appuyait l'audition

L’économiste Nasser Mansouri-Guilani, responsable CGT, a été auditionné par le LEM1le 31 janvier 2011 sur « La crise et son impact sur l’industrie ». Son exposé a porté sur quatre questions. Résumé.

Est-il vrai que la crise est finie? Patronat et gouvernement répètent que le taux de croissance du PIB est devenu positif; que l’emploi augmente; que les bénéfices sont là. Pour eux, la crise serait dépassée, mais pour les salariés elle est toujours là. Le PIB a reculé de 2,5% en 2009. La hausse, de l’ordre de 1 à 1,5% de 2010, signifie que le niveau du PIB est en deçà de 2008: fin 2010, il y avait moins de richesses que fin 2008 pour répondre aux besoins. La crise n’est pas finie tant que les 500000 emplois perdus depuis 2008 ne sont pas compensés, sans parler des 5 millions d’exclus du travail; tant que dans les comptes des entreprises, le seul poste qui augmente c’est les dividendes versés aux actionnaires; tant que la chute de l’emploi industriel se poursuit et s’accélère; tant que les patrons et le gouvernement continuent de dévaloriser le travail.   Pourquoi il faut développer l’industrie? La crise fournit un argument: les pays qui ont donné la priorité au développement des services, surtout financiers, sont les plus touchés; en revanche, les pays qui ont une base industrielle plus forte ou un système de protection sociale développé s’en tirent mieux. Il faut développer l’industrie parce que celle-ci est source d’efficacité, de gains de productivité au sens noble du terme, c’est-à-dire plus de richesses en utilisant moins de capital et moins de travail; parce que son recul (en termes d’emplois ou de production) affaiblit le potentiel de croissance économique; parce que la perte de l’emploi industriel pèse sur les salaires dans l’ensemble de l’économie; pour réduire les dégâts environnementaux à cause de la multiplication des transports superflus de marchandises.   Pourquoi il faut libérer l’industrie du carcan financier? Parce que les dividendes versés aux actionnaires c’est autant d’argent qui ne va pas aux salariés; parce que ces dividendes c’est autant d’argent qui ne va pas à l’investissement productif; pour éviter la dérive dans la financiarisation que Mansouri définit comme « la prédominance de la logique financière dans la gestion des entreprises et la généralisation de l’objectif de rentabilité financière à court terme au détriment du potentiel de développement économique et social à long terme ».   A-t-on les moyens pour relancer l’industrie? L’économiste répond positivement et repose aussitôt trois questions: Comment réorienter la politique économique pour assurer un développement économique et social et établir une politique industrielle? Comment intervenir pour changer les choix stratégiques des entreprises? Comment mobiliser autrement les ressources et les moyens financiers publics et privés? « Je défends l’industrie» prétend Sarkozy, mais sa politique (« compétitivité » du travail, déréglementation, privatisation, réduction des moyens des services publics, valeur externe de l’euro) dit le contraire. Le renforcement des marchés financiers ne règle pas le problème de financement des entreprises. En théorie, les marchés sont censés financer les entreprises, en réalité ce sont les entreprises qui financent la Bourse. Le rapporteur évoque la question d’un « grand emprunt », des « niches fiscales et sociales ». Se pose alors la question des droits d’intervention des salariés dans la gestion des entreprises. Notamment dans les sociétés du CAC 40 qui ont enregistré 47milliards d’euros de bénéfices en 2009 et ont supprimé 60000 emplois! Mansouri pointe le rôle des banques: le plan de sauvegarde s’est fait sans poser de conditions et les banques ont donné comme par le passé la priorité aux opérations spéculatives. Il avance, enfin, un ensemble de propositions pour mobiliser le système financier et bancaire au service de la reconquête de l’industrie (pôle financier public, crédits à taux bonifié…).   Gérard Streiff - article paru dans CommunisteS numéro 423    P.S. : Nasser Mansouri a appuyé son exposé sur un diaporama très riche qu'il a la gentillesse de mettre à la disposition de tous. >> http://lem.pcf.fr/sites/default/files/diapos-audition-lem-nasser-mansour...

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