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« Révolution informationnelle, dépassement du capitalisme et enjeux de civilisation »

Par Paul Boccara, le 30 September 2006

« Révolution informationnelle, dépassement du capitalisme  et enjeux de civilisation »

Dans le cadre des journées d'étude des 19 et 20 mai 2006 sur "Alternatives, émancipation, communisme", un atelier a traité le thème, introduit  par Paul Boccara : « révolution  informationnelle,  dépassement du capitalisme et enjeux de civilisation ».

Introduction

L'atelier sur la révolution  informationnelle  se situe dans le cadre du colloque « alternatives, émancipation et communisme  ». Cependant, selon moi il n'y a pas  un  « a priori » de société communiste, de façon sectaire, mais des enjeux de civilisation nouvelle de nos jours pour toute la société. Et peut-être, alors, y a-t-il un « a posteriori » de l'analyse des potentiels de partage, de mise en commun jusqu'à chacun, et donc des caractéristiques d'un communisme de liberté pour chacun de cette civilisation qui deviendrait  possible, face aux conditions nouvelles de l'humanité, vers laquelle on pourrait avancer avec des transformations démocratiques radicales.

Par civilisation il faut entendre, non seulement l'économie, mais aussi l'anthroponomie, c'est-à-dire toutes les sphères de la vie sociale hors de l'économique. Et aussi la localisation historique et géographique de cet ensemble économique et anthroponomique.

La question serait : comment la révolution informationnelle implique-t-elle  des tendances, des exigences et donc des possibilités nouvelles pour la civilisation ?

I - la révolution informationnelle et ses implications de partage.

1 - définition de la révolution informationnelle

On peut partir de l'analyse de Marx de la révolution industrielle, selon laquelle elle a consisté en un remplacement de la main qui manie l'outil par la machine-outil, s'accompagnant d'un développement du machinisme et de l'industrie qui prédominent.

Avec la révolution informationnelle, nous avons le remplacement par des moyens matériels, non pas de la main par la machine-outil, mais de certaines opérations du cerveau, d'opérations  informationnelles.  Comme tout particulièrement avec les ordinateurs.

A la prédominance des activités industrielles succèderait celle des activités informationnelles, comme la recherche, la formation, l'accès aux données, etc.

Cela se distingue de l'ancienne expression « révolution scientifique et technique », scientiste et technocratique, tandis que la science appliquée à l'industrie  caractérisait déjà la révolution industrielle.

Avec la machine-outil, il y a une objectivation des processus qui s'émancipent des mains de l'homme et donc déjà un développement des sciences appliquées pour l'industrie. Avec la révolution informationnelle cela dépasse la science, même si la science et la recherche deviennent plus importantes. Le nouveau, c'est le type d'accès aux données et la possibilité pour chacun d'y accéder. La révolution consiste dans cette possibilité  d'accès de tous, avec la télé information à des masses de données. C'est aussi la possibilité de traitement nouveau de tout ce qui est information, pas seulement des écrits, et notamment le fait que chacun peut, en principe, intervenir sur ces informations.  Cela pourrait s'opposer à la scission entre lecteurs et auteurs, avec l'imprimerie qui a accompagné la révolution industrielle. La révolution informationnelle,  ce n'est pas seulement la connaissance, le cognitif, c'est aussi accéder à tout les types d'informations par un canal universel, avec la numérisation, le multimédia, etc...

Ce n'est pas non plus seulement  ce que l'on appelle la révolution de la communication où l'on met l'accent sur un aspect très important, le vecteur des relations, mais pas sur le contenu : l'information elle-même. Certes il y a une dialectique entre les deux, mais le principal c'est le contenu. L'essentiel c'est la prédominance des informations dans tous les domaines de la vie qui pourrait révolutionner la société. Cela dépasse les seules nouvelles techniques dites de l'information et de la communication (NTIC).

Pour la production, les informations deviennent plus importantes que les machines. Pas seulement la recherche, mais aussi la formation, les études de marché, la connaissance des besoins et autres informations.

C'est la même chose dans la vie sociale et l'anthroponomie. Ainsi, la montée de l'éducation et de la formation, ce n'est pas la science. Et la prédominance de l'éducation et de la formation fait partie de la révolution informationnelle.

Cela veut dire que les activités d'information deviendraient plus importantes que l'activité physique et biologique dans la vie des êtres humains, tandis que les deux dimensions sont bien sûr articulées dès le début de l'hominisation.

2 : Implications  fondamentales  de partage et leurs ambivalences.

C'est le plus important du point de vue social, économique et anthroponomique.  Cela donne à la révolution technologique toute sa portée civilisationnelle.

Au plan économique, ce qui est bouleversé avec le passage de la révolution industrielle fondée sur la machine-outil à la révolution informationnelle, c'est que la première est liée à l'échange, au marché, alors que l'autre implique des partages jusqu'à l'échelle de toute l'humanité.

Une machine-outil est ici ou elle est ailleurs, dans un unique endroit. Ce qui est l'une des bases de la propriété privée capitaliste. Mais une information, vous la donnez et vous la gardez encore. Elle peut être partagée indéfiniment, jusqu'à l'échelle de toute l'humanité. Ce serait une des bases d'une société future possible de partage, que l'on pourrait aussi appeler société communiste de liberté de chacun.

Cette vision de partage est révolutionnaire. À l'opposé, certaines théories académiques considèrent,  à propos de la recherche, ses « effets externes» qui dépassent une seule entreprise, D'où la seule justification de financements étatiques.  Ce qui constitue une conception conservatrice. Cependant, les exigences nouvelles radicales de partage sont récupérées par le système capitaliste de domination des entreprises privées.

Ainsi pour partager les coûts de recherche et les informations, à l'échelle du monde entier, cela pousse au développement de sociétés privées multinationales.  Une entreprise publique ou privée nationale peut partager beaucoup moins qu'une société mondiale, même privée. Et donc le système capitaliste traite le besoin de partage en le récupérant avec la privatisation  des entreprises publiques purement nationales, et la possibilité d'un partage plus étendu avec des privatisations multinationales. C'est la manière capitaliste de traiter le défi d'une autre société de partage à l'échelle de l'humanité,

Il y a donc une récupération,  avec une rivalité relancée entre entreprises monopolistes pour la concurrence et non pour le partage généralisé. La société de non partage récupère le partage. La concurrence tend à évincer et même à détruire la multinationale rivale au lieu d'un partage de coopération à l'échelle de l'humanité. Elle tend à mettre en concurrence les salariés du monde entier, avec le chômage massif durable et la prolifération de la précarisation, des délocalisations, au lieu d'un partage avec tous les travailleurs des richesses et des informations, par la formation, la participation à la gestion et à la recherche-développement.

C'est l'exaspération  du système par la récupération de la révolution informationnelle pour la mondialisation capitaliste. D'où le défi d'un vrai épanouissement de cette révolution et des partages avec un nouveau système.

C'est également les constructions  zonales, comme l'Union européenne, pour dépasser les limites nationales aussi, mais, là encore, avec une hyperdélégation étatique, au lieu du partage des pouvoirs décentralisés jusqu'à chacun et chacune ainsi que des concertations. Et cela jusqu'à l'échelle mondiale avec des institutions multinationales et avec l'hégémonie des États-Unis sur toute la planète, à l'opposé de véritables partages pour toute l'humanité.

Mais c'est quand même la montée du besoin de faire ensemble pour toute l'humanité. C'est une façon réactionnaire de traiter la nouveauté.

Cela renvoie aussi aux dominations monopolistes sur la culture, notamment sur l'internet, à l'opposé de véritables partages maîtrisés jusqu'aux interventions créatrices de chacun.

II - Une révolution rendant possible des dépassements en économie et en anthroponomie, pour une autre civilisation de partage et d'inter-activité.

En économie, il y aurait la possibilité de maîtriser et de commencer  à dépasser les marchés et donc la domination du capital.

Dans les marchés, avec la scission offre/demande, on achète, on vend ou non, au lieu de partager. D'où l'insécurité, et les rejets possibles au lieu de partages. Déjà, on ne vend pas, on n'achète pas à l'intérieur d'une multinationale,  mais on y partage, par exemple les coûts de recherche. Mais on n'y partage pas avec les travailleurs  ni avec les autres firmes.

De même, en anthroponomie, on pourrait maîtriser et commencer à dépasser les délégations représentatives, où il y a la scission entre déléguant et délégué, entre représentation et représentés. Dans la délégation représentative, il y a la dualité des personnes, mais il y a aussi une dualité de l'information, avec celui qui élabore, par exemple un programme politique et celui à qui il est adressé. Il y a la scission entre les auteurs et ceux qui lisent. Au contraire, à l'opposé de cela, pourrait avancer le partage des pouvoirs avec des interventions directes décentralisées et aussi de la créativité des informations, pour l'intervention de chacun.

La délégation représentative ne concerne pas que le politique. Il y a aussi délégation de la direction du travail par le contrat de travail aux chefs d'entreprise ; délégation dans la famille aux chefs de famille. Il y a encore la délégation à des directeurs de conscience, à des auteurs, à des écoles de pensée, etc. En fait, il y a des délégations représentatives partout, comme il y a le marché capitaliste partout.

La question posée c'est le dépassements pour les marchés, comme pour les délégations. Dépasser, cela veut dire à la fois détruire et conserver : réussir à supprimer parce qu'on garde les points forts, et même on fait mieux que les points forts. On garde plus exactement le problème avec une autre solution, marquant un progrès fondamental. Par exemple c'est cette démarche qui est recherchée dans la proposition d'un système de sécurité d'emploi ou de formation pour maîtriser et dépasser le marché du travail.

Le chômage est un mal social, économique, moral avec des gâchis et des souffrances énormes. Mais c'est aussi une force considérable du capitalisme, qui oblige à changer les activités, les techniques, à l'opposé des garanties étatistes d'emplois comme en Union soviétique avec leur rigidité. On peut garder la force de pousser au changement lié au mouvement, mais sans le mal du chômage, en passant d'un emploi à une activité de formation bien rémunérée et choisie, pour repasser ensuite à un autre emploi.

En même temps ce n'est pas seulement faire mieux que les points forts, mais c'est aussi renverser les principes. Sécurité au lieu de précarité du contrat sur le marché (on achète des forces de travail ou pas). Un accès garanti à tous à l'activité et aux revenus, avec un partage des activités, des ressources et des pouvoirs. Mais pour cela il faut qu'avancent également un autre type de croissance de l'industrie et des services, d'autres types de financement, avec de nouveaux pouvoirs pour les salariés. Cela renvoie aux autres marchés, ainsi qu'aux pouvoirs politiques et sociaux, à l'anthroponomie.

● Le marché des productions  : de nouveaux critères de gestion d'efficacité sociale et des pouvoirs d'intervention des travailleurs,  pour dépasser les critères de rentabilité capitaliste, avec une économie des coûts fondée non sur la pression sur les salaires et l'emploi, mais sur le développement maximum des capacités des travailleurs,  en liaison avec les recherches et leur utilisation. L'avancée d'entreprises publiques nouvelles coopérant intimement au plan national et au plan international.

● Le marché de la monnaie et de la finance, avec une autre utilisation de la création  de monnaie partagée. Cela concerne un nouveau crédit, à taux très abaissés pour favoriser une sécurisation de l'emploi et de la formation, d'autres critères de gestion, etc. Une autre utilisation de la BCE et de l'euro pour refinancer les crédits des banques aux investissements, avec des taux d'intérêt d'autant plus abaissés que sont programmés de l'emploi et de la formation. Un autre FMI et une monnaie commune mondiale, pour nous émanciper du dollar et pour agir dans le même sens d'un nouveau crédit à l'échelle mondiale.

● Le marché mondial: d'autres règles pour promouvoir la coopération et le co-développement, maîtriser le commerce, avec l'institution de biens et services communs pour toute l'humanité, comme l'alimentation, le transport,  l'eau, l'énergie, la santé, l'environnement, la communication, la recherche, la culture.

Enfin les implications de partage peuvent toucher aussi les domaines de l'anthroponomie :

● Le partage des rôles et activités parentales. Cela concerne l'égalité des parents, y compris pour les familles recomposées etc., l'émancipation des femmes, des jeunes, des personnes âgées.

● Cela concerne aussi les services publics  aux personnes : le partage des pouvoirs et activités dans l'école, la santé, etc. Cela renvoie au partage dans les services publics, entre tous les usagers et tous les personnels, avec une révolution des opérations pour la prévention et pour la créativité de chacun, alors que les personnels sont actuellement dominés par l'État, la rentabilité, leur hiérarchie.

● Le partage des pouvoirs politiques  avec des décentralisations jusqu'à chacun et des concertations  aux différents niveaux, local, régional, national, zonal, mondial.

● Le partage des pouvoirs, des informations, de la gestion, de la créativité dans les activités de production.

● Le partage au plan culturel, avec une culture de toute l'humanité à la fois diverse et commune. Cela viserait  aussi le dépassement des oppositions entre Orient et Occident et de leurs apports propres de liberté individuelle et de solidarité, un nouvel humanisme pour une civilisation « d'intercréativité », c'est-à-dire  de partage des rôles de créativité, la rotation des réceptions et des apports culturels entre tous les peuples et toutes les aires culturelles et jusqu'à chacune et chacun.

Cela renvoie à une nouvelle  construction mondiale, à l'opposé de l'hégémonie des États-Unis, avec notamment un rapprochement décisif entre les pays de l'union européenne et les pays en voie de développement ou émergents. Et surtout cela renvoie à des avancées sociales, politiques, culturelles immédiates, allant en direction de ces transformations profondes d'une nouvelle civilisation.

C'est ce que nous pourrions  faire dans le cadre d'un projet politique et social pour la France, pour les élections présidentielles et législatives. Cela concerne notamment  la proposition d'une loi de sécurisation sociale de l'emploi et de la formation, instituant de nouveaux droits et pouvoirs d'intervention des travailleurs et des citoyens et non seulement une autre politique gouvernementale, pour faire avancer de nouvelles coopérations, d'autres gestions, d'autres financements, une autre croissance des entreprises industrielles ou de service et des services publics.

Débat :

Pour Yvette Lucas, sociologue,  la révolution informationnelle pose la question du changement des rapports entre les hommes et les machines.

Ces évolutions effacent-elles tout ce que les hommes avaient acquis dans le maniement des outils ? N'y a-t-il pas une nouvelle « combinatoire » optimum  à chercher dans les relations hommes-machine pour les rendre plus efficaces et plus épanouissantes alors que le capitalisme utilise la révolution informationnelle pour hiérarchiser la société et fragmenter les opérations de travail ?

Pour Paul Boccara, il y a eu plusieurs étapes avant la révolution informationnelle. Cette évolution n'est pas finie. Dans l'analyse de ces évolutions,  il y a une dialectique entre hommes et moyens artificiels avec une transformation de la nature humaine (l'anthroponomie)  et une transformation de la nature extérieure (l’économie).

Dans la révolution industrielle, quand la main est remplacée par la machine-outil, il y a aussi le fait que le salarié sert et commande la machine qui fait mouvoir l'outil, corrige les erreurs, au lieu de manier les outils, c'est-à-dire accroît ses activités informationnelles.  Même s’il s’agit d'information d’exécutant, à partir de consignes liées à la science appliquée au machinisme émancipé des mains, il y a un important aspect informationnel. Cela explique que le capitalisme ait eu besoin d’une certaine liberté individuelle,  mais dans une société de subordination et non pas dans une société de l'information généralisée avec partage et sans domination sociale.

Plutôt qu’un optimum « homme-machine », il y a donc une dialectique historique : ce qui est transféré à l'objet matériel prend d'autres dimensions, s'objective,  donc se développe, d'une part, et d'autre part, les êtres humains eux-mêmes sont obligés de se spécialiser  dans ce que la machine ne fait pas, de développer leurs capacités propres.

Avec la révolution informationnelle, et plus précisément l'«automation » (qui va plus loin que le remplacement de la main de l'automatisation),  c'est la machine elle-même qui  corrige et remplace les fonctions informationnelles de contrôle réalisées par les hommes. Ainsi, pour les êtres  humains la créativité peut se développer au lieu du cantonnement dans la fonction d'exécution. Mais bien sûr cela  suppose la lutte contre la récupération capitaliste par des nouvelles formes hiérarchiques et de divisions.

Jacques Broda, sociologue,  insiste sur le besoin de prendre en compte le sujet, notamment la part inconsciente de la subjectivité, et sur le fait qu’une révolution comme la révolution informationnelle pourrait déboucher, non pas sur une nouvelle civilisation, mais au contraire sur la barbarie.

Ce qui nécessite de s’interroger sur la parole et le langage, sur ce que pourrait être une parole communiste, voire une éthique communiste et donc sur les valeurs.

De ce point de vue avec les idées de partage, on avance un système de valeurs, mais celles-ci sontelles un bien commun de l’humanité? Car nous assistons à une guerre contre tous et il faut nous interroger sur la haine et le non partage. Être barbare ne signifie-t-il pas tomber hors du langage ?

A l'intérieur de la révolution informationnelle, n’y a-t-il pas une désappropriation  généralisée des formes de communication et de langage au niveau social d'une gravité  extrême  ? Dans ce contexte, comment changer le monde ? C’est  aussi une question de valeur. La solidarité  est un mot galvaudé, pourquoi ne pas parler d'amour comme valeur essentielle dans notre projet ?

Pour Antoine Casanova, ce n'est pas la première fois que dans le mouvement des forces productives, celui de l'hominisation qui a commencé par la position verticale, l'outil, des capacités séparées, hors du code génétique, se développent. A chacune de ces grandes étapes, l'humanité invente des forces productives nouvelles dans le terreau des rapports de production. Elles se trouvent par là-même, au centre de batailles et de stratégies de civilisation. Et la classe dirigeante a souvent sa propre version de la mise en acte des capacités productives qu'elle tente de faire intérioriser par chacun. Il est donc besoin de comprendre le mouvement des capacités humaines et comment la bourgeoisie fait par rapport à ce mouvement. On a aujourd'hui  une technologie séparée de l'homme, qui permet non seulement de démultiplier les bras comme la machine-outil, mais aussi des capacités d'intelligence. Ce type de système  change fondamentalement la société, il implique des mutualisations, mais développées dans le cadre d'une concurrence immense. D'où des contradictions:  d'un côté, des êtres humains qui maîtrisent ces transformations, ce qui implique une formation initiale de haute qualité pour tous. De l'autre côté, il s'agit d'utiliser les êtres humains trés formés et en même temps à bas coûts et jetables ? Cela concerne  un projet de civilisation.

Pour Paul Boccara, il n'y a pas de fatalité pour passer de l'exigence de partage récupérée par le capitalisme à une civilisation de créativité pour tous et de sécurité dans la mobilité de promotion de chacun. Nous avons vu que les multinationales récupèrent ce partage des informations  pour relancer la concurrence mondialisée et ses destructions  sociales. Mais il y a des conditions nouvelles qui rendent possibles et favo-risent une civilisation de dépassement, y compris par les défis d'exacerbation des dominations  capitalistes. C'est aussi le cas, notamment,  avec les risques majeurs, mais aussi les potentiels  des nouveaux espaces et techniques de la révolution écologique, faisant monter les besoins de coopération avec des aspirations nouvelles à un autre monde.

On va passer à une société où l’informationnel va prédominer. L'informationnel caractérise le développement humain en liaison avec les moyens matériels. Ceux-ci remplacent des fonctions humaines, objectivent et développent la conscience humaine. Mais cet «informationnel» qui est fondamental dans le développement humain, a longtemps été subordonné au physique dans la production, ou au biologique matériel dans l'anthroponomie. C'est-à-dire manger, se vêtir, etc... Nous passerions à une prédominance de l'informationnel, par rapport au physique et au biologique. Dans cet "informationnel" il peut y avoir la prédominance de la créativité pour chacun, et non de l'exécution, avec la domination élitiste des créateurs et de ceux qui les contrôlent  avec un monopole social de la créativité pleinement développée. Cela suppose bien sûr la montée de nouvelles valeurs, éthiques et culturelles, de partage et d'inter-créativité.

Tous les types de domination sociale ont été liés au monopole de la créativité supérieure articulé au monopole sur les moyens matériels.  Ce monopole,  c'est celui du prêtre de l'Égypte antique à qui il est dit « tu mangeras le pain dans la maison de Dieu  ». Cela renvoie au monopole du travail productif pour la masse de ceux qui travaillent la terre pour le pain, tandis que le prêtre, lui, peut se consacrer à l'astronomie, la médecine, la science et la religion. Avec cette prédominance massive des activités physiques  sur les activités informationnelles, il y avait un monopole de la créativité pleinement développé détenu par une minorité dans tous les systèmes, aussi bien marchands que non marchands. L'objet de l'information  humaine ce n'est pas seulement la science, c'est toute la créativité. C'est l'art par exemple. C'est l'éthique.  Cela renvoie à la conscience est aussi à l'inconscient, avec l'opposition des pulsions d'union et de création aux pulsions de destruction.

On a eu un art de la religion parce que la religion dominait avec l'aide de l'art. Mais on peut avoir une sorte de religion de l'art. L'art exprime tout particulièrement la créativité en soi. La tendance de la civilisation c'est de développer la vie humaine avec la créativité, même si cela peut être récupéré par la domination et aussi la destructivité.

Plus précisément, plutôt que de créativité  au sens strict, il faudrait parler de transformation créatrice, parce que ce n'est pas une créativité à partir de rien comme celle attribuée à un Dieu. Dans ce sens, rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme, comme disait Lavoisier. La vraie créativité est une transformation de choses existantes et non une création à partir du néant. C'est l'art, et c'est aussi l'éthique et non seulement la science. C'est le beau, le bien, le vrai de Platon. Et cela renvoie à la coopération, pour la transformation des résultats de la créativité d'autrui.

Mais pour revenir à la subjectivité, il y a toute cette dialectique inconscient conscience qui est constitutive de l'information psychique des êtres humains. C'est cette dialectique conscience et inconscient qui d'ailleurs permet la créativité. Par exemple, il y a l'identification dans l'inconscient  et les fantasmes, depuis l'identification du bébé à la mère. L'identification est une base de la créativité, parce que l'on rapproche  des choses séparées et la jonction de choses séparées permet de faire quelque chose de nouveau.

Cela renvoie à toute une pensée de la créativité et non pas seulement une éthique de la créativité, à une culture qui explique la créativité par les croisements d'apports et le métissage, à une éthique de la créativité de chacun, dans l'intercréativité, avec la dignité créatrice de chaque être humain.

À propos de la question de savoir si l’avenir sera barbarie nouvelle ou partage généralisée jusqu'à chacun, il n'y a pas de fatalité mais des possibilités  désormais ouvertes aux luttes  de classes des salariés en économie et aux luttes émancipatrices en anthroponomie, des femmes, des générations, des groupes culturels,  etc... Au plan de l'anthroponomie et du psychisme humain il y a certes, à côté des pulsions d'union et d'amour, les pulsions de destructivité auxquelles peut conduire la répulsion de la mort. Mais cela peut conduire aussi à la créativité qui réunit l'union et la destruction créatrice, et les dépasse. C'est notamment  le cas avec ce que Freud appelle la sublimation et la créativité supérieure comme l'art et la science. Mais Freud parle aussi des divisions sociales de ce point de vue comme si elles étaient éternelles : il y aurait ceux qui répriment leurs pulsions pour travailler comme les producteurs matériels et ceux qui les répriment pour les œuvres supérieures de la sublimation. Mais on pourrait aujourd'hui dépasser cette opposition, en dépassant la domination sociale des moyens matériels et des moyens informationnels,  en supprimant les monopolisations  sociales dans une société de partage, vers laquelle on peut avancer.

Fondamentalement, cela renvoie à une vision éthique nouvelle, de l'inter-créativité.  Chaque être humain à une dignité créative, chacun doit pouvoir participer pleinement à la création. Il ne s'agit pas de faire le bien des autres, ce qui serait tout à la fois dominateur, paternaliste ou poussant au sacrifice de soi. Mais que chacun puisse créer son propre bien, en relation avec d'autres qui créent leur bien, avec l'inter-créativité.

L'aspiration fondamentale, ce n'est pas de produire, mais de évelopper sa vie créatrice.  Ce n'est pas de consommer on plus, même si évidemment, il faut une base de consommation. Mais le but serait de développer pour chacun sa vie créatrice et son style de vie créatrice en relation avec celles des autres. C'est toute une éthique qui dépasse le travail et son exploitation, mais s'appuie sur la formation, la création de soi pour la créativité avec autrui. Ainsi nous proposons une sécurité d'emploi ou formation pour chacun, afin de dépasser le salariat et sécuriser les activités dans une mobilité de promotion, avec la formation continue qui dans le futur deviendrait plus importante que l'emploi.  De même, on peut proposer formation et créativité, participation à la créativité dans tous les domaines à partir de la formation.  La créativité libre pour épanouir sa vie deviendrait  le moteur et le but de toutes les activités de chacune et chacun, y compris dans les activités de formation pour la création de soi-même avec les autres.

Stéphane Bonnery soulève des questions  d'éducation  et de pédagogie : on est passé en éducation de l'inculcation et la répétition pour la mémorisation  à la pédagogie se réclamant de l'émancipation de l'individu, avec un constructivisme des savoirs où l'élève pourrait construire ses savoirs par lui-même. Mais il est difficile de délimiter une démarche qui pourrait relever d'une volonté de partage et celle releverait d'un certain « libéralisme » en pédagogie. En rompant avec l'inculcation on est passé à une forme de pédagogie où l'élève est mis en présence d'un savoir qui est caché volontairement  et le travail pédagogique consiste à faire faire des exercices à des élèves pour dans un cheminement où l'élève serait censé avoir construit lui-même ce savoir par l'échange, l'expérimentation,  etc. Or, derrière cela, c'est une certaine forme de « libéralisme » en pédagogie. C'est comme dans un marché où le savoir est mis à l'étal avec une multitude d'éléments où ce sont les élèves de familles cultivées qui ont les outils pour savoir quels sont les bons fruits à prélever. Ainsi, les élèves les plus en difficulté,  qui n'ont pas les codes les plus en phase avec les attendus scolaires sont noyés dans une multitude de tâches dont ils ne maîtrisent pas la finalité. Et le discours qui a les apparences du progressisme favorise souvent les mêmes élèves qui auraient aussi été les plus aptes à recevoir un savoir reposant sur l'inculcation. On a changé le procédé mais le résultat est le même.

Une série de questions découle de ce constat : comment on pose la question du partage de manière qui échappe à ce mouvement de balancier passant de conservatisme pédagogique à libéralisme pédagogique? Comment travailler  l'idée de reconnaissance de l'individu dans l'acquisition  de connaissances avec une conception  qui dépasse celle de l'individu libéral  ?

Peut-on faire un tel parallèle entre marchés en économie et marché en anthroponomie?  Comment ces deux sphères sont en relation dialectique d'interdépendance réciproque et comment les modèles économiques peuvent influer sur les modèles de partage entre êtres humains  ? Quel  type de partage de la formation et du savoir ? Et inversement comment  ces échange dans la sphère anthroponomique peuvent avoir des incidences sur l'économie ?

Cette question du partage de l'information  pose la question stratégique de l'alliance. Dans la classe salariale, il y a une convergence de plus en plus grande entre catégories  de salariés qui pourraient permettre de porter la question de « la classe pour soi » au-delà de « la classe en soi ». Ce rapprochement  ne pose-t-il pas cette question du dépassement des modèles pédagogiques dominants qui excluent du savoir nombre d'enfants des catégorie ouvrières et des employés  ?

Paul Boccara :

Effectivement il y a une utopie et des idéalisations du  constructivisme scolaire ou de l'apprentissage scolaire nouveau avec la montée de la créativité qui dans notre  société peut favoriser les enfants issus des milieux favorisés. Mais il y aurait en même temps une revendication  novatrice profonde, exigeant précisément d'autres conditions de vie sociale pour tous, une transformation radicale  systémique et non limitée à la pédagogie. Même l'exigence pédagogique peut justifier la révolution systémique bien plus vaste. Ce n'est pas une abstraction.  On sait déjà, par  exemple, l'influence du logement sur les capacités scolaires.

D'où les implications pour un autre logement social. Il faut donc faire attention de ne pas tomber dans l'unilatéralité de la critique et chercher à dépasser les points de vue limités.

Ce dépassement est lié sans doute à la compréhension de ce qu'est la créativité transformatrice.

Comme dans tous les domaines, dans l'éducation, la créativité suppose que l'on ait des bases à transformer, par exemple avec les enfants et les conditions  parentales. Comme nous l'avons indiqué, la créativité pure n'existe pas et il y a besoin de présupposés, d'une base, de choses déjà données  (mais que l’on peut ne pas avoir), comme une culture transmises par des parents et par des générations précédentes. On retrouve l'idée que la contradiction  n'est jamais supprimée, c'est l'antagonisme qu'il faut supprimer: c'est-à-dire ici le monopole des moyens de vie et de conditions de vie.

De même, cette contradiction entre « moi je te dis une chose et toi tu l'écoutes », on ne peut pas la supprimer, mais on peut la retourner avec la rotation et le partage des rôles pour qu’il n’y ait pas antagonisme. C’est « l'enseignant enseigné ». Un meilleur enseignant a appris par ses élèves. D'où aussi sans doute la question de la valorisation des cultures d'origine parentale par exemple, mais sans segmentation, avec des partages entre tous. On ne peut supprimer la contradiction mais l'antagonisme, et l'antagonisme vient du monopole. Et on supprime l'antagonisme en organisant la rotation, jusqu'au partage de tous les rôles. Mais cela implique le partage des moyens et des conditions des rôles.

C'est aussi valable pour les moyens de vie et la culture des différents peuples. Cela renvoie à la diversité culturelle à respecter, avec soit le relativisme et la segmentation des cultures, soit le partage et le métissage, l'inter-créativité. On peut prendre l'image de l'arbre et de son arborescence, il y a les troncs communs et la diversité arborescente. Il y a besoin de nos jours d'une culture à la fois commune et diverse de toute l'humanité. Mais aussi pas de floraison multiple,  sans suffisamment de sève partout.

Concernant les catégories de salariés et leurs luttes communes pour l'émancipation matérielle et culturelle, plus qu'une alliance possible, il y a un rapprochement. Un rapprochement par le haut et un autre par le bas. Par le bas, il y a les conditions d'un rapprochement des catégories de salariés touchés par le chômage et la précarité, y compris dans la Fonction publique, chez les cadres, et donc le besoin de sécurité. Il y a aussi un rapprochement  par le haut, avec le besoin de formation continue pour tous, le besoin de responsabilité créatrice pour tous. C'est plus qu'une alliance. Il faut construire un rapprochement, une communauté, un partage jusqu'à chacune et chacun. C'est un peu la même chose entre les nations, les peuples, les aires culturelles. Bien sûr, ce rapprochement ne va pas tout seul. Ainsi, monte le besoin d’une sécurisation dans un processus permettant d'aller vers une sécurité dans un mouvement de promotion  pour l'épanouissement des êtres humains. Mais, cet objectif est récupéré quand, par exemple, tout le monde parle de sécurisation des parcours professionnels. Mais dans la sécurisation il y a des ambivalences : cela peut être une prétendue sécurisation pour améliorer à peine tout en conservant le chômage et même en généralisant la précarité. De même, dans l'idée de gradualité il peut y avoir l'idée de seulement quelques améliorations pour renforcer finalement la précarité.

Avec un autre sens de la gradualité, il s'agit d'avancer vers l'éradication du chômage. C'est une gradualité avec une perspective radicale et non pas une radicalité d'accompagnement de ce qui existe. Il y a donc un enjeu énorme de créativité sociale et de pouvoirs nouveaux avec cette idée de sécurisation dans une mobilité de promotion.

Dans tous les domaines, dès lors que montent des réalités et exigences nouvelles, il y a des tentatives  pour leur récupération, pour la pérennisation du système. Cette récupération n'est pas désespérante, parce qu'au contraire, malgré elle, elle pousse également les défis et le besoin de faire tout autrement que la récupération réactionnaire à partir des nouvelles tendances réelles. Cette récupération  est donc elle même ambivalente. Elle peut produire  son propre fossoyeur, ou plus exactement pousser à des dépassements réussis. •

TRAME « PROPOSITIONS » : POUR L'EGALITE HOMMES - FEMMES

le 28 September 2006

Ce texte proposé lors de la réunion nationale des collectifs locaux « Pour des candidatures unitaires de la gauche en 2007-2008 » du 10 septembre 2006 est en court d'enrichissement des différentes composantes et individus impliqués. Atouts et manques, comparaisons et discussion avec le programme du Parti communiste français.

[L'égalité entre les femmes et les hommes, le refus de toute discrimination de sexe et l'approche féministe de la société sera au cœur de notre démarche. Loin de penser que les femmes font problème, nous estimons que c'est l'organisation et le fonctionnement de l'ensemble de la société qui doivent être remis en cause pour que les besoins, les intérêts, les compétences des femmes et des hommes soient pris en considération, modifiant ainsi les rapports sociaux de sexe. Un pourcentage conséquent du budget de l'Etat sera affecté à la lutte pour l'égalité des sexes.] L'objectif de l'égalité femmes-hommes a une dimension transversale. Les femmes seront les premières bénéficiaires de l'amélioration de nombreux services publics, de la priorité accordée au service public de la petite enfance et des mesures contre le chômage et la précarité.

88. Nous assurerons le droit des femmes à disposer de leurs corps par la contraception et l'avortement libre et gratuit. Des moyens supplémentaires seront attribués aux centres de planification et d'IVG, la gynécologie médicale et hospitalière afin que ce droit soit accessible à chacune sur l'ensemble du territoire. Les médecins et personnels des centres IVG bénéficieront d'un vrai statut. 89. [Nous reconnaissons les violences des hommes contre les femmes comme un problème de société laquelle doit en assumer le coût social.] C'est pourquoi la loi cadre contre les violences faites aux femmes élaborée par des associations du mouvement féministe (qui contient des mesures de prévention et prévoit des sanctions lorsque nécessaire) sera adoptée. Une politique publique de lutte contre les violences subies par les femmes sera définie : éducation, prévention, information, mesures en faveur des victimes de violence (développement des lieux d'écoute et d'accueil). 90. La prostitution n'est pas un choix mais une violence. Des mesures seront prises pour dissuader et pénaliser les éventuels clients. Un dispositif en direction des prostituées (formation, emploi, aide sociale et économique) sera effectivement mis en place [pour l‘accueil, les soins, l'insertion ou la réinsertion des personnes enfermées dans le système prostitutionnel, pornographique ou pédo-criminel, en s'inspirant de la Convention du 2 décembre 1949.] 91. Chaque année une négociation sur le respect de l'égalité professionnelle (embauche, salaires, promotions) sera instituée au niveau des branches et des entreprises. Les atteintes à l'égalité professionnelle sera une discrimination punissable pénalement. La promotion de l'égalité dans la fonction publique sera assurée. Nous prendrons des mesures pour que le dispositif sur le harcèlement sexuel au travail protègent les femmes qui portent plainte. 92. Un système d'équivalence des qualifications entre métiers sera établie pour faire respecter l'égalité de traitement entre métiers à dominantes masculine et féminine. 93. La loi civile française sera appliquée aux femmes étrangères résidant en France. Elles bénéficieront d'un titre de séjour établi à leur nom. [Elles ne seront plus assujetties aux Codes de statut personnel des pays d'origine.] (annule le paragraphe 55) 94. [Nous légiférerons sur l'individualisation des droits sociaux pour rompre avec le modèle familialiste et permettre une plus grande autonomie des femmes. Nous prendrons des mesures de transition pour rendre les pensions de réversion inutiles à terme.] 94 bis. [Nous légiférerons sur un texte de loi anti-sexiste, dotée de moyens et de sanctions, condamnant les discriminations et insultes à caractère sexiste, ainsi que la banalisation et l'omniprésence de la pornographie qui est une atteinte à la dignité des femmes et l'instrumentalisation de leur corps à des fins marchandes.] (L'ancien paragraphe 71 passe dans la partie droits)

De 88 à 94 bis : Voir les propositions du Parti communiste français

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Bulletin septembre 2006 : FÊTE DE L'HUMANITÉ 2006

le 10 September 2006

Pour une perspective transformatrice

Pas de trêve estivale pour les communistes, qui ont participé ou initié des actions de résistance et de riposte contre les choix gouvernementaux et patronaux.

Après la lutte contre le CPE, nous avons, en effet, multiplié les rencontres dans les quartiers, dans les entreprises pour exiger un plan d'urgence sociale, nous avons organisé les ventes solidaires de fruits et de légumes, nous avons été, et sommes toujours, aux côtés des expulsé-e-s de Cachan.

En cette période de rentrée scolaire, nous serons devant les écoles, non seulement pour dénoncer la pseudo “égalité des chances” proclamée par Monsieur de Villepin, qui n'est en réalité que la mise en concurrence des élèves, mais encore pour amplifier le mouvement de solidarité à l'égard des enfants sanspapiers afin d'éviter leur expulsion.

Notre présence est également active dans toutes les initiatives qui s'opposent aux fermetures ou aux délocalisations d'entreprises, ainsi qu'à la privatisation de GDF grâce, notamment, à la pétition de nos parlementaires.

Mais la grande question qui est posée à toutes les forces qui se réclament du changement est de savoir quelle alternative politique elles proposent. Comme lors de la bataille référendaire, on veut nous faire croire qu'il n'y aurait qu'un choix entre l'ultralibéralisme à la Sarkozy ou l'adaptation au capitalisme à la Ségolène Royal. Quant aux forces antilibérales, condamnées à l'éparpillement, elles seraient vouées à un rôle protestataire.

Rien n'est encore écrit, de l'intervention citoyenne dépendra la nature du scénario, c'est ma conviction. L'enjeu fondamental des prochaines élections est de savoir ce que les gens vont obtenir pour changer vraiment leur vie et, pour cela, il faut que chacune et chacun s'en mêlent, comme un certain 29 mai.

Le rôle des communistes pour faire grandir la dynamique populaire est incontournable, inlassablement nous devons continuer à renforcer le rassemblement de toutes celles et de tous ceux qui aspirent à un véritable changement. Marie-George Buffet s'est adressée à la fois aux comités populaires qui ont porté le “NON” au référendum et à toutes les forces de gauche sans exclusive pour faire bouger les lignes.

Mettons cartes sur table, le débat doit se faire au grand jour en confrontant les analyses, les propositions qui émergent à gauche. Le programme finalisé à notre congrès est un outil pour aller à la rencontre de nos concitoyennes et de nos concitoyens.

À l'heure où il est de bon ton de se retrouver lors d'universités d'été, nous devons plus que jamais nous mobiliser pour faire de la Fête de l'Humanité 2006 un espace de discussions, de confrontations indispensables à toute perspective transformatrice. Acheter, vendre la vignette bon de soutien est l'acte militant à privilégier jusqu'au 15 septembre.

À l'Agora et à l'espace des Bouches-du-Rhône, des débats auront lieu pour dénoncer et combattre les discriminations sexistes à l'initiative ou en coélaboration avec notre commission. Je vous y attends nombreuses et nombreux.

Laurence Cohen

Sommaire :

Actu Compte rendu de l'assemblée des femmes du PGE du 8 juillet 2006 Compte rendu de la réunion de Berlin du 26 août en vue du séminaire des 6 et 7 octobre à Trieste (Page 2)

Activité de la commission nationale Action contre la lapidation d'une Iranienne Communiqué dénonçant l'inauguration d'une place parisienne au nom de Jean- Paul II Cachan : quand les femmes se dressent Vente de tee-shirts à la fête fédérale de la Haute-Vienne (Page 3)

Fête de l'Humanité (Page 4)

Agenda Un petit coucou de Cécile et l'arrivée d'Elisabeth (Page 6)

L'avortement aujourd'hui menacé, mobilisons-nous !

le 07 juillet 2006

Laurence Cohen, responsable nationale de la Commission « Droit des Femmes - Féminisme » vient de signer pour le PCF cette pétition, il est urgent que d'autres personnes fassent de même, c'est pourquoi nous souhaitons diffuser cette pétition par le biais du site du PCF

Nous : citoyens(es), fédérations, associations, universités... protestons contre l'appel lancé par le collectif « Papa, maman et moi » pour faire du 25 juillet prochain une journée européenne contre l'avortement.

Nous tenons à réaffirmer que l'accès à l'avortement est un droit !

L'avortement est autorisé par une loi, en Belgique comme dans presque tous les pays démocratiques ; c'est un droit, acquis après de nombreux débats et actions, on ne peut laisser des mouvements intégristes et fascisants le remettre en question ! Le droit des femmes à disposer librement de leur corps est un droit fondamental, il ne peut être mis en débat. Le ventre des femmes redevient le nouveau socle de toutes les focalisations de ces mouvements réactionnaires et xénophobes. Réagissons !

Parce que nous sommes pour la sauvegarde de ces droits et la promotion d'une parenté responsable, nous lançons ce texte comme une sonnette d'alarme, pour que tous, en tant que mouvement ou que citoyen, réaffirmions notre volonté de conserver ces droits essentiels !

Je signe !

Wij, burgers, federaties, verenigingen, universiteiten,... verzetten ons met klem tegen de oproep van het collectief « Papa, maman et moi » om van 25 juli a.s. een Europese dag tegen abortus te maken.

Wij willen duidelijk stellen dat het afbreken van een ongewenste zwangerschap een recht is !

In België, net zoals in nagenoeg alle democratische landen, is abortus nu door een wet toegelaten ; het is een recht dat na lang en moeilijk overleg, meer nog : een lange strijd, eindelijk werd verworven. Het is volstrekt uitgesloten dat men fundamentalistische bewegingen met extreem-rechtse neigingen dit recht in twijfel zou laten trekken. Het zelfbeschikkingsrecht van vrouwen over hun eigen lichaam is onaantastbaar. Doch wij stellen vast dat hun buik opnieuw in het brandpunt staat van de belangstelling van de hogervermelde behoudsgezinde en vreemdelingen hatende bewegingen. Wij moeten reageren !

Omdat wij borg staan voor het behoud van dit recht en de bevordering van het verantwoorde ouderschap, propageren wij deze tekst die eenieder, als individu of als lid van een vereniging, wil sensibiliseren om zich in te zetten en, samen met ons, dit recht met de grootste vastberadenheid te verdedigen.

Ik onderschrijf de tekst, ik teken mee !

We, simple citizens, federations, associations, universities,... protest against the call sounded by the group called « Papa, maman et moi » to make of 25th July next a European Day against abortion.

We wish to reaffirm that to have access to abortion is a right !

Termination of pregnancy is authorized by law, in Belgium as well as in most democratic countries. It is a right that was won after long debates were held and many actions undertaken. It is out of the question that one should let some organizations with outspoken fundamentalist and extreme-right tendencies threaten this attainment. The right of women to exert control over their body is a very basic one, that is not liable to dispute. The women's bellies, once more, are becoming the focus of interest of reactionary and xenophobe organizations. We must react !

We shall fight for the upholding of this right and the implementation of a responsible parenthood. We sound the alarm by spreading this text so that all are given the opportunity to reaffirm their committment to preserve this basic right !

I sign !

Premières organisations signataires de ce texte/ eerste handtekeningen/ First Signatures :

Les quatre fédérations de centres de planning familial en Communauté française (FCPC, FLCPF, FCPPF, FPS) ; l'APES-ULg, Service Communautaire de Promotion de la Santé, unité de l'Ecole de Santé publique de l'Université de Liège ; Ex Aequo ; le Bureau wallon des femmes de la CGSP ; le CAL ; le CEMEA-SJ (Organisation de Jeunesse reconnue par la Communauté française) ; le CEMEA-EP (Service d'Education Permanente reconnu par la Communauté française) ; le Conseil de la jeunesse d'expression française (CJEF) ; la Fédération des centres de service social ; la Fédération des maisons médicales ; les Femmes Prévoyantes socialistes ; la FGTB ; le GACEHPA ; Garance ; le Groupement belge de la Porte Ouverte pour l'émancipation économique des Travailleuses ; le Librex ; la Ligue des familles ; la Ligue des droits de l'Homme ; la Ligue de l'Enseignement ; La Maison en plus ; Magenta ; la Plate-forme Prévention Sida ; le SETCA Namur ; Tels Quels ; l'Université des femmes ; Verbond Sociale Ondernemingen ; Vie Féminine

Free Clinic ; Cafra ; Centres de planning familial d'Evere, d'Ixelles, de Tamines, de Mons, de Tournai, d'Arlon ; Centre de Planning familial Leman, Collectif Contraception de Charleroi ; Famille heureuse de Liège, Famille Heureuse de Saint-Josse, Collectif Contraception Seraing ; Centre de consultations familiales et sexologiques CFS ; SIPS...

Infos : www.planningfamilial.net

Les moyens de lutte contre la lesbophobie

le 04 juillet 2006

La lutte contre les discrimininations est partie intégrante du combat communiste, dans une visée émancipatrice de la société.

En ce sens, la lutte contre les discriminations LGBT se situe au coeur du combat communiste : Vivre librement son orientation sexuelle et son identité de genre doit être naturel, tout simplement.

Sommaire De manière singulière, la (...) LA LUTTE CONTRE la LESBOPHOBIE LES MOYENS DE LUTTE CONTRE LA

Etre traité-e à égalité par la République, en matière de respect des droits, de projet familial, de santé est, pour nous, une exigence qui a valeur universelle.

Pouvoir s'aimer à la vue de tous, sans peur, sans honte, sans mensonge, est un droit fondamental de chaque être humain.

C'est pourquoi, le PCF a déposé des propositions de loi contre l'homophobie, la lesbophobie, la transphobie en 2004, et pour l'accès au mariage des personnes de même sexe, en 2005.

Le PCF se prononce également pour les droits à l'adoption et à la parentalité sans distinction de sexe ou de genre. Cette avancée figure en tant que tel dans les textes adoptés par le dernier congrès, en mars dernier.

De manière singulière, la lutte contre la lesbophobie est essentielle.

La lesbophobie reproduit les mécanismes types à l'œuvre dans toute discrimination (rejet de l'autre parce différent)

Mais il s'agit de reconnaître la lesbophobie comme discrimination particulière, parce que double :

parce que lesbienne dans un monde hétérosexué

parce que femme dans un monde masculin et machiste.

S'en suivent des conséquences et des préjugés qui caractérisent de manière spécifique ce qu'est la lesbophobie :

Négation de la sexualité lesbienne (ou vision de cette sexualité comme inaboutie, immature parce que sans homme)

Invisibilité des lesbiennes (cette prise en compte est même difficile au sein du milieu gay, où là aussi il y prédominance du masculin.)

Idées reçues particulièrement violentes et pugnaces (les lesbiennes seraient des sous-femmes, des sous-hommes)

D'où la nécessité, avant toute chose, de partir de cette forme particulière de discrimination, de l'intégrer, pour parvenir à une reconnaissance d'une sexualité pleine et entière, libre et consentie, d'une existence lesbienne.

LA LUTTE CONTRE la LESBOPHOBIE DANS LE COMBAT COMMUNISTE

Là encore, la lutte contre lesbophobie fait partie intégrante du projet communiste :

Le PCF intègre parfaitement l'ensemble des dimensions de ce combat :

Tout d'abord, la lutte contre le patriarcat et la domination masculine, La lutte contre un monde hétéronormé comme condition essentielle pour une émancipation de la société, libérée de toute aliénation. La lutte contre la lesbophobie s'intègre également dans un combat féministe particulièrement actif au sein du PCF. La coordination lesbienne en France travaille d'ailleurs régulièrement avec la commission Nationale droits des femmes, qui œuvre pour une égalité Homme/femme dans tous les domaines.

LES MOYENS DE LUTTE CONTRE LA LESBOPHOBIE

Au-delà des propositions de lois déjà citées, le PCF est favorable à la procréation médicalement assistée pour les couples de femmes. Pour nous, cela participe à cette reconnaissance, à cette égalité des droits pour les lesbiennes, en tant que femme, en tant que mère, en tant que couple. Cette légalisation serait un acte majeur.

Le PCF exige également de l'Etat qu'il prenne ses responsabilités en matière de prévention et d'éducation, que ce soit à l'école ou dans le monde du travail.

Le PCF a également signé et relayé la campagne lancée par SOS-Homophobie sur le don du sang, qui tend à exclure les homosexuels et parfois les lesbiennes, de cet acte citoyen.

Pour résumer, la lesbophobie est une composante des discriminations LGBT : il est donc essentiel à la fois de traiter l'ensemble des discriminations liées à l'orientation sexuelle ou à l'identité de genre, de manière complémentaire, et à la fois, de les traiter de manière spécifique.

La lutte contre la lesbophobie tout comme la lutte contre toutes les discriminations doit devenir une Grande Cause Nationale, avec les moyens humains et financiers nécessaires, sur tout le territoire national.

Il faut donc multiplier les débats, réunissant acteurs associatifs et politiques pour permettre une meilleure connaissance, qui permettra une reconnaissance et une acceptation.

Le PCF est bien entendu prêt à lutter de manière active pour y contribuer.

Bulletin juin 2006 : Pour une Europe de l'égalité

le 29 June 2006

À l'assemblée des femmes du 1er congrès du Parti de la gauche européenne, en octobre 2005 à Athènes, nous avons déclaré que l'égalité homme/femme soit une valeur fondatrice du processus de construction européenne.

Les femmes du bureau du Parti de la gauche européenne, associant actuellement 26 partis de pays européens, voulons créer les conditions pour mener cette bataille. C'est pourquoi nous réunissons le groupe de travail des femmes du PGE, avec les femmes responsables de ces questions des différents partis. Nous discuterons des positions des partis membres sur les différentes questions relatives à la situation des femmes et élaborerons les positions du PGE sur ces questions et surtout des actions communes.

Le 8 juillet, nous nous retrouvons au Conseil national du PCF pour aborder deux points. Nous voulons marquer notre engagement contre les violences faites aux femmes et prendre part à la campagne européenne qui se déroule sur ce thème durant l'année 2006. Nous voulons nous saisir de toutes les initiatives prises dans chaque pays pour marquer notre rejet de telles pratiques et exiger des lois pour les condamner, avec des moyens pour les appliquer. Le deuxième point concerne la lutte contre la précarité au travail. Lors d'une réunion du PGE le 29 avril dernier, nous avons fait le constat que la libéralisation du marché du travail dans les différents pays d'Europe faisait baisser les salaires et augmenter les discriminations à l'embauche. Et nous avons aussi fait le constat que cela touchait dans chaque pays prioritairement les jeunes, les femmes et les immigrés. La précarité réduit à néant les quelques progrès fait depuis des décennies de lutte féministe.

Le 10 juillet, toujours à Paris, se tiendra le conseil des présidents du PGE qui réunira les premiers responsables de chaque parti. À la conférence de presse, il sera important que Marie-George Buffet soit vue entourée des leaders du camp antilibéral en Europe car, pendant la campagne électorale en France, cette dimension sera essentielle : nous sommes les seuls à affirmer dans notre projet qu'il n'y aura pas de changement en France sans changement de politique européenne.

Voilà de belles occasions pour avancer dans nos batailles pour l'égalité, bien que nous ayons aussi à constater que notre secrétaire nationale du PCF ne sera entourée pratiquement que d'hommes.

La reconnaissance du rôle des femmes dans la sphère politique est aussi à mener dans les partis du PGE !

Christine Mendelsohn

Sommaire :

Actu Compte-rendu de la journée organisée par le MAGE Défense de la maternité à l'hôpital Jean Rostand - Page 2 Compte-rendu de la réunion nationale du CNDF - Page 3

Activité des collectifs départementaux Compte-rendu du débat autour des questions de prostitution - Page 4

Activité de la commission Compte-rendu du débat à Nice lors de la fête du Château Projet de délégation à Berlin Fête de l'Humanité : projets de débat - Page 5

Agenda Page 6

Prostitution : 7 questions posées à Laurence Cohen

le 01 June 2006

Laurence Cohen, Secrétaire fédérale du PCF du Val-de-Marne

En 2002, l'Allemagne a légalisé la prostitution. Que pensez - vous de ce choix ?

Le PCF se prononce très clairement contre la prostitution et contre toutes formes de traite des êtres humains. La légalisation de la prostitution n'empêche aucunement les trafics, les violences et les contraintes. Réglementer la prostitution, c'est donner des droits aux proxénètes, c'est accepter la domination et l'accès marchand au corps d'autrui.

Les arguments conduisant à la légalisation de cette exploitation sexuelle reposent sur le fait que la prostitution serait immuable, et qu'il faudrait donc l'organiser dans les meilleures conditions possibles ! De tels arguments étaient utilisés au temps de l'esclavage par celles et ceux qui voulaient le légitimer.

Depuis quelques mois des milliers de femmes sont déplacées d'Afrique, d'Amérique Latine et d'Europe de l'Est en prévision du Mondial afin de « servir sexuellement » les supporters dans les bordels allemands. Que pensez - vous de ces trafics d'êtres humains ?

Je suis femme, je suis communiste, et je ne peux me résigner à l'idée qu'acheter et vendre des corps est une chose normale. Je considère qu'il s'agit de crimes qu'il faut dénoncer et combattre. 85 à 90% des personnes prostituées se trouvent sous le joug d'un proxénète ou d'un réseau de proxénètes. Il faut avoir la volonté politique de combattre les réseaux mafieux internationaux, reconnaître les personnes prostituées comme des victimes qui doivent avoir accès aux droits fondamentaux de la personne humaine, notamment en termes de respect, de soutien, de protection et de soins, d'accompagnement et de formation pour se réinsérer dans la société.

En avril, la FIFA déclarait que « la traite des êtres humains est un dommage collatéral que l'on doit malgré tout accepter ». Que vous inspirent de telles réflexions d'une instance internationale comme la FIFA ?

La position de la FIFA est purement scandaleuse. Il n'est pas acceptable de voir banaliser la traite d'êtres humains à des fins de prostitution, sous le prétexte de satisfaire le repos du sportif après l'effort. C'est insupportable pour l'image de l'homme comme pour celle de la femme. Ainsi le corps de cette dernière ne serait que marchandise, tandis que l'homme serait mu par des instincts incontrôlables qu'il faudrait assouvir !

C'est vraiment une conception totalement archaïque de la sexualité humaine ! Alors que les gens vont aller à Berlin pour une fête sportive et populaire, un bordel gigantesque est organisé à l'ombre des stades : la machine à prostituer des milliers de femmes est en place. « Du pain et des jeux » disaient les Romains, là, c'est du sexe et du sport ! Abject ! Le Sport ne gagne aucune lettre de noblesse avec de tels propos et de telles pratiques

Que pensez - vous de cette association football- prostitution ?

Je n'assimile pour ma part aucune pratique sportive à la prostitution mais cette association est très grave, elle est porteuse de régression sociale. D'autant que le football est l'un des sports les plus populaires dans la population masculine, et notamment parmi les jeunes. Comment construire, à l'école, l'égalité garçons/ filles dans le respect mutuel, le partage, la mise en commun face à un système d'exploitation des femmes à des fins mercantiles et machistes, vanté à grand renfort de publicité ?

Quelle est la position de la Fédération du Parti Communiste du Val de Marne à ce sujet ?

Nous avons immédiatement réagi en signant et en faisant signer la pétition de la Coalition contre la traite des femmes : http:/catwepetition.ouvaton.org, nous avons participé à la rédaction d un tract « Non aux bordels du Mondial » avec les associations féministes, des syndicats, des partis politiques de gauche dans lequel nous appelons, notamment, à un rassemblement le mardi 30 mai à partir de 18heures, devant l'Ambassade d'Allemagne, 13 avenue Franklin Roosevelt, Métro Iéna.

La mobilisation gagne du terrain, nous ferons tout pour que cette coupe du monde ne soit pas celle de la honte.

Le ministre suédois pour l'égalité des chances a demandé à son équipe nationale de ne pas se rendre au Mondial. Que pensez - vous de cette position ?

Faut-il que l'équipe de France boycotte cette compétition ? Je ne le pense pas mais qu'elle condamne cette exploitation est indispensable. Des joueurs ont condamné le racisme de certains supporters, pourquoi ne pas condamner la marchandisation des corps des femmes et la traite dont elles sont victimes ?

Selon vous, comment devrait réagir la France ?

La France - qui a ratifié les Conventions et Protocoles contre la prostitution et la traite des êtres humains - doit s'opposer à la promotion de la prostitution pendant la Coupe du Monde, demander la fermeture de ces « bordels », ou se retirer de la compétition.

Nicole Borvo, et Alain Bocquet, respectivement présidents du groupe communiste et républicain au sénat et à l'assemblée nationale, ont interpellé le gouvernement français pour qu'il fasse pression sur les autorités allemandes et l'UE afin qu'elles prennent les mesures qui s'imposent.

Des initiatives multiples ont lieu, elles rassemblent des militants politiques, associatifs, des sportives et des sportifs, des citoyennes et des citoyens.

C'est indispensable si nous voulons empêcher ce grand marché institutionnalisé de la prostitution.

Bulletin mai 2006 : Violences faites aux femmes - STOP !

le 24 May 2006

Dans le monde dans lequel nous vivons, tout est marchandise, même les corps ! Ce qui se prépare en Allemagne, à l'occasion de la coupe du monde de football, donne la nausée : 40 000 femmes “importées” pour satisfaire les désirs “irrépressibles” des supporters !

Comment accepter cette exploitation sexuelle ? Des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent en France et en Europe contre ce scandale.

Depuis février, notre bulletin appelle à signer et faire signer une pétition, que nous irons porter à l'Ambassade d'Allemagne, mardi 30 mai à 18 heures, rue Jean Goujon, angle avenue du Général Eisenhower, métro Champs-Elysées Clémenceau.

Le dossier de l'HD des 4-5 mai, démontant les rouages de la prostitution à l'ombre des stades de Berlin, a permis de faire monter d'un cran la protestation. Afin de mener le débat, de faire connaître les propositions du Parti, nous mettons à disposition des militantes et des militants les actes du colloque de 2002 sur cette question.

La lutte que nous menons contre les violences est totalement imbriquée aux luttes contre les inégalités, les discriminations.

En effet, les violences à l'égard des femmes sont entretenues par un système de discrimination qui place les femmes dans un statut infériorisé. Toute discrimination ne mène pas nécessairement à la violence.Toutefois, parce qu'elles sont souvent cachées, banalisées, intégrées dans les normes et les pratiques du fonctionnement social, les discriminations envers les femmes sont propices à des manifestations de violence. Elles génèrent des rapports de force et de domination et se traduisent souvent par un sentiment de propriété du corps et de l'esprit des femmes.

Qu'elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles, les violences faites aux femmes restent largement reléguées à la sphère privée. Elles sont considérées à tort comme des conflits familiaux qui ne relèvent pas du domaine de la justice, tout est fait pour refuser de les voir. Il en a été beaucoup question lors de la réunion de notre commission samedi dernier. Des femmes en meurent, d'autres survivent en essayant de se reconstruire, il est urgent de sensibiliser l'opinion publique afin qu'une loi cadre soit adoptée l'automne prochain.

Partie prenante de sa rédaction au sein du CNDF (Collectif national droit des femmes), notre parti doit programmer des initiatives pour commencer à en faire connaître les grandes orientations. La Fête de l'Humanité sera une étape de cette mise en commun, de notre volonté de créer les conditions du vote et de l'application d'une loi essentielle pour l'avancée des droits humains.

Laurence Cohen

Sommaire :

Actu : violences faites aux femmes, prostitution Prostitution en Allemagne : interview de Laurence Cohen et communiqué d'Alain Bocquet - Page 2 Droit des femmes migrantes : pétition - Page 3 Une jeune femme de 29 ans meurt à Vitry - Page 4 Compte-rendu des Journées d'études 19 et 20 mai 2006 Paris : enjeux de civilisation pour le XXIe siècle “Alternatives, émancipations, communisme” - Page 5

Activité de la commission Compte-rendu du débat organisé par Le Travailleur alpin, Grenoble, 25 avril 2006 Première réunion bilan et perspectives suite à notre Forum - Page 6 Compte-rendu de la commission nationale réunie ce samedi 20 mai - Page 7

Europe FSE à Athènes : appel lancé à l'assemblée des femmes - Pages 8-9

Agenda - Page 10

Bulletin avril 2006 : Quel chemin parcouru en trois ans !

le 19 April 2006

Nous avons ensemble choisi de nous ouvrir aux autres, de travailler avec eux en mettant la démocratie au coeur de nos pratiques.

Comme nous l'avons fait pour le 29 mai, nous voulons être un parti utile, efficace pour construire un rassemblement à gauche, pour qu'enfin la vie de millions de femmes et d'hommes change dans ce pays.

Ce 33e congrès, nous l'avons vécu en symbiose avec le mouvement social et nous l'avons déplacé au coeur de la manifestation contre le CPE.

Parmi tous ces jeunes, beaucoup de filles, souvent sur les camions avec les micros et porte-voix.

Souvent, aussi, responsables de la coordination de la lutte dans leur bahut ou faculté - elles sont très dynamiques, motivées et politisées.

La voilà, cette nouvelle génération ! Allons la chercher.

Donnons-lui sa chance dans nos sections, nos fédérations.

Laissons-la nous bousculer. Elle est une richesse dont notre parti ne peut se passer si son objectif est bien la parité car, là, il y a encore beaucoup à faire !

Françoise Decan secrétaire départementale de la Haute-Vienne

Sommaire :

Actu : Violences faites aux femmes, une loi cadre. Une jeune femme de 29 ans meurt à Meaux. Procès de Sohane, jeune fille brûlée vive à Vitry. Santé : scandale à l'Hôpital Saint-Louis à Paris - Pages 2-3

Activité de la commission Compte-rendu du débat dans la fédération des Landes autour de la précarité - Page 4 Congrès, contributions de Gaëlle Abily et d'Aimée Sutter - Page 5

Europe : FSE à Athènes - Pages 6-7

Agenda Page 8

Pour une égalité effective entre les femmes et les hommes

le 06 April 2006

- une société de mixité

Favoriser partout la mixité en s'opposant à tout ce qui divise ou sépare

- Pour l'égalité professionnelle

Dès le début de la législature, après évaluation des lois existantes, les mesures législatives nécessaires seront prises pour une réelle mise en œuvre de cette égalité (accès à l'emploi, salaires, promotions,...). Elles obligeraient à négocier tous ans sur les mesures permettant de faire respecter l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, avec obligation de résultats et droit à la réparation des discriminations antérieures.

Des sanctions financières seront appliquées si les écarts ne se réduisent pas véritablement. Elle organiserait la transparence des indicateurs d'évaluation de l'égalité, et créerait un pouvoir de décision des représentant -e -s du personnel, ou à défaut les salarié-es, sur la mise en place et les modalités d'horaires à temps partiel. Elle ferait des atteintes à l'égalité professionnelle une discrimination punissable pénalement. .

- le libre choix de sa maternité

Garantir le droit à une maternité voulue, associée aux congés parentaux des deux parents. Garantir le droit à l'information sur la contraception.

Rembourser à 100% tous les modes de contraception. Programme de santé publique garantissant le droit à l'IVG et sa gratuité, avec le développement des centres de planning familial. Combat contre toutes les restrictions de ces droits au plan national et européen.

- le refus de toutes les formes de violence :

Loi cadre pour développer les moyens de prévention et de poursuite des violences, y compris conjugales ; plan de lutte contre la marchandisation des corps et l'esclavage moderne ; lutte contre la prostitution, sans criminaliser les prostitué(e)s ; garantie des droits des femmes migrantes conformément au droit français.

Le programme des communistes